Les tribulations d’une femme fantasque à Ostende, où elle a trouvé un emploi stable de vendeuse en multipropriété, pour reconquérir sa fille.
Une tranche de vie de Babou, personnage hors normes, egocentrique plus qu’égoïste, qui ne peut se ranger à toutes les conventions sociales. Le film est une analyse de cette héroïne ; les rapports avec sa fille ne sont qu’un volet de ses mésaventures, tout comme l’est son activité professionnelle. L’œuvre est donc tributaire du rôle prééminent joué par d’Isabelle Huppert, qui réalise ici une prestation remarquable de justesse, de naturel, et de fantaisie. Le proverbe « telle mère telle fille » ne s’applique guère par contre, tant Esméralda (Lolita Chammah), fille de Isabelle dans le film et dans le civil, déçoit, n’habitant qu’à de courts instants son rôle, falote le plus souvent. Les personnages secondaires sont par contre craquants, que ce soit la collègue de travail revêche, la vendeuse en chef tyrannique, le touchant ami d’Isabelle, le fiancé sinistre d’Esméralda, ou tous les autres, y compris les SDF qui malgré tout sont bien trop propres sur eux. La description d’une femme qui ne peut se ranger à toutes les obligations morales est décapante. Le renversement de situation, la fille cherchant à raisonner la mère, est original, et vraisemblable, cette querelle des générations opposant ceux qui ont grandi dans les trente glorieuses et ceux qui n’ont connu que la crise.
Fitoussi réalise ici une comédie qui respire la vie, qui égratigne au passage les rites sociaux, mais il n’évite pas quelques longueurs et un manque de progression de l’intrigue, peut-être parce que son sujet est celui d’un moyen métrage. En résumé, une production de qualité, rafraichissante, d’un auteur à suivre.