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    Hunger
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    Joe D.
    Joe D.

    52 abonnés 45 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 26 octobre 2014
    Hunger, où comment l'excellent acteur Michaël Fassbender prouve dans ce film réalisé par Steve Mc Queen (12 years a slave), qu'il est un acteur d'exception, n'hésitant pas à joué de son charisme, et surtout de son corps pour définir la volonté et la condition dans laquelle finira Bobby Sands (leader de l'IRA, enfermé à "The Maze" une prison nord irlandaise, gérée par une milice sous l'autorité du gouvernement britannique de Margaret Tatcher, qui ne tolère pas la violence et la revendication de l'indépendance de l'Irlande du Nord face à l'Angleterre, et dont les partisans de l'IRA capturées, se voient refuser leur statut de prisonniers politiques
    Ce film est extrêmement poussif, dérangeant, jusqu'au boutiste, sans concession, et mélangeant habilement par la mise en scène de longs plan séquences qui donne une atemporalité au film à plusieurs moments clefs du récit, et des plans fixes dont l'ambiguité de l'interprétation posera petit à petit, tel le calvaire vécu par les prisonniers, la situation plaçant le spectateur en état d'observateur avant de tomber dans la catharsis, même si le manichéisme n'est jamais dévoilé. Les Images sont fortement signifiantes, et permettent à la fiction d'avancer comme une micro-narration, par le biais de plans minutieux et secs, mais dont le sens est suspendu aux retards d’identification, aux ruses temporelles, à une stratégie de brouillage moral. Ce que Steve Mc Queen définira comme style d'"Images-savons" qui échappent à l’instant même où on croit les tenir, et contraignent à faire un pas d’écart pour les rattraper sous un nouvel angle. spoiler: L'exemple le plus flagrant est celle du départ où Stephen Graves inquiet, plonge ses mains tachées de sang dans l'eau avec du savon, on ne sait dès le départ quel parti prendre pour ce protagoniste, à savoir si il est bourreau ou victime. Lorsqu’à nouveau Graves plonge les mains dans l’eau, le sang qui s’y répand vient autant d’un premier coup de poing atteignant le visage du prisonnier que de l’échec du suivant venu s’écraser contre le mur. Il blesse, il est blessé ; il subit tout autant la violence qu’il s’en fait l’instrument.
    .
    La résistance tant physique que psychologique de ces prisonniers, revendiquant un statut de prisonniers politiques, est très forte, et Mc Queen transpose la lutte de ces prisonniers contre les gardiens de la prison en un rapport de force d'une réaliste dureté ambiguë avec brio, de manière à la fois subtile mais dérangeante. spoiler: L'enfermement des prisonniers dans des cellules de 6 mètres carrés, à l'hygiène immonde (murs tapis d'excréments, urines partout répandus dans les couloirs, utilisation peu communes du savon pour nettoyer, prisonniers nus pour avoir refusé de porter les uniformes de prison (en réponse au statut apolitique de criminel à quoi les ramène Margaret Thatcher), refus par les prisonniers de se laver), et la "grève de l'hygiène" déclaré par les prisonniers, ils transforment leurs cellules en grottes et révèlent les conduits et les cavités de leur propre corps. Aussitôt ingurgitée, la nourriture se transforme en tas de merde dont ils couvrent les murs, ou qu’ils laissent croupir dans un coin grouillant d’asticots. Ils empoignent cette matière informe pour modeler des rigoles et déverser sous le pas de la porte, une fois le signal donné, des rivières d’urine inondant le couloir. Lors des rares visites, les messages et les paquets parvenant à passer outre l’attention des gardes transitent par voies nasales ou rectales : de l’un de ces colis déféqués sort une petite radio permettant de capter les nouvelles de la lutte républicaine rapportées par l’inflexible pouvoir britannique. À partir de cette intolérable situation d’incarcération, toutes sortes d’ouvertures s’imaginent, réaffirment une puissance de vie et incarnent une forme inouïe de résistance, même s’il s’avère qu’au dehors la réponse ne varie pas, et que Thatcher campe sur ses positions.
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    Ensuite, après de violentes représailles des 2 côtés, gardiens comme prisonniers, aboutissant à la crainte de Graves, et son inéluctable destin, Steve Mc Queen nous offre une leçon de cinéma par l'utilisation pendant 17 minutes d'un plan séquence en caméra fixe mémorable sur la question de savoir si la cause justifie qu’on meure pour elle, spoiler: la très longue discussion centrale où Bobby Sands annonce au père Dominic Moran (interprété par l'excellent Liam Cunningham) qu’il s’apprête à entamer une grève de la faim repose le problème autrement. Le ping-pong verbal filmé en ce très long plan séquence, se joue de l’attention du spectateur.
    L’échange très rapide prend une pente savonneuse et comique en nous perdant délibérément en cours de route, avant de nous rattraper par l’argument central de la confrontation des raisons de vivre et des raisons de mourir. Admirable dosage de bavardage et de maïeutique serrée. Si la discussion ne semble mener nulle part, c’est qu’elle ne peut pas avoir d’issue ailleurs qu’en acte. Le moyen de la grève est en soi politique, elle n’a de fin qu’à sortir des questions de vie ou de mort où veut l’enfermer le pouvoir.
    spoiler: Finalement, nous assistons à un Bobby Sands qui va dépérir pendant 66 jours de sa grève de la faim avant de mourir, propulsant l'interprétation tant psychique que physique de Fassbender (qui pour le film perdra 14 kilos) au rang de martyr. À cette occasion le temps du cinéma de "Hunger"se dilate, s’ajuste à celui de la vie. C'est une décélération, prolongée lors de l’agonie de Sands en ralentis nombreux, qui retourne la progressive passivité du corps en résistance à la mort qui vient. Elle leste l’amaigrissement fatal d’un surcroît de présence et de conscience, et renverse en dignité la dématérialisation du corps, afin d'anoblir la conviction de liberté indépendantiste, en leur permettant aux détenus de l'IRA d'obtenir leur revendication, malgré un refus statique jusqu'au bout de leur statut de prisonnier politique. Bobby Sands icône de cette grève de la faim fut élu paradoxalement député au même moment, mais il fallu attendre la mort de 9 autres grevistes de la faim à cette cause pour que la grève de la faim et celle de l'hygiène prenne fin, octroyant les revendications à ces prisonniers.
    .
    En résumé, un film coup de poing très fort, juste, parfaitement dosé, aux multiples métaphores dans la réalisation, et à la prestation corporelle prodigieuse d'un Michaël Fassbender exceptionnel. Un chef d'oeuvre, relatant un très dur avancement historique pour l'Irlande.
    Sarah Connor?
    Sarah Connor?

