Ça fait longtemps que je voulais revoir l’adaptation la plus fidèle de Tarzan, l’autre rôle culte de Christophe Lambert (et non c’est pas Raïden) même si ce n’est pas toujours pour les bonnes raisons.
Déjà, honnêtement, l’ambiance est bien retransmise, on se croirait un peu dans « Gorilles dans la brume » et les costumes de grands singes, bien qu’un peu dépassés surtout si on les compare à ceux de la Planète des Singes nouvelle version, rendent bien. Les décors sont splendides, la musique superbe (orchestre philharmonique quand même), Ian Holm fait un bon lien entre les 2 mondes, Lambert est plus crédible en Lord qu’en enfant sauvage (d’où les jokes sur lui) bien qu’il se balance admirablement sur les lianes, la trame est assez originale et le rythme se tient (à une allure lente par contre). Pour le comportement des hominidés je suis circonspect : on voit que les scénaristes se sont bien renseignés, surtout pour l’époque, ça fait réaliste par moments, mais à d’autres ils leur accolent des côtés trop humains qui ne servent à rien en plus.
De l’autre, c’est plein de longueurs, ça ne décolle jamais, très peu de paroles pendant les 30 premières minutes, alors oui ça rend bien mais ça ne contribue pas au dynamisme, pesant donc, pas aidé par un montage bourré d’ellipses incompréhensibles, un méchant chasseur (le Major) qui me rappelle furieusement Van Pelt de Jumanji et des incohérences… On va vite zapper le manque de poils de Tarzan (titre qui ne sera jamais prononcé d’ailleurs) alors qu’il ne peut se raser, surtout qu’il apprend comment faire que plus tard, mais sur le langage et les notions… Sans comparer à l’enfant sauvage de Truffaut, on est dans du cinéma US à fond : le mec apprend à parler en quelques mois, ok le mimétisme, mais la grammaire, la conjugaison, les tournures de phrases, l’abstrait et apprendre des mots dont il n’a aucune représentation tout en sachant ce que c’est là non. Qu’il comprenne ce qu’est la mort je veux bien puisqu’il y assiste, mais la trahison, la vengeance, la famille, les parents, l’amour non désolé je ne vois pas comment ça arrive, surtout en peu de temps.
Certes c’est fidèle au livre original, l’histoire est belle et tragique, sauf qu’il faut savoir adapter le contenu au cinéma. Le fait qu’on ne soit pas sur le même support rend l’empathie différente, du coup on n’accroche bien moins ici qu’en littérature. La tristesse, le pathos et la tragédie de l’œuvre ne se ressentent que peu ici car on n’a pas le temps de s’attacher aux personnages (mort ou pas), ni de s’émouvoir de leur destin puisque le sort s’acharne vite sur un autre. Vu la complexité de l’œuvre je ne suis même pas sûr qu’un reboot arriverait à concilier le style ancien, l’histoire, la nécessité d’apporter tous les éléments psychologiques au spectateur et la vitesse adéquate pour ne pas décrocher, dommage.