Le générique annonce si je puis dire la couleur avec un pot-pourri des thèmes qui seront abordés, on y voit des traits verticaux qui finissent par représenter un quartier de New York.
Pas un nom n’apparaît pendant ce générique coloré qui doit durer près de 5 minutes.
Puis, vue du ciel, la caméra survole New York. La caméra se pose dans un quartier : le West Side.
Sur une aire de jeu de sport, des jeunes américains claquent des doigts pour imprimer un rythme ; tout s’arrête, une balle de base ball est alpaguée par un de la bande. Celui qui vient récupérer sa balle est presque soumis, son autorisation de récupérer la balle est sans parole. Le chef de bande opine de la tête, la balle est rendue.
La scène d’introduction nous présente les Jets menés par Riff (Russ Tamblyn). Une bande de loubards qui se veut maître du quartier en usant la crainte.
Séquence d'introduction qui nous dit tout.
S’ensuivra la bande rivale, latino-américaine, les Sharks, menés par Bernardo (George Chakiris).
Et tout ça chanté et dansé.
Et tout ça conduit par Robert Wise pour la mise en scène et Jerome Robbins pour la chorégraphie.
« West Side Story » relance à sa manière la comédie musicale qui s’étiolait depuis quelques temps.
La vraie selon moi, celle qui chante et danse avec les éléments qui sont à la dispositions des danseurs.
Pas celle qui se contente que de chanter comme les indigestes « Sweeny Todd », « Les Misérables » ou dernièrement « Cats » et «Annette».
Pas celle qui se contente que de danser comme le décevant « La La Land ». A part la scène d’introduction dans les embouteillages et quelques pas sur un banc comme élément, c’est assez pauvre en terme d’envolées chorégraphiques.
Mes références vont d’« Un Américain à Paris » à « Escale à Hollywood », de « Brigadoon » à « Tous en scène », de « Chantons sous la pluie » à « Drôle de Frimousse », de « Mary Poppins » à « Pique-nique en pyjama », de « Le Magicien d’Oz » à « Le Pirate » etc et dans le désordre.
Ce serait trop long à énumérer. Vous avez compris.
Voilà pour l’histoire.
Et dans l’aire moderne si je puis dire : « West Side Story », « Cabaret », « All That Jazz », « Fame » et d’une certaine manière « The Greatest Showman ». Et je crois ne pas trop en oublier compte tenu que la comédie musicale est un genre de plus en plus rare.
« West Side Story » est une comédie musicale plus sombre que ces devancières. On n’est plus dans l’enchantement, l’entertainment où tout est beau, bienveillant, joyeux. « West Side Story » est une comédie musicale shakespearienne et pour cause.
Et c’est une réussite.
Car il y a aussi des moments de détente à défaut de joie.
Ces moments de détente, je les trouve du côté des latino-américains avec la chanson « America ». Une chanson où les garçons et les filles se chambrent ; une joute dansée et chantée sur leur vision de l’Amérique. Les filles font preuve d’optimisme et croient en un avenir dans ce pays alors que les garçons sont plus réalistes voire pessimistes.
Par exemple, l’idée de pouvoir avoir un grand appartement pour les filles, les garçons répondent à la condition de gommer l’accent.
Tous les espoirs féminins sont systématiquement brisés par le réalisme masculin.
Deux moments de grâce dans la mise en scène de Wise : la salle de bal.
Maria (Natalie Wood) et Tony (Richard Beymer), chacun dans leur clan, isolé aux extrémités finissent par se voir. Robert Wise fait de ce moment un moment magique et émouvant pour ma part ; tous les danseurs au centre de la salle sont plongés dans le flou et Maria et Tony se rapprochent.
L’amour qui ne dit pas encore son nom, ce coup de foudre transcende la salle de bal.
Ce moment magique s’inscrit dans le registre de la comédie musicale. A travers cette scène, plus rien n’existe, excepté eux.
Tout comme la visite de Tony dans la boutique où travaille Maria, la chorégraphie s’amuse avec les éléments, mannequins et tissus pour illustrer un mariage fantasmé.
Côté interprétation, il est vrai que l’on peut regretter que Natalie Wood joue pour les Sharks !
« West Side Story » s’inscrit encore dans une tradition bien hollywoodienne où acteurs blancs se grimaient pour traduire une communauté ; nombre d’acteurs blancs ont joué les méchants indiens !
Et que dire d'Al Johnson, acteur blanc en chanteur de jazz, noir !
On peut aussi regretter que les chanteurs n’aient pas tous interprétés leurs partitions car souvent doublés.
« West Side Story » : vu il y a plus de trente ans et revu. Un film majeur qui a largement sa place au Panthéon des comédies musicales.
Franchement, je n’ai pas du tout l’impression que ce film ait vieilli…
A voir en V.O si possible.