    43 abonnés 48 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 29 juin 2013
    Film essentiel, qui pour moi, devait être obligatoire pour tous. Le plus choquant, le plus émouvant demeure le fait que celui-ci nous raconte une histoire vraie.
    J'adore la collaboration Fassbender/McQueen. Alors, quand je lis certains critiques qui reprochent au film sa lenteur et son manque de rythme, je me demande s'ils ont bien saisi le sens et le message de ce film.
    Déjà, dans la prison de Maze, les prisonniers étaient enfermés 24h/24 dans leurs minuscules cellules, sans aucune autorisation de sortie, de promenade, ni même pour se rendre à la douche - puisqu'ils faisaient la grêve de l'hygiène.
    De plus, après l'émeute, les mesures prises ont été davantage draconiennes et ont donc restreint leur peu de liberté.
    Et puis Bobby Sands devait peser dans les 25kg maximum, dans les derniers jours précédant sa mort. Vous vous attendiez à quoi ? Qu'il se lève et se mette à danser la gigue, à chanter à tue-tête des chansons paillardes ??
    Lors de la scène où l'on voit un gardien nettoyant la pisse dans un couloir avec un balai, une personne a écrit : -"Mais McQueen va tout de même pas filmer cette scène en entier jusqu'au bout du couloir ?". Je pense que cette personne (comme beaucoup d'autres ici) n'ont pas compris l'horreur et l'insoutenable situation que cette scène impliquait. Parce-que le pauvre gars, ben, à mon avis, il devait faire ça TOUS LES JOURS !
    Quant au fameux plan-séquence de près de 17mn entre Fassbender et Liam Cunningham, il constitue pour moi, une véritable prouesse cinématographique, se rapprochant d'une joute verbale - qui malheureusement (et on s'en doute dès le début) sera sans issue, que ce soit d'un côté, comme de l'autre.
    J'ai adoré la scène finale, où Bobby a une spoiler: vision de lui enfant, courant son marathon, s'arrêtant hors d'haleine à un moment, hésitant à repartir, se retournant vers le vrai Bobby et finalement décidant de repartir et de continuer jusqu'à sa mort.
    Et oui, j'ai aussi vu "Shame", dont certains ici ont aussi critiqué la lenteur. Perso, je n'y ai vu aucune lenteur. Alors oui, c'est clair, s'ils veulent de l'action, je leur conseille : "The Expendables II". Où non seulement il y aura de l'action non stop, mais qui en plus est très con.
    Naughty Doc
    Naughty Doc

