"Sé" et Maria forment un couple attendu de Portugais vivant et travaillant en France depuis le début des années 80 : il est maçon (devenu chef de chantier) et elle est gardienne (belle loge dans un bel immeuble haussmannien du 16ème). Ils ont deux enfants : Paula (la vingtaine) et Pedro (encore lycéen). Là où ils sont moins attendus, c'est qu'ils n'ont pas de maison au pays contre la quasi-totalité de leurs semblables. José est en effet fâché sans remède avec sa seule famille, un frère, et n'est pas retourné dans la région de Porto dont il est originaire depuis 30 ans. Quand arrive via un notaire la nouvelle du décès de son frère, José voit sa vie (et celle des siens) bouleversée."La Cage dorée", c'est le microcosme où évoluent les Ribeiro : l'immeuble où officie Maria, l'entreprise Caillaux où travaille José (la même depuis son arrivée en France), leur communauté d'expats, avec proches (Lourdes, la soeur de Maria, qui rêve d'ouvrir avec elle, fine cuisinière, un restaurant typique à l'enseigne des "Deux-Morues", Carlos, le mari de Lourdes, chauffeur de taxi, et Rosa, la bonne des Caillaux), copains de chantier et de café. Ils sont prisonniers des habitudes, et surtout victimes finalement de leur conscience professionnelle. S'évaderont-ils ? Ce premier film, que l'on devine nourri par une bonne part d'autobiographie, est sympathique, mais maladroit. En voulant jouer sur les clichés et les codes, pour dépasser les premiers et faire imploser les seconds, Ruben Alvès (aussi dans le petit rôle de Miguel, l'ex de Paula) reste à la lisière des choses, trop dans la description et moins dans l'analyse. Ce n'est que gentiment subversif, mais se laisse visionner sans déplaisir. Côté distribution, le couple Ribeiro est excellent, surtout Maria (Joaquim De Almeida, le plus international des acteurs portugais - parle 7 langues - et Rita Blanco - déjà gardienne dans "Amour"), et on notera aussi la performance de Chantal Lauby en bourgeoise pittoresque (Mme Caillaux). Les autres acteurs frisent ou atteignent un peu trop la caricature (ainsi de Jacqueline Corado/Lourdes et Maria Viera/Rosa).