Le cinéma de Peckinpah c'est vraiment pas pour moi, tout ça m'emmerde pas mal. Si j'aime bien Alfredo Garcia ou bien Guet-apens, les gens de ces films correspondent à la mise en scène que leur impose Peckinpah, ainsi je peux trouver jouissif de voir Steve McQueen avec un fusil à pompe en main (et puis quelle classe !), voir ici Dustin Hoffman avec ce même fusil à pompe en main, filmé de la même façon ça ne fonctionne pas, parce que ce n'est pas le même genre de personnage.
Pendant tout le film, que je trouve vraiment bien écrit, que ça soit au niveau de ce qu'il raconte, des personnages, des liens entre eux, et même de la manière avec laquelle la mise en scène pose les enjeux comme ça sans dialogue, je trouve ça génial, on a Hoffman qui est le gars normal, on fait tout pour qu'on puisse s'identifier à lui, et tout à coup il se retrouve une arme à la main entrain de défendre sa maison, ça ne colle pas... certes la violence à la fin est cathartique, mais pas que.
Ce n'est pas tant le fait de défendre sa maison qui ne fonctionne pas, car encore une fois c'est très bien écrit pour que lui puisse bien suivre le personnage, ce qu'il vit, tout est fait pour que l'on comprenne chacune de ses réactions, mais la manière avec laquelle c'est montré.
En fait je reproche à Peckinpah de faire du Peckinpah. Si certains trouvent ça bien, tant mieux, mais je ne peux pas y croire, je ne peux pas croire que ce type ait les mêmes poses, les mêmes attitudes que McQueen dans Guet-apens. Parce que autant tu fais un John Rambo, le type ne veut pas se battre et au moment où ça part vraiment en couille le type défonce tout je trouve ça super jouissif, mais parce que c'est Rambo, pas un gars ordinaire, là je crois voir ce que ça tente de faire, avec un côté nihiliste, le bon gars peut se transformer en tueur, ce n'est pas forcément fait non plus pour être jouissif étant donné le côté un peu malsain du truc. Cependant la mise en scène fait tout pour que ça le soit.
Parce que je suis désolé, mais le petit ralenti au moment où part un coup de feu, j'ai beau ne pas aimer les ralentis de Peckinpah, ben ça claque.
En parlant de ralentis lorsque la femme se fait battre je les trouve juste putassiers, c'est pareil ils n'ont rien à faire là.
Et pourtant le film commençait bien, avec la mise en scène qui oppose Hoffman et sa femme bien plus proche d'un autre gars qu'elle a connu plus jeune. On comprend tout de suite le passé des deux et l'intrigue qui se déroule en ce moment même entre les trois personnages.
J'aime aussi la manière avec laquelle tous les enjeux sont posés dès le début du film, la manière avec laquelle tout monte petit à petit, j'aime ça.
Cependant lorsque je regarde ça je suis désolé mais je vois un film de gangsters, je ne vois pas le petit scientifique timide, introverti qui n'ose rien dire. Car oui la mise en scène elle aussi monte petit à petit, mais il reste que je ne peux croire à l'apothéose final façon western. D'ailleurs l'invasion de maison ça doit sans doute venir de Rio Bravo non ? (et étant donné que j'ai également pensé à Assaut de Carpenter... je me dis que je suis sur la bonne piste). Bon là c'est traité très différemment et je n'aime pas ce traitement tout en comprenant ce qu'il veut faire (parce que c'est sans doute voulu pour être dérangeant), je pense qu'il y avait d'autres façon de montrer la descende aux enfers de ce type normal qui prend les armes et pète lui aussi un câble.
Après comme je n'arrête pas de le dire je ne peux que saluer l'écriture non manichéenne du film, notamment le fait que les "méchants" reprochent à l'imbécile heureux du village ce que eux aussi ont fait... Ou bien le fait que le couple proposé ne soit pas un couple parfait, bien au contraire... qu'elle lui reproche son manque de virilité... Qu'on a une scène de sexe où l'on ne sait pas réellement si c'est un viol ou pas à la fin... Et je ne peux pas enlever ça à Peckinpah, l'ambiance est là.
Mais je dois dire que j'ai trouvé ça un peu long pour en arriver au but et vu qu'à la fin ce type est malgré tout filmé comme les héros de western... Je sors de là assez déçu.