    908 abonnés 432 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 4 septembre 2011
    Un film incontournable ! Steve McQueen a su créer un film à la fois touchant et dur, à la limite du documentaire ! Chaque plan a une force indescriptible (notamment 2 plans séquences tout simplement parfaits) ! Inspiré d'une histoire vraie ayant eu lieu en 1981 en Irlande, Hunger est un film coup de poing, qui n'est pas à réserver à tous, pas forcément à cause de la violence mais psychologiquement. Une réalisation hors du commun, des plans parfaits, une atmosphère qui vous tire quelques larmes et vous obtenez un des films les plus troublants que vous ayez vu.
    Un Michael Fassbender parfait dans le rôle qui signe ici une performance proche de celle de Christian Bale dans The Machinist !
    Bref un petit chef-d'oeuvre à voir (mais qui n'est pas accessible à tout le monde) ^^! Du grand cinéma !
    MC4815162342
    MC4815162342

    397 abonnés 1 489 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 23 février 2014
    J'aimerais mettre 5 étoiles mais la lenteur du film m'en empêche, la lenteur en général ne me dérange pas mais là c'est quand même un peu omniprésent, Steve McQueen est un excellent réalisateur, après avoir vu son 12 years a slave je me suis évidement lancé sur sa filmo qui n'est pour l'instant pas grande, Hunger est donc le deuxième McQueen que je regarde, je m'attaquerais ensuite à Shame.
    Donc en ce qui concerne celui ci, il est merveilleusement mis en scène et magnifiquement réalisé, les décors sont peu nombreux mais très réaliste, la bande son est sublime, le scénario est impeccable mais la lenteur joue un rôle important, je peux totalement la comprendre, je n'en dis pas de mal mais ça bouffe un peu le tout, on a l'impression que ça comble même si je suis sur que ce n'est pas le but, la lenteur empêche d’être à 200% dans le film, bref, cela n’empêche pas d’apprécier le film, qui reste en lui même très beau et très dur, Michael Fassbender le chouchou de Steve^^ est impressionnant dans ce film, 14 kilos perdu pour le rôle, une totale implication, il est vraiment bluffant, j'ai retenu en particulier une scène, une très longue scène qui doit faire 15/20 minutes je pense en plan fixe et en plan séquence, 20 minutes, 2 personnes, un dialogue, voir la scène en plan séquence c'est juste époustouflant, je sais bien qu'au théâtre les comédiens doivent retenir leurs textes 1 ou 2 heures mais là au cinéma un tel plan c'est woaw quoi, cette scène entre Fassbender et Cunningham ainsi que le monologue de Fass qui suis est grandiose.
    Voilà en bref un très, très bon film.
    ghyom
    ghyom

