Et bien voilà un film extrêmement réussi, au rythme peut-être un peu lent, mais enfin, digne de Les Autres.
Le casting est d’abord très réussi. Des acteurs espagnols que je ne connaissais pas livrent des prestations brillantes et offre un spectacle à l’écran absolument remarquable. Ils jouent justes, ils font passer des émotions, et bien entendu c’est Belen Rueda, en actrice principale, qui mène la danse avec une prestation impressionnante, tout en finesse et en justesse. Bravo aussi à Roger Princep, jeune acteur qui pourtant ne dérape pas, et je saluerai quand même le doublage français qui ne ruine pas l’affaire, heureusement. Il y a aussi des seconds rôles réussis, comme souvent dans le cinéma espagnol affublés de défauts physiques ou de problèmes quelconques.
Le scénario est très bon lui aussi. L’orphelinat est porté par un concept qui marche facilement tant qu’on y met un peu de talent : le suspens fantastique. Comme dit plus haut un peu long par moment, L’orphelinat n’en reste pas moins doté d’une histoire prenante, d’un suspens solide, d’une tension palpable, il sait insuffler de l’émotion. Ceux qui ont aimé The Ring ou Les Autres adoreront à coup sur ce film dans la même veine, mais qui trouve un ton plus poétique, plus mélancolique, s’orientant vers le conte funèbre. En tout cas c’est superbement bâti, et le résultat se conclue sur une chute géniale qui n’est révélé vraiment que dans les toutes dernières minutes.
Visuellement le spectacle est lui aussi magnifique. Réalisation mémorable, ultra-travaillée, aux effets de style tellement bien employés. Le réalisateur est vraiment capable de donner de l’ampleur, de la hauteur à son film, utilisant les décors parfaitement, donnant à voir les émotions de son personnage avec un talent fou, il se montre audacieux et ambitieux, et qu’est-ce que ca fait du bien ! La photographie est tout aussi travaillée. Éclairages sublimes, effets de clairs-obscurs maitrisés, ambiance envoutante, L’orphelinat peut aussi compter sur des décors remarquables. La maison est mémorable, bien exploitée donc par le réalisateur, et heureusement car il aurait été malvenu de ne pas user d’un tel endroit, qui respire vraiment cette atmosphère si particulière des vieilles bâtisses, que très peu de films sont arrivés à saisir. Le film n’est pas du tout porté sur l’horreur, aussi il vaudra mieux passer son chemin de ce coté là. Malgré tout il est très sombre, très grave, aussi il ne faut pas s’attendre à rire. La violence n’est pas graphique, mais elle est très prégnante par des chemins de traverse. Enfin, la musique est superbe, et le final est très largement porté par cette dernière, un morceau brillantissime.
En clair, L’orphelinat est une valeur plus que sur, à mon sens à ranger aux cotés de Les Autres, avec ici un coté peut-être encore plus organique, surement du à la présence dans le coin de Guillermo del Toro. Sublime de bout en bout, c’est un bijou de poésie triste. Déprimant sans nul doute, mais tellement beau.