De quoi ça parle ?
Anya, 10 ans, arrive en plein milieu d'année scolaire, ce qui va bouleverser le quotidien de sa classe de CM2. Après avoir reçu un ballon de foot dans la tête, Anya se rend compte que la géographie de la cour de récré est pensée pour favoriser les garçons, les filles étant reléguées sur les côtés.
Pour Anya et ses nouveaux amis, Nils, Lou et Zoé, il faut que cela cesse, par tous les moyens possibles. Et au milieu de la guerre qui advient, il y a Nathan, le fils de la directrice... Entre Anya et Nathan, des sentiments alors inconnus font leur apparition…
La Cour est disponible du 23 septembre au 28 décembre 2022 sur Arte.tv et diffusé le vendredi 30 septembre 2022 sur la chaîne Arte, dès 20h55.
C’est avec qui ?
Lucy Loste Berset, 14 ans, incarne Anya. Avant La cour, le public a pu la découvrir dans Le temps des secrets de Christophe Baratier. Bientôt, on la verra dans Bardot, réalisé par Danièle et Christopher Thompson. Ses parents sont joués par Lizzie Brocheré (La Belle époque, Les Rivières Pourpres saison 3) et Jérémie Laheurte (Tu mérites un amour, Notre-Dame brûle).
Clotilde Courau interprète Laurence, la directrice de l’école, et Silvère Jacot se glisse dans la peau de Nathan, son fils et camarade d’Anya. Enfin, Djanis Bouzyani (J’irai au bout de mes rêves, Tu mérites un amour) prête ses traits à Vincent, l’un des surveillants.
C’est l’actrice, réalisatrice, scénariste et productrice Hafsia Herzi qui met en scène ce téléfilm. Césarisée en 2008 (catégorie du Meilleur jeune espoir féminin) pour sa participation au film La graine et le mulet, elle a vu son long métrage Bonne mère auréolé du Prix d’ensemble dans la sélection Un Certain Regard au Festival de Cannes 2021. Victor Jestin et Nacim Mehtar ont écrit le scénario.
La cour a remporté les prix de la Meilleure réalisation et du Jeune espoir féminin ADAMI pour Lucy Loste Berset au Festival de la Fiction de La Rochelle 2022.
Ça vaut le coup d’œil ?
Pour sa première réalisation sur Arte, Hafsia Herzi signe un téléfilm important, touchant et débordant de naturel. Ici, le téléspectateur traverse cette cour de récré à la hauteur des écoliers, en proie à leurs premiers émois et en pleine découverte de l’autre. La loi du plus fort s’applique dans ce lieu de jeu et de rencontre(s), régi par des règles dont Anya, auparavant déscolarisée en Australie, ne comprend pas la logique.
En désaccord avec les places automatiquement attribuées par certains de ses camarades hostiles, notre petite héroïne se heurte à ses pairs. Avec ses quelques copains de classe, elle subit du harcèlement, un sujet sociétal de plus en plus mis en lumière de nos jours. Ces guerres, généralement futiles aux yeux des personnages adultes, sont pourtant de l’ordre du vital pour les principaux concernés.
Dans La cour, filles et garçons s’opposent en permanence et la thématique de l’espace est omniprésente. Les footballeurs sont rois et les autres groupes, minoritaires, s’écartent. Si un membre d’une bande se rapproche d’un rival, sa loyauté est remise en cause. Anya (l’une des "losers") et Nathan (l’un des "footeux") l’éprouvent d’ailleurs lorsque leurs amis respectifs découvrent qu’ils partagent un jardin secret...
Accusés de trahison, ils deviennent alors ni plus ni moins les Roméo et Juliette de l’établissement. Lors d’un voyage scolaire, la tension est telle qu’Anya décide de fuguer en pleine nuit dans la forêt... Le danger de vie ou de mort devient ainsi réel aux yeux des parents. Parmi eux, la directrice, Laurence (Clotilde Courau), est démunie face à l’animosité grandissante chez les petits… et les grands.
Grâce à une interprétation rafraîchissante, les jeunes acteurs talentueux de cette fiction retranscrivent parfaitement l’insouciance de l’enfance. Entre affirmation de soi et désir d’appartenir à un groupe, Hafsia Herzi décrit à l’écran les enjeux déterminants expérimentés à cette période de l’existence.
Du côté des "majeurs" de la distribution, Clotilde Courau est très convaincante dans ce rôle de femme dépassée aussi bien professionnellement que personnellement, puisque Laurence est la mère de Nathan. Djanis Bouzyani apporte toute sa drôlerie aux scènes et Lizzie Brocheré et Jérémie Laheurte incarnent avec justesse les parents d’Anya, eux-mêmes en crise suite à leur changement de vie.
La cour est un téléfilm réussi, fin et joli à ne pas manquer.