Avant d'être un film, c'est avant tout un des plus beau portrait de femme de ces dernières années dans le cinéma français.
Sur un ton doux-amer et décalé, Marc Fitoussi, nous livre une jolie comédie qui ressemble à un ovni rafraichissant dans le paysage cinématographique français.
Cela tient premièrement à l'atmosphère et au contexte dans lequel "Babou" évolue, en contradiction avec ce qu'elle est et ce qu'elle voudrait vivre dans la réalité: partir là bas au Brésil, un pays qu'elle ne connaît pas et qui la fait rêver. Gros effet de contraste entre l'ambiance d'Oostende, ses plages vides, son temps gris et pluvieux, un travail et des collègues pas très sympathiques et la personnalité de "Babou" originale, fantasque, aventurière, entière, parfois agaçante, absolument pas formatée pour cette vie où il ne se passe pas grand chose et où l'on doit se battre pour survivre. Car autour de "Babou" tout est triste, tout est gris. Ambiance cinéma social d'un certain cinéma belge ou anglais. Elle, elle s'étonne de tout, elle pense à elle, n'écoute qu'elle, elle veut rester libre, mais en étant toujours curieuse des autres, des êtres humains authentiques. Egoïste, certainement, mais toujours généreuse. Mais cet égoïsme là, nous la rend attachante.
Au passage, Fitoussi, croque un portrait intelligent d'une société du travail, où l'humain déserte au profit d'une compétition acharnée, qui resterai le seul moyen de survie (à cet égard belle prestation d'Aure Atika en cheftaine aux dents longues)...
Deuxièmement, Isabelle Huppert. A mille lieux des personnages torturés qu'elle a l'habitude d'incarné, elle nous livre une de ses plus belles prestations depuis belle lurette. Elle est "Babou" pour l'éternité. Forcément étonnante. Très émouvante. Il faut voir ses regards, mélange de mépris, de tristesse et de désespoir quand elle est humiliée (quand sa fille lui avoue sa honte ou quand elle pose son regard sur une Aure Atika qui l'a trahie).
La fantaisie et la folie douce du personnage lui vont très bien. La comédie lui va bien. Une réplique mémorable: "C'est sympa à cet âge là, puis après ça vous chie dessus...". Culte.