Les Citronniers est un film qui séduit avant tout par sa sincérité et sa simplicité. C’est un film agréable, que certains trouveront peut-être trop engagé. Personnellement je n’ai pas totalement ressenti cela, et quand bien même, je ne suis pas ici pour juger du propos du réalisateur, juste la manière dont il nous le livre.
Le casting est très séduisant. Hiam Abbass livre une très belle prestation. D’une extrême sobriété, elle parvient merveilleusement à rendre avec peu les émotions qui traversent son personnage, et incarne fort bien la dignité d’une femme pour préserver son patrimoine. J’ai beaucoup aimé son jeu, et je dois avouer que sans elle ce film n’aurait peut-être pas eu la même valeur. Je souligne aussi un très juste Ali Suliman. Lui aussi est d’un grand naturel et d’une grande simplicité. Une sobriété de jeu qui concerne la plupart des acteurs et s’harmonise fort bien avec la tonalité générale du film. C’est un peu plus artificiel peut-être du côté de Doron Tavory, qui joue le « méchant » du film, mais c’est aussi lié au caractère plus excessif de son personnage. Rien de négatif cependant.
De bons acteurs pour de bons personnages, au service d’une histoire fort simple. C’est vrai le rythme est parfois assez lent, et le métrage aurait peut-être pu s’alléger de quelques lourdeurs, néanmoins je n’ai rien à redire de très négatif. Les Citronniers développe une histoire très simple pour poser le problème des relations israelo-palestiniennes, et au final on ne s’ennuie pas à suivre le film, même si on se désintéresse totalement du sujet. Le réalisateur arrive en effet aussi, par sa simplicité, à nous amener de la Grande histoire vers la petite histoire, une petite histoire qu’on pourrait voir chez nous avec d’autres protagonistes (exemple à Notre-Dame des Landes). En tout cas la sincérité des protagonistes et du réalisateur, l’absence totale de prétention rend Les Citronniers touchant et bien plaisant à suivre.
Sur la forme c’est aussi bien fait. Une belle photographie lumineuse et naturelle sert des décors aussi simples qu’authentiques. On se sent réellement en Israël, avec cette lumière particulière, ces étendues désertiques sur lesquelles tranchent le vert des citronniers, le film est très frais et lumineux. Aucune fioriture du réalisateur, et c’est tant mieux. D’ailleurs sa mise en scène très sobre, sans effet de style, presque documentaire parfois, est remarquable. Le tout servi par une bande son très restreinte, bref, à l’image de la simplicité du film.
Les Citronniers est un film qui, si l’on met de côté le contexte politique, est en mesure de toucher beaucoup de monde. C’est un film qui séduit, je le répète mais cela me semble nécessaire, par sa sincérité et sa sobriété. Ça fait du bien de voir un film qui prend ce chemin, surtout avec le sujet abordé. Des coups de mou parfois, un ensemble qui aurait pu avoir plus de force à certains moments (le réalisateur mettant un peu tout son film sur le même niveau d’intensité), mais enfin, pas de quoi rebuter le spectateur exigeant. 4