    84 abonnés 150 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 15 mars 2014
    SI je préfère l'esthétisme et le propos de Shame, ce premier film de McQueen est, à mon sens un peu meilleur car il évite tout sentimentalisme, tout misérabilisme. Cette fois-ci McQueen n'impose pas une scène pour nous tirer la larme. Il y a beaucoup de scènes dures, notamment lorsqu'il filme la déchéance du corps de Fassbender (formidable acteur), mais elles sont là suivant la logique du film et McQueen ne sort pas les violons. Un film qui peut paraitre lent, mais je n'ai aucun problème avec la lenteur si l'image est suffisamment belle et/ou intéressante (ce qui est le cas ici). Encore une fois c'est une question de logique et de cohérence. Ce film devait être lent. On parle d'un film qui nous montre une révolte pacifique de prisonniers politiques et la déchéance physique de cet homme qui fait une grève de la faim. Tout justifie d'avoir conscience du temps qui passe. Donc cette lenteur est à mon sens tout à fait justifiée. Mon regret c'est que McQueen n'est pas finalement parvenu à me passionner. C'est un très bon film, sur un sujet difficile, qui évite tout les écueils de pathos ou de manichéisme mais je ne suis pas totalement rentré dedans.
     Kurosawa
    Kurosawa

    581 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 10 avril 2014
    "Hunger" est le premier long-métrage de Steve McQueen. Et on ne peut pas dire que le réalisateur britannique n'ose pas montrer les scènes chocs. C'est même sa principale qualité, aborder son sujet de front. Mais malheureusement, il n'y pas grand chose d'autre à retenir du film. Car cette volonté d'esthétiser chaque scène, de dire "je fais un plan fixe d'un quart d'heure, donc je suis un artiste" est extrêmement lassante. De plus, le manque de point de vue fort est pour le moins regrettable. On commence à suivre un policier de la prison de Maze, puis deux prisonniers vivant dans la même cellule, et à la moitié du film on finit par s'intéresser au personnage joué par l'incroyable Michael Fassbender. Avec cette étrange structure, on se demande finalement de quoi veut véritablement parler McQueen, qui hésite sans cesse entre le politique et le psychologique. Au final, son film n'est pas poignant du tout, pas même émouvant, la faute à une mise en scène excessivement calculée. "Hunger" représente donc bien les limites du cinéma de la maîtrise, même si ce dernier aura une dimension autrement plus forte dans "Shame", le second film d'un auteur qui ne manque pas de personnalité.
    L?c!s_H00d
    L?c!s_H00d

    185 abonnés 392 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 23 août 2015
    Un sujet fort, une mise en scène fascinante, une réalisation sublime et Michael Fassbender. Voilà ce qu'on retrouve dans chaque Steve McQueen (II). Dans celui-ci, son acteur fétiche incarne un prisonnier en Ireland du Nord et est comme toujours excellent mais peu attachant malgré sa cause. Si la réalisation est parfaite et d'une puissance phénoménale, l'histoire traîne en longueur. Ces lenteurs sont omniprésentes durant toute cette grève de la faim menée par Bobby Sands, et c'est le seul défaut. A l'inverse, les dialogues sont quasiment inexistants mais cela n'enlève en rien à la forte impression de ce film. Percutant au possible par son sujet, impressionnant par ses plans foudroyants et lancinant à mort, "Hunger" est un nouveau choc sublimement mis en scène par Steve McQueen (II).
    septembergirl
    septembergirl

    602 abonnés 1 069 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 1 décembre 2012
    Un film extrêmement lent, au rythme saccadé et aux scènes décousues. Une réalisation qui est également sans dialogues, à l'exception de la scène du parloir avec le prêtre, un ennuyeux plan-séquence de 22 minutes. Il n'y a aucun rebondissement, l'ensemble est lassant et répétitif. Seul le jeu de Michael Fassbender sauve un peu le film ! Une première oeuvre de Steve McQueen, qui se veut percutante et brutale, mais qui, au final, est complètement inintéressante !
    lhomme-grenouille
    lhomme-grenouille

