Comment, voulez-vous, que je dise non à un film de Steven Spielberg ou deux des plus grands acteurs de notre époque Léonardo Dicaprio et Tom Hanks sont réunis pour jouer au jeu du chat et de la souris pendant plus de deux heures ? Et le tout sur fond de comédie dramatique en plus ? Rien qu’avec ces deux promesses, vous devriez être en train de baver devant ce film si vous ne l’avez pas encore vu.
Arrête moi si tu peux, ou "Catch me if you can" en anglais n’est pas le film de Steven Spielberg le plus connu de tous bien qu’il reste très apprécié parmi ses films et les fans du cinéaste. Cependant, Steven Spielberg s’était déjà attaqué à la comédie en tant qu’élément central dans un autre de ses films qui se révèlent pour beaucoup comme l’un des seuls (voir le seul) mauvais film de sa filmographie, 1941 que beaucoup qualifie de parodie lourde. Et je tricherais en disant que c’est un bon film puisque, soyons honnête, ça très lourd à regarder bien bien que ça soit un plaisir coupable.
Retournons maintenant à notre film, qui prend cette fois ci les traits d’une comédie dramatique sous la forme d’une adaptation d’un des plus grands escrocs des USA, Frank Abagnale Jr. connu pour ses chèques frauduleux et être l’un des plus jeunes fraudeurs ayant existé. Comment dire non face à une histoire pareil, surtout avec un réalisateur qui sait encore faire des films à part même si il ne rajeunit pas ? Et si vous ajoutez à cela deux acteurs dont le talent n’est plus à faire, difficile de refuser !
Le combo gagnant était réuni, et ça tombe à pic il s’est révélé largement payant, je peux sans problème j’ajouter à mes Spielberg préférés. On aurait pu espérer que ça tombe dans un burlesque lourdingue mais pas cette fois, le film a su rester sobre avec son histoire et ce qu’il devait raconter. Commençons par la mise en scène de Spielberg qui est le premier gros point fort de ce film, sa réalisation se traduit généralement par des mouvements de caméra soit simple et sans coupure pour faire découvrir tout un espace et donner une impression de grande dimension au spectateur, des séquences longues filmés en un plan et des mouvements légers ou des zooms près d’un personnage, un jeu de lumière plus ou moins intense et des astuces plus ou moins prenant. Le tout très généralement accompagné d’une direction d’acteur que, personnellement, je considère comme un modèle de direction. La photographie du film fait très année 60’s avec les lumières ainsi que les décors de l’époque, un excellent travail de la part de Joseph Kamiñski, le photographe attitré de Spielberg.
On retrouve ces qualités ici, en plus de nombreuses astuces que l’on retrouve dans plusieurs scènes et rendent l’intrigue vraiment palpitante et fait marcher la comédie à merveille. Un passage tout bête et tout simple, celle ou Frank et ses 8 hôtesses de l’air passent devant Carl répondant au téléphone mais tout en étant filmé au second plan, la caméra gardant Carl toujours au premier plan mais suivant le déplacement du groupe derrière en tournant à un angle juste derrière Carl répondant au téléphone, loupant grotesquement Frank et ses demoiselles pourtant tout près, ce qui rend le passage plus drôle et improbable qu’il ne l’est déjà. Et ce genre d’astuce pour rendre une scène marrante par l’image, Spielberg en offre un bon nombre, un autre exemple quand Frank veut faire encaisser son premier faux chèque auprès d’une autre banque et qu’il est face à face à une femme, il se penche sur son sac pour prendre le pendentif et la caméra le suit jusqu’au sac pour quitter la jeune femme du cadre, avant de revenir ensuite au cadré précédent pour tomber sur le patron de la banque face à qui Frank se retrouve et passe pour plus ridicule que jamais. C’est totalement débile, mais ça fait sourire et dites vous bien que ce n’est pas la seule astuce.
