Auteur d’une filmographie aussi dense que variée, l’incontournable Steven Spielberg est depuis longtemps passé maître dans l’art du divertissement à portée historique, et ce en s’étant notamment essayé à l’exercice du biopic : Arrête-moi si tu peux en est un bon exemple, ce long-métrage de 2002 s’attardant sur une figure méritant plus qu’un simple coup d’œil, à savoir l’escroc pour le moins fameux que fut Frank Abagnale Jr. En effet, ce faussaire devint célèbre pour avoir escroqué plusieurs millions de dollars au terme d’une carrière débutée à seulement 16 ans, tout en ayant endossé différentes identités le rendant digne d’un véritable caméléon ; bref, le tout déboucha sur une biographie servant de base au scénario d’Arrête-moi si tu peux, mais tient-on là une adaptation fidèle des faits ? Il advient que non, le film nous offrant une lecture remaniant les principaux faits d’arme de Frank Abagnale Jr., mais sans pour autant s’écarter de son modèle : le récit s’avère donc davantage rocambolesque qu’en réalité, mais la sauce divertissement prend avec aisance, les pérégrinations de ce jeune homme aussi brillant qu’attachant captant de bout en long notre intérêt. Le tout partait d’ailleurs sur de bonnes bases, fort d’un générique ni plus ni moins succulent, auquel succédait une mise en place solide de la trame principale, celle-ci visant dans un premier temps à expliciter au mieux le pourquoi du devenir de Frank Jr. ; la relation père-fils introduite ici ne manque d’ailleurs pas de fonctionner, car savamment travaillée et portée par les interprétations fort réussies de Christopher Walken et Leonardo DiCaprio, et va conférer au-delà de l’ambiance légère générale un ton subtilement dramatique, de quoi écarter l’intrigue d’une simple comédie. La figure principale qu’est Frank Abagnale Jr. est notamment très marquante en ce sens car à la fois jubilatoire, au travers de ses coups de bluff excellents, et touchante compte tenu de son jeune âge et des tourments l’accablant de façon crédible. Pour ce qui est des péripéties en elles-mêmes, le réalisme est naturellement moins à l’ordre du jour compte tenu d’un traitement pour le moins romancé, mais l’on se prend au jeu ; la relation particulière liant l’escroc au représentant du gouvernement est entre autre fort improbable, mais celle-ci s’inscrit pour le mieux au sein du savant mélange opéré par Arrête-moi si tu peux (le biopic dans le divertissement, et inversement). Le long-métrage est donc une réussite, à l’image d’une narration proche du sans-faute, épaulée à merveille par la direction irréprochable et calibrée sur mesure de Steven Spielberg, sans oublier une BO savoureuse signée John Williams ; au bout du compte, exception faite des quelques invraisemblances parsemant Arrête-moi si tu peux, seul le manque d’approfondissement concernant les déboires financières de Frank Abagnale Sr. m’auront fait tiquer… soit une ombre au tableau non rédhibitoire en l’espèce. Arrête-moi si tu peux oscille donc avec brio entre comédie et teneur dramatique non négligeable, tout en bénéficiant d’un casting de luxe (outre les sus-cités, Tom Hanks, Martin Sheen ou encore Nathalie Baye) ; ça n’est pas le Spielberg le plus mémorable, mais il vaut clairement le détour.