    3 327 abonnés 3 170 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 7 décembre 2008
    Premier quart d'heure remarquable : la réalisation est captivante à souhait et on est rapidement pris d'ivresse par cette atmosphère si remarquablement posée. Et puis après ? - Rien. Certes les plans restent joliment composés, les scènes séparées les unes des autres sont très plastiques, mais il n'y a finalement rien derrière. McQueen se cache misérablement derrière un postulat démago dont l'argument ne repose que sur le pathos et l'indignation facile. Quelle était la réaction recherchée ? "Ah ces Anglais, quels salauds!" A moins qu'on voulait nous faire partager un sentiment de respect à ces personnes dévouées à leur cause jusqu'au bout. Ou peut-être faut-il se limiter à l'idée que "la prison c'est moche quand-même"... Qu'il s'agisse de l'un ou d'un autre, la mécanique tourne à vide, se contentant de brasser de l'écœurement. Aussi bien inutile que consternant, "Hunger" nous prouve à quel point le cinéma purement formaliste, ça peut aussi être de la merde.
    halou
    halou

    118 abonnés 1 532 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 3 juin 2014
    Performance exceptionnelle de Fassbender représentant le leader de l'IRA. Mc Queen bien inspiré pour s'occuper d'un épisode sombre et méconnu du grand public en montrant implacablement à travers des images dures la triste réalité ce qui amène à une réflexion plus large sur la détermination de certains pour une cause. Magnifique face-à-face avec le curé de plusieurs minutes.
    stebbins
    stebbins

    499 abonnés 1 747 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 30 novembre 2008
    Avec Hunger, l'immersion est totale... Parce que sa puissance visuelle est impressionnante. Parce que son discours n'empiète jamais sur sa mise en scène, il fait corps avec elle. Parce que sa bande-son est sidérante et qu'elle nourrit d'affects un décor abjecte mais pittoresque. Steve Mac Queen a du talent, c'est incontestable : son film est un chef d'oeuvre du Septième Art, un objet sensitif et d'une précision à couper le souffle. Hunger nous plonge dans un univers carcéral impitoyable sans jamais sombrer dans le misérabilisme : Bobby Sands est un personnage sublime qui, derrière son apparente indigence, aspire à la liberté et la dignité humaine. Mourir pour des idées, d'accord mais de mort lente... chantait Brassens. Le face à face entre Bobby et le prêtre, tourné en long plan fixe, est un morceau de bravoure dans lequel la gradation des sentiments est admirable ( la froideur du dialogue entre les deux personnages monte crescendo ). Hunger, kaléïdoscope émotionnelle doublé d'une expérience audiovisuelle percutante, reste LA révélation du festival de Cannes 2008. Steve Mac Queen peut se vanter d'avoir un bel avenir devant lui. Un chef d'oeuvre.
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    3 058 abonnés 3 967 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 25 octobre 2011
    Alors que Shame le second film de McQueen va pointer son nez je me suis dit qu'il était temps de voir son premier.
    J'étais un peu réticent au début, un premier film sur un sujet aussi dur que la grève de la faim, le tout inspiré de faits réels, avec soit disant une performance d'acteur, ça pue à plein nez le film sans mise en scène valable, d'un classicisme donnant la gerbe, un piège à cinéphile débutant (et à oscars), et en plus c'est un film de prison, j'ai rarement des films plus manichéens que des films de prisons, bref j'étais pas convaincu d'avance, même s'il est vrai que les bonnes critiques de la presse laissaient supposer que mes craintes étaient infondées.