Spielberg fait même en sorte qu’on s’intéresse le plus possible à ses personnages à travers la mise en scène, que ça soit lors des moments de bonheur et quotidien comme la première scène ou l’on voit Frank et Paula racontent leur première rencontre à Montrichard à leur fils en dansant au salon, ainsi que lors des moments plus dure pour notre escroc comme lorsque Frank junior découvre que sa mère à une relation et qu’il filme toute la scène avant et après le départ de Jack Barnes en restant le plus centré sur Dicaprio sans coupure d’image pendant que tout s’explique à travers les dialogues de la mère. Bref, les idées ne manquent pas et Steven Spielberg se montre énormément investi que ça soit dans l’histoire, l’humour et les moments plus sérieux.
Et le ton humoristique de film est renforcé par le thème principal que je trouve absolument brillant de la part de John Williams, le partenaire de toujours de Steven Spielberg (sauf pour La couleur Pourpre). Le rythme ainsi que le ton d’humour qu’on ressent à travers cette mélodie de 3 notes qui se répète mais arrive sans mal à capter le spectateur, et ce, dés l’introduction qui résume très bien ce que sera ce film. Il est utilisé à bonne dose durant l’histoire et toujours au bon moment, ça rend le tout plus amusante et intéressante encore et les autres morceaux sont tout aussi de qualité, j’en retiens même deux autres qui m’ont pas laissé indifférent. Un excellent travail, encore, de la part du compositeur.
Néanmoins, si l’histoire doit vivre, il faut des acteurs en forme pour que ça marche, et ça tombe bien on a la chance de retrouver Tom Hanks pour sa deuxième collaboration avec Spielberg et bientôt une quatrième avec Le Pont des Espions prochainement. Et selon moi Tom Hanks fait sans mal parti des meilleurs acteurs de ces dernières années, il le prouve ici en jouant un agent du FBI coincé et sévère avec un sens pointu du respect de la loi mais pas sans une part de bon sens moral qui se dévoile lors de ses conversation téléphonique à Noël avec Frank, il reste dure mais pas sans humanité. Tom Hanks n’exagère jamais le sérieux du personnage ou un éventuel surjeu, en un mot il est juste parfait. Mais même si j’adore Tom Hanks, ça ne suffira pas à détrôner mon chouchou fétiche, Léonardo Dicaprio encore beau gosse et bien jeune à l’époque et un choix impeccable dans le rôle de Frank Abagnale Jr. Contrairement à beaucoup de ses rôles, ici l’acteur est beaucoup plus sobre et calme que dans des films tel que Shutter Island, Le loup de Wall Street ou encore Les Noces Rebelles. Ici on aura bien un passage ou il laissera un peu sa folie prendre le dessus quand Carl le retrouvera et le coincera à Montrichard mais il restera en retenu la plupart du temps sans jamais exagérer le stress ou la peur quand il se retrouve dans une situation plus compliqué, et son personnage s’avère bien plus attachant qu’un vulgaire escroc mit en avant dans d’autres Biopic.
Le but de ses fraudes et de ses tours de canaille ont pour but de retrouver la vie qu’il avait avant avec sa mère et son père mais qui a été décimé à cause d’un divorce qu’il n’a pas supporté et d’un manque d’argent qui fera sombrer de plus en plus son père et que Frank junior s’entêtera à combler à travers ses arnaques. Et le fait d’avoir des éléments plus insignifiant comme sa passion pour les comics (Flash, c’est pour toi) aide à s’identifier un peu plus à lui. Deux excellents personnage qui vont petit à petit développer une étrange relation entre eux car tout deux solitaire et sans proche à qui se confier réellement malgré les gens qu’ils côtoient, et malgré les quelques rencontres entre Frank et son père.
Et ce ne sont pas les seuls stars hollywoodien du film, ce film n’en manque vraiment pas : Amy Adams jouait un petit rôle à l’époque mais vu que ma côte de fan attitude se développe de plus en plus pour elle ça m’a fait plaisir de la voir et elle s’en tire très bien, Christopher Walken joue très bien le père aimant, éreinté mais cachant difficilement ses problèmes financières à son fils. Martin Sheen n’apparaît que tard dans le film mais il s’avère tout aussi à l’aise pour les quelques apparitions qu’il effectuera, James Brolin est très anecdotique mais lui aussi s’en sort bien, Jennifer Garner n’apparaît pas longtemps elle non plus mais mon dieu quelle beauté elle est ici ! La beauté et le talent vont de paire pour le peu de temps qu’elle apparaît. Nathalie Baye est très bonne également, tout aussi important que le père mais servant également le drame qui vient saler l’humour du film et le court de vie de notre héros. On a même le droit à une apparition sympathique et très courte d’Elizabeth Banks alias Effie Trinket dans Hunger Games. On a donc du très lourd niveau casting avec Hanks et Dicaprio qui mènent à merveille le bateau et une direction d’acteur de qualité.
