Il puait le film de trop, sentait l'enterrement de la franchise alors que son titre annonçait une résurrection. Mais cet O.V.N.I. au sein de la saga spatiale la plus culte de tous les temps avec Star Wars, au final, ne m'a pas totalement déplu. Loin de là même. Comme dans tout Alien (celui de Cameron un peu moins, tout de même), Alien, Ressurection débute comme un film d'ambiance, et laisse à Jeunet le soin d'apposer à la série son univers (que je me dois de découvrir, d'ailleurs), fait de dérision et de burlesque. Surprise, le tout prend très bien sur le scénario, certes l'humour potache nuit à la tension mais dépareille avec génie pour offrir un décalage qui rend bien la folie irréelle des humains et des situations qui caricaturent ici la réalité. Le film se veut et est moins sérieux, moins flippant, moins grave, mais impacte et interpelle autant, à sa manière, que le volet précédent by David Fincher (moins que le 1 tout de même, qui reste de loin inégalable, bien que j'aie pourtant malheureusement eu la sensation d'avoir raté quelques marches dans l'escalier en le voyant). Dès cette longue mais très prenante ouverture aux côtés de personnages qui ne laissent, cette fois, pas indifférents, on constate quand même certaines limites techniques regrettables : les Aliens sont les plus beaux de la série mais certains plans spatiaux font peine à voir (et que dire de certaines explosions, par la suite...). Heureusement, tout cela est rapidement mis aux oubliettes par le côté arcade qu'assume totalement le film lorsque les fauves (les Aliens, en fait) sont lâchés et que l'action s'emballe. Le film verse alors sans complexe dans la série B (plutôt haut de gamme pour le genre, rassurez-vous) et offre quelques passages d'action cultes (la scène sous-marine est remarquable). En plus, le tout agrémenté de réflexions qui signent une belle synthèse de la saga tout en tentant de l'approfondir de manière intéressante, notamment lors de la scène (culte, elle-aussi) de la salle des clones. Une belle volonté d'approfondissement, que je peine tout de même à saluer tant elle finit par devenir disproportionnée, nous imposant notamment et surtout une créature horrible et largement too much dans un final mal dosé. Côté casting quelques bonnes surprises : Ron Perlman, que je prenais seulement pour un tocard après avoir vu Stalingrad, une partie d'Hellboy et King Rising : Au nom du Roi, a fini par gagner un minimum de mon respect après Le nom de la Rose et Drive, puis désormais mon affection après ce rôle musclé et délirant dans Alien 4. Surprise marrante, également, de retrouver Brad Dourif (le Grima Wormtongue du Seigneur des Anneaux) après avoir vu Ian Holm apparaître dans le volet 1. Sigourney Weaver, elle, s'adapte bien, devenant mécanique, puis sarcastique et pessimiste comme son rôle le voulait. Bref, je perçois sans mal l'importante part de subjectivité dans l'appréciation de ce volet 4, ainsi que les défauts qui ne manqueront pas d'appeler à certaines réticences. Mais d'un point de vue du plaisir (ici presque uniquement, mais c'est déjà ça, celui du divertissement) je le dis sans détour, voici à mes yeux le meilleur Alien depuis Alien. Non, ça ne s'invente pas.