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    Désordres sur CANAL+ : que vaut la série avec Florence Foresti en mode déprime ?
    Jérémie Dunand
    Jérémie Dunand
    -Chef de rubrique télé / Journaliste
    Bercé dès l’enfance au rythme de Sous le soleil, de P.J., ou des sagas de l’été, il se passionne de plus en plus pour les séries françaises au fil du temps. Et les dévore aujourd’hui (presque) toutes, de Balthazar à Scènes de ménages, en passant par Hippocrate, Candice Renoir, Ici tout commence.

    Canal+ lance ce soir "Désordres", la première série de Florence Foresti, dans laquelle l'humoriste raconte son vrai-faux quotidien d'artiste et de mère célibataire. Et qui vise surtout juste lorsqu'elle se livre sur son trouble anxieux.

    De quoi ça parle ?

    Quand elle n’est pas sur scène, Florence Foresti est une femme comme les autres. En pire. Personnalité publique, elle est aussi une mère en garde alternée, une célibataire à la dérive, une artiste en quête d’inspiration, et une angoissée chronique.

    Désordres, créée et réalisée par Florence Foresti.

    Avec Florence ForestiBéatrice Facquer, Laëtitia Vercken, Anouk Féral, Clément Bresson, Éric Bougnon...

    Chaque lundi à 21h sur Canal+ (deux épisodes par semaine) et disponible sur myCANAL.

    8 épisodes vus sur 8.

    Ça vaut le coup d'oeil ?

    Après Eric Judor avec Platane et plus récemment Blanche Gardin qui a proposé La Meilleure version de moi-même sur Canal+, c'est au tour de Florence Foresti de se lancer dans le genre de la série et de l'autofiction avec Désordres, qui démarre ce soir sur la chaîne cryptée.

    Avant tout destinée aux fans de l'humoriste qui vient de remonter sur scène avec son nouveau spectacle Boys Boys Boys, mais pas que, cette série en huit épisodes de 30 minutes nous plonge dans le vrai-faux quotidien d'une Florence Foresti célibataire qui doit composer avec sa vie de maman en garde alternée, sa recherche compliquée de l'amour, l'écriture de son prochain one-woman show qui peine à dépasser le stade de la page blanche, et les affres de la célébrité. Tout un programme.

    Grande consommatrice de séries biberonnée à Friends, Seinfeld, ou Sex and the City, Florence Foresti explique qu'elle a toujours eu envie de se lancer dans l'aventure d'une série et qu'il lui a seulement fallu attendre le bon moment, qui est finalement arrivé en 2016, alors qu'elle venait de refermer le chapitre de sa carrière consacrée à son spectacle Madame Foresti.

    "J'ai toujours eu envie de faire une autofiction, car je suis très intéressée par ma personne (rires)", nous confiait-elle récemment avec humour en conférence de presse. "Non, c'est juste que j'ai un souci d'authenticité dans mon travail. On le voit sur scène, je ne peux pas m'empêcher de parler ce qui m'arrive au moment M où je monte sur scène. Je me nourris de ce que j'ai vécu avec ma fille, avec les hommes".

    "Et pour la série, il a donc été difficile de se mettre en route car je voulais coller à mon actualité, être vraie. Il a fallu trouver le bon moment, mais l'envie a toujours été là. Elle s'est concrétisée en 2016, après mon spectacle Madame. J'avais l'impression d'avoir fait beaucoup de choses, seule en scène, et j'ai commencé à me dire "Ce serait le moment d'aller explorer autre chose, pour grandir".

    Tout au long de la série, les fans de la comédienne, qui s'essaye pour la première à l'écriture et à la réalisation pour la télévision, seront ravis de la découvrir sans fard, dans un exercice qui semble voué à montrer que, derrière l'humour et la célébrité, elle est une femme (presque) comme les autres. Qui se débat comme elle peut avec la quarantaine et son statut de mère célibataire. Et n'est rien sans sa bande de copines à la Sex and the City (une référence évidemment assumée mais dont Désordres se défait heureusement assez vite, passée une séquence parodique assez hilarante).

    COMME UNE GRANDE/ICONOCLAST

    Comme dans toute autofiction, on se demande forcément ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas. Et la réponse de Florence Foresti est sans appel : "Mon ambition n'a jamais été de dire "Regardez-moi, apprenez à me connaître". Je n'en ai strictement rien à faire. Je n'ai pas envie que les gens me connaissent. (...) Je ne raconte jamais rien de ma vie personnelle. Même si tout se ressemble. Se servir de son expérience pour aller vers quelque chose de plus universel, c'est ce qui a toujours guidé mon travail. C'est assez proche de ce que je suis dans la vraie vie, mais ce n'est que pour faire rire les gens".

    Pourtant, l'appartement dans lequel habite la Florence de la série est un appartement dans lequel la comédienne et humoriste a vraiment vécu. Le chien que l'on voit à ses côtés à l'écran est le neveu de son vrai bulldog (!!). Et sa vraie femme de ménage lui donne la réplique - et décroche la palme du personnage le plus drôle de la série.

    Bref, ce jeu du "C'est pas moi, mais c'est quand même un peu moi" finit quelque peu par lasser au bout de quelques épisodes. D'autant plus que Florence Foresti et son co-auteur Pascal Serieis ne vont pas assez loin dans l'autoflagellation et peinent à réellement égratigner l'image de l'humoriste adorée des Français. Qu'on aurait aimé découvrir davantage dans ses travers. Plutôt que dans ce mélange de comédie romantique et de coulisses de la vie d'artiste qui prête surtout à sourire. Sans vraiment décoller et se démarquer de ce qui existe déjà dans le même genre.

    Florence Foresti le dit elle-même : elle a voulu "tutoyer" ses idoles. Mais elle ne parvient malheureusement pas à égaler le génie de Better Things, Larry et son nombril, Louie, ou Seinfeld. Reste des seconds rôles attachants et bien interprétés (notamment l'agent et amie de l'héroïne Béatrice, campée par Béatrice Facquer). Des apparitions savoureuses en guests de Baptiste Lecaplain et d'Audrey Lamy. Des instants suspendus, comme ces séquences musicales de lip sync dont Foresti a le secret. Et ces rares moments où l'humoriste semble vraiment se livrer en profondeur et parvient à surprendre.

    Comme lorsqu'elle aborde son trouble anxieux et évoque, par petites touches, sa peur de la mort et de l'oubli. À travers ce personnage de "La Mort" avec qui Florence converse au fil des épisodes. Un désordre de plus, qui vient s'ajouter à ceux de la désobéissance et de la garde alternée, qui est certainement ce qu'il y a de plus intéressant dans Désordres et qui n'est malheureusement qu'effleuré.

    "Je voulais traiter des attaques de panique, du trouble anxieux, et des médicaments pour soulager éventuellement les gens qui souffrent du même trouble. Et déculpabiliser les gens de se soigner. Il y a encore trop de culpabilité à tomber en dépression. Et je me suis dit que si je pouvais leur montrer que moi aussi, parfois, il me faut des antidépresseurs pour réussir à vivre, car la vie n'est vraiment pas simple, surtout en ce moment, c'était pas mal".

    Pas mal, c'est justement l'expression qui caractérise le mieux la première série de Florence Foresti. Avant une saison 2 ou une autre série totalement différente qui parviendra à oser et à surprendre un peu plus ? On ne peut que l'espérer.

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