Dans la filmographie du brillant réalisateur britannique qu’est Paul Greengrass, Vol 93 fait figure d’œuvre phare mais reste encore aujourd’hui quasiment inconnue du grand public. Entre deux Jason Bourne, le réalisateur nous livrait en 2006 ce qui est son film le plus choc et poignant de sa carrière. 11 septembre 2001, quatre avions de ligne sont détournés par des terroristes dans le but d’être crashés à New York et à Washington. Trois avions atteindront leur cible, tous, sauf un : le vol 93. Le film revient en temps réel, sur les 90 minutes qui se sont écoulées entre le moment où l’appareil a été détourné et où il s’est écrasé après que ses passagers, mis au courant par téléphone portable des attaques contre le World Trade Center à New York, eurent décidé de se sacrifier pour éviter que l’appareil atteigne Washington. Vol 93 est peut-être le film le plus terrifiant de la filmographie de Paul Greengrass, réalisateur passé maître dans l’art de mettre en scène des thrillers d’action filmés caméra à l’épaule où l’angoisse gagne rapidement le spectateur comme c’est le cas avec les Jason Bourne et Capitaine Phillips. Après avoir révolutionné le film d’action avec La Mort dans la Peau, l’excellente suite au premier Jason Bourne de Doug Liman porté par Matt Damon, Paul Greengrass se lançait dans la réalisation de Vol 93, un film dans le genre du docu-fiction racontant l’histoire assez méconnue de ce vol qui était destiné à s’écraser sur la Maison-Blanche mais qui, grâce au sacrifice de ses passagers qui réussirent à prendre le dessus sur les terroristes, s’écrasa en Pennsylvanie, à une distance de 170 kilomètre de la capitale vers laquelle il se dirigeait. Avec cette troisième réalisation, Paul Greengrass livre un film pétrifiant de réalisme et d’intensité dramatique en traitant de ce jour où, de ce qui était à l’époque la plus grande puissance du monde, bascula dans le chaos le plus total avec les attentats du World Trade Center et sur le Pentagone faisant des milliers de victimes. Avec Vol 93, Paul Greengrass apporte une nouvelle grande réussite au genre du docu-fiction. Réalisé caméra à l’épaule avec un réalisme comme si on y était et une angoisse paralysante de bout en bout, Vol 93 est un drame aussi puissant que poignant, qui vous prend à la gorge pendant plus d’1h40. Le film est très complet, le réalisateur à mit l’accent sur le détail : de la préparation des terroristes, à l’embarquement dans l’avion, aux attentats du World Trade Center visible grâce à de vrais images d’archives et pas par des reconstituions, ainsi qu’a tout ce qui se passe en coulisse (tours de contrôle, aéroport, armée de l’air,…) jusqu’à l’affrontement final entre les terroristes et les passagers qui vous achève avec sa conclusion tragique. Du grand art. Et ce qui fait la réussite du film, c’est qu’il ne se concentre pas exclusivement sur le vol 93 en lui-même, avant de voir le film je m’attendais plutôt à voir un huis clôt angoissant tendu jusqu’au bout avec le style du réalisateur que j’adore, vous savez, cette angoisse qui ne vous lâche pas d’une seule traite. Le réalisateur a en effet décider de montrer ce qui se passait derrière ce 11 septembre 2001, à savoir chez les autorités aériennes complètement dépassées par les évènements, totalement prisent par surprise en voyant les détournements de ces quatre avions et les attentats sur les Tours Jumelles. Dans une première partie le film s’attarde sur le côté « gestion de la crise » mais dans une deuxième partie, il entre dans le vif du sujet avec la prise d’otages, la décision des passagers de reprendre le contrôle de l’avion, leur affrontement avec les terroristes et l’issue finale du vol 93. Dans ce film aussi prenant qu’éprouvant à voir quand on connaît la conclusion de cet évènement, il est difficile de se dire que tous mourront. Le réalisateur maintien un suspense de plus en plus insoutenable jusqu’à la fin, directe et inévitable, qui vous donne le coup de grâce. Et quand on regarde le casting du film, on s’aperçoit qu’il n’y a aucune star au générique, seulement des acteurs inconnus qui ont été choisi pour leur ressemblance avec les vrais passagers, et donc pour appuyer sur le réalisme du film où des gens normaux sont les otages de terroristes dans un avion. Présenté dans la catégorie hors-compétition lors du 59ème Festival de Cannes, Vol 93 est un film des plus poignants que j’ai jamais vus et qui est sans doute le meilleur long-métrage à traiter du 11 septembre 2001. Un film coups de poing ultra-réaliste qui va dans le vif de son sujet, très efficace et qui n’a pas besoin de patriotisme américain comme on en voit très souvent. Tout simplement un grand film qui rend hommage aux héros du vol 93 ainsi qu’à toutes les victimes du 11 septembre 2001.