la filmographie de Martin Scorsese n'a plus beaucoup de secret pour moi, puisqu'en tant que fanatique inconditionnel du bonhomme, j'ai dévoré la presque totalité de ses progénitures cinématographiques. A l'heure de tirer un bilan, l'un des constats majeurs à retenir, c'est que ses films les plus renommés ne sont pas les plus indispensables. Oui, Taxi driver, Raging Bull, Goodfellas se trouvent être des objets exceptionnels de maîtrise, des bijoux d'intelligence formelles, mais il en est encore d'autres qui les surpassent. A Tombeau ouvert, Aviator et AFTER HOURS en font partie.
After Hours n'est pourtant pas un projet ambitieux au départ. Après les problèmes vécus par Scorsese sur le tournage de La dernière Tentation du Christ, celui-ci décide de tourner en vitesse un petit film en un temps record, sans avoir à subir la pression de certains producteurs.
Une sorte de renaissance pour Martin qui retrouve le plaisir de faire des films, et la ressemblance entre After Hours et Taxi Driver, son premier succès, tend à mettre en exergue ce retour aux sources.
After Hours met en scène un new-yorkais moyen, à qui il va arriver les pires aventures en une seules nuit. De cette spirale funeste, la substance humoristique jaillit, en même temps qu'un subtil regard métaphorique sur la sexualité et l'impuissance.
Très vite on plonge dans cette effervescence vespérale; lorsque la nuit tombe, un autre monde semble ouvrir ses portes. A l'instar de Bringing out the Dead ou Taxi Driver, le protagoniste Paul Hackett, se retrouve malgré lui confronté à cette univers aliéné dont il tente énergiquement de s'extirper. Mais un destin acharné le conduira à affronter moult péripéties, en particulier lorsqu'il s'agira d'interactions avec la gente féminine, gente à la source de tous ses maux. Ce qui frappe, c'est l'impuissance dont il fait preuve à se dépêtrer des griffes de ses étranges demoiselles, façon imagée de montrer son impuissance sexuelle. Les pièges à rat encerclant le lit d'amour ou ce curieux dessin montrant un crocodile dévorer le sexe d'un homme sont des indices plus qu'explicites de cette castration intempestive dont est victime Paul. Et la dernière situation facheuse dans laquelle il finit par se retrouver l'est d'autant plus : (attention Spoiler) Enfermé dans une sculpture, à la merci de sa dernière rencontre (fin du spoiler) .
Mais avant de se lire comme un écho au théories freudienne, After Hours est un film qui doit se vivre au premier degré. L'ambiance lyrique de cette nuit New yorkaise rappelle un certain Eyes Wide Shut, l'éventail de personnages comiques est foisonnant d'inventivité et il résulte de ces tribulations une angoisse qui vient se lover dans un coin de notre estomac et qui ne nous quitte plus jusqu'à la fin, malgré l'aspect humoristique du film.
Quant à la composition de Howard Shore elle est sublime.