Ah, et bien voilà une surprise qui fait du bien ! Honnêtement je partais assez intrigué sur ce film, et je me retrouver avec une petite pépite très agréable.
D’abord le casting est exceptionnel. Ricci était évidemment toute trouvé pour le rôle principal, et elle livre une prestation remarquable. C’est toujours juste, précis, et elle a ce caractère hypnotique et mystérieux qui lui sied toujours à merveille dans ce genre de métrage. C’est surement l’une de ses meilleures interprétation, d’autant qu’elle doit vraiment faire avec peu de choses finalement, étant confiné dans un huis clos et dans un dialogue avec Neeson. Ce-dernier est remarquable. Il trouve un rôle original, parfaitement adapté à son talent. Il a un petit quelque chose de flegmatique, de lassitude qui convient tout à fait au personnage. Enfin, celui qui m’a le plus surpris car je ne l’attendais pas vraiment, c’est Justin Long. Il est à la hauteur, et offre surement la prestation la plus engagée, la plus difficile aussi, car jouer la tristesse et surement ce qu’il y a de plus complexe à faire, et surtout pour la restituer correctement à l’écran. Je note que les seconds rôles n’ont pas été abandonnés, et je saluerai particulièrement la prestation de Chandler Canterbury.
Le scénario est lui aussi excellent. Le suspens est parfaitement entretenu jusqu’aux dernières minutes. Le film avance alors qu’il s’appuie quasi essentiellement sur les échanges entre Neeson et Ricci dans l’intérieur du funérarium. C’est audacieux, et pourtant géré à la perfection, avec une écriture aux petits oignons. Le rythme est parfois un peu lent, mais c’est tellement adapté à l’ambiance, et à ce que l’on s’imagine de la mort. Franchement de ce point de vue la maitrise est totale, et c’est agréable de voir quelque chose d’en plus réellement originale et différent. C’est une pépite de ce point de vue.
Visuellement je n’ai rien de particulier à redire. La mise en scène est pleinement au point. La réalisatrice propose une réalisation sobre, lente, totalement fluide et lisible. On sent qu’elle s’attache réellement à apporter une nuance entre le monde des vivants, nettement plus vifs, stressant, ardent, et le monde des morts (peut-être, peut-être pas !), où tout est lent, où l’on chuchote presque. La réalisatrice s’intéresse par ailleurs sur la préparation des cadavres avec une caméra tout à fait attrayante. La photographie est elle aussi au point. C’est visuellement très agréable, avec bien sur des coloris froids, mais utilisé dans des contrastes très agréables à l’œil. Ils tranchent par exemple vivement avec cette robe rouge, flamboyante (nuisette pourrait-on dire) que porte Ricci pendant presque tout le film. L’atmosphère est morne, décharnée, et c’est très plaisant. Les décors enfin, restreints pourtant, sont réussis. La réalisatrice parvient vraiment à nous plonger dans son film avec quelques lieux seulement qui sont très soignés. Le manque de budget n’est clairement pas sensible ici. A noter qu’After Life est franchement large public. Il y a peu d’effets visuels sanglants, juste peut-être deux scènes en mesure d’heurter la sensibilité de certains spectateurs, mais c’est très restreint. Le film se concentre largement sur son suspens, et il le fait tellement bien qu’il n’a pas besoin d’autre chose. Enfin, les choix pour les musiques, judicieux, concluent en un énième éloge ma critique sur ce métrage.
Au final, After Life est une réelle belle découverte. C’est un petit film qui ne paye pas de mine au premier abord, mais qui se révèle être un des meilleurs métrages sur le rapport vie/mort que j’ai pu voir. Totalement maitrisé de bout en bout, il s’appuie en plus sur un casting qui livre un travail d’enfer. Il mérite franchement les 5 étoiles, et dans le genre il place la barre très haute.