    Sauf que bon c'est rien de tout ça, et c'est pour ça que McQueen pourra devenir un grand réalisateur.
    Le film possède une mise en scène absolument sublime, une photographie superbe, le tout est beau et contemplatif, on est loin de l'académisme que je redoutais. Surtout on n'est pas dans le misérabilisme. On est dans quelque chose de bien plus subtile, j'ai pas l'impression que McQueen va tenter de justifier le martyr de son héros, ou bien d'émouvoir la ménagère. On est dans un film cru, violent, on voit des choses qu'on ne voit pas forcément au cinéma d'habitude, des sexes d'homme, des corps abimés ou leur réalisme les rend difficilement regardable. C'est bien plus crade qu'un film de Cronenberg (par exemple), à cause justement de ce réalisme. On est dans la réalité.
    Et là est une autre force du film, on a pas un Fassbender qui va chercher la performance comme a pu le faire Bale a plusieurs reprises, Fassbender est dans la retenue, et pas dans l'esbroufe, je n'ai pas l'impression qu'il cherche à imiter le vrai Bobby Sands, chose qui tache bien souvent de nombreux biopics, l'imitation du réel, plutôt que de le créer ce réel. Le personnage de Sands, j'y crois en tant que tel et c'est là que réside la force du jeu de Fassbender, il ne joue pas à être un autre.
    La scène la plus intéressante du film est bien entendu ce très long plan fixe au plein milieu du film qui fait disparaître ce manichéisme, Sands va mourir parce qu'il l'a voulu, et ça c'est très intéressant, ça on ne le voit pas au cinéma d'habitude, ça ressemble un peu à Antigone d'Anouilh pour le coup.
    Mais bien heureusement ce n'est pas la seule scène qui est géniale, je pense à une scène vers la fin où la caméra virevolte autour du lit de Sands, et le montage fait apparaître des oiseaux par superposition, j'ai trouvé ça tellement beau, angoissant.
    De plus toujours dans l'absence de manichéisme, les gens de l'IRA ne sont pas montrés comme des anges non plus, en témoigne la première scène du film où on sent cette crainte d'avoir une bombe cachée quelque part.
    C'est un film très travaillé, très pensé, et qui est visuellement magnifique. Forcément c'est un bon film, seulement je n'ai pas été bouleversé autant que je l'aurai aimé, sans doute parce que justement pour refuser ce manichéisme il ne faut pas chercher outre mesure l'émotion.
    Mais bon film néanmoins, et j'attends Shame de pied ferme.
    shmifmuf
    shmifmuf

    178 abonnés 1 761 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 13 février 2013
    Ce film éprouvant est avant tout une performance d'acteur étonnante.
    Michael Fassbender est un comédien à suivre de prêt. Sa réalisation est soignée.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 17 décembre 2012
    Un film puissant. Peu de blabla, mais pourtant, on est plongé dans le film du début à la fin. La réalisation est splendide.
    Redzing
    Redzing

    1 108 abonnés 4 464 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 19 octobre 2020
    Disons-le d’emblée : « Hunger » est un film choc, à ne pas mettre entre toutes les mains. Pour son premier long-métrage, Steve McQueen s’intéresse aux Républicains Irlandais emprisonnés en Irlande du Nord, qui, au début des années 1980, se sont lancés dans une grève de la faim pour réclamer un statut de prisonniers politiques. De manière surprenante, le réalisateur met rapidement et complètement de côté l’aspect politique du scénario. Non pas pour éviter de traiter ce sujet sensible, mais pour aborder le thème qui lui tient vraiment à cœur : les conditions de détentions et la psychologie de ces prisonniers hors-normes. Dotés de convictions très fortes, ces hommes subiront sacrifices et agressions en tous genres, tout en défiant en permanence une autorité intransigeante et implacable. McQueen laisse régulièrement place à l'absence de parole, se focalisant sur les détails sordides de la détention (issus de la répression britannique ou des choix extrêmes des détenus), et le climat violent et anxiogène de la prison. Plans fixes ou lents travelings, image grisâtre et froide, éclairages artificiels, acteurs très impliqués : la mise en scène décortique méticuleusement la démarche extrême de ces hommes qui ne vivent plus que pour leurs idéaux. En contraste et en plein milieu du film, le réalisateur nous livre un impressionnant plan séquence statique et bavard de plus de 15 minutes, qui permet de développer les enjeux et la détermination d'un protagoniste déterminé. Ce dernier est incarné par un incroyable Michael Fassbender, transformé physiquement et pleinement habité de son personnages extrémiste et jusqu’au-boutiste. Une prestation qui fera d’ailleurs connaître l’acteur et lancera sa carrière. Film très difficile (âme sensible s’abstenir !), « Hunger » est donc un beau début de carrière pour Steve McQueen, et une œuvre qui fera date dans la catégorie des films sur l’univers carcéral.
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