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    Netflix : comment The Crown a changé l’image d’Elizabeth II
    Emilie Semiramoth
    Emilie Semiramoth
    Cheffe du pôle streaming, elle a été biberonnée aux séries et au cinéma d'auteur. Elle ne cache pas son penchant pour la pop culture dans toutes ses excentricités. De la bromance entre Spock et Kirk dans Star Trek aux désillusions de Mulholland Drive de Lynch, elle ignore les frontières des genres.

    Alors que la planète pleure Elizabeth II, décédée le 8 septembre dernier, The Crown remonte dans le top Netflix. La série de Peter Morgan a contribué à son échelle à l'immense popularité de la Reine d'Angleterre.

    Aucun membre de la famille royale n'a existé dans la culture pop avec un mélange aussi réussi de nouveauté, de patriotisme et d'autodérision que la reine Elizabeth II. Ses deux rencontres filmées avec James Bond pour la cérémonie d’ouverture des Jeux de Londres en 2012 et avec l’ours Paddington pour son jubilé en attestent.

    Mais les représentations fictives de la Reine à l'écran, plus particulièrement dans The Crown, ont sans doute joué un plus grand rôle dans le renouveau de sa popularité auprès du public, notamment des plus jeunes.

    Le drame historique a rendu le genre du biopic royal plus populaire que jamais : en étant disponible en streaming, des millions de personnes à travers le monde ont ainsi pu regarder l'histoire de la vie de la Reine racontée comme jamais auparavant.

    The Crown
    The Crown
    Sortie : 2016-11-04 | 58 min
    Série : The Crown
    Avec Imelda Staunton, Jonathan Pryce, Elizabeth Debicki
    Presse
    3,8
    Spectateurs
    4,3
    Voir sur Netflix

    La "vraie" Elizabeth

    Au moment de la diffusion des deux premières saisons de la série avec Claire Foy dans le rôle d’Elizabeth II, le New York Times a écrit : "Foy nous a montré une jeune femme pleine de vie, transformée, et réduite, en un symbole national." Découvrir Elizabeth, en jeune femme, amoureuse, consciente du poids de la couronne a permis à un grand nombre d’entrer en empathie avec la personne et d’oublier (un peu) sa fonction.

    Car les premières saisons de The Crown couvrent une période où l'on savait très peu de choses sur la vie privée et la personnalité de la Reine. Le public connaissait les faits “basiques” à son sujet, mais les histoires sur sa vie privée et sa personnalité en dehors de sa fonction étaient étroitement contrôlées par le palais.

    En faisant jouer la Reine par une jeune actrice, le public a pu imaginer qu'on lui montrait la "véritable" histoire sur ce qui était arrivé à cette jeune femme, qui, par des circonstances tragiques, était devenue monarque bien plus tôt que prévu ou souhaité.

    Alex Bailey / Netflix

    Celle qu'on imagine

    Dans les saisons 3 et 4, Olivia Colman dépeint une Elizabeth plus âgée aux prises avec l'âge mûr, la maternité et les pressions