Il serait donc difficile de dire que l’histoire est raté ou mal raconté vu que jusqu’à maintenant je n’ai dis que du bien de ce film ? Ben encore une fois, c’est un excellent travail mais il faut savoir que si le film adapte une histoire vraie, elle adapte avant tout une biographie du même homme qui raconte sa vie tel qu’il l’a vécu. Et c’est là que vient le but d’une adaptation au cinéma que ça soit une autobiographie ou une œuvre littéraire (ou autre, Interstellar est adapté de recherche spatiales) : faire une œuvre propre au réalisateur tout en sachant rester fidèle aux faits d’origines.
Globalement, c’est ce que ce film arrive à faire, mais parfois l’irréalisme est quand même exagéré, mans genre trop, je ne pense pas que Frank ait pu se faire passer comme médecin et tromper aussi facilement les infirmiers en leur demandant ce qu’il devait faire et confirmer d’un coup. Tout comme je doute fort qu’il ait réussi en deux semaines à obtenir son diplôme d’avocat, on parle quand même de leçon de droit. Il est normal toutefois qu’on privilégie ses escroqueries en tant que pilote de l’air plutôt qu’en tant qu’avocat ou médecin car, c’est techniquement en voyageant qu’il s’est fait connaître et a roulé de nombreuses banques dans la farine.
Cela dit, je n’ai que du bon dire pour le reste. Certains délire font même la force de l’humour ici, comme le fait que Dicaprio se la joue brièvement James Bond en fin de première partie et que Spielberg fait clairement un gros clin d’œil à l’espion en question avec le surnom qu’on donne à Frank comme le James Bond du Ciel et l’extrait d’un film James Bond directement diffusé après quoi Dicaprio joue le délire du réalisateur avant de s’envoyer Cheryl en l’air (je suis jaloux). Et je trouve ça très hilarant de voir que Spielberg s’amuse à enrichir son histoire avec des détails complètement irréaliste comme le nom d’usurpation Barry Allen qu’utilise Frank et qui permet à Carl de le démasquer, les dialogues sont tout aussi bien exploité comme la première qu’on au bout du fil Carl et Frank sur les yankees.
Parlons-en d’ailleurs puisque c’est justement cette relation ainsi que les deux personnages qui représente l’intérêt de ce jeu du chat et de la souris : tout deux sont des solitaires malgré les gens qu’ils côtoient chaque jour et leur activité qui font de l’un un criminel et de l’autre un agent de la loi, mais chacun étant séparé de leur famille d’une façon ou d’une autre. Et c’est justement ça qui fait qu’ils cherchent à se connaître à chaque fois qu’ils sont en conversation, malgré leur différents et leur parcours à la fois opposé mais dissemblant dans le fond. Le fait qu’ils se parlent chaque soir de Noël est un running gag que Spielberg utilise dans son film mais ces moments suffisent à nous faire apprécier leur liaison à la fois amicale et rivale, là ou certains ne verront qu’un flic et un voyou se confronter vocalement.
Au final, sachant que c’est du Spielberg, qu’est-ce que je peux rajouter à part que j’aimerais avoir une aussi belle gueule que Dicaprio et que je me suis pas ennuyé une seule seconde en revoyant cette adaptation ? L’interprétation est exceptionnelle, l’histoire tout aussi fantaisiste soit sa représentation fonctionne parfaitement et la réalisation ainsi que la musique l’aident à la rendre palpitante comme il faut, c’est du tout bon pour l’un des meilleurs Spielberg réalisé. Et je ne suis que plus enthousiaste à l’idée de revoir Tom Hanks dans le prochain film du cinéaste, en attendant je vous conseil de voir les films du réalisateur dans lesquels il a joué, en espérant que vous aussi vous ne vous ennuierez pas devant Arrête moi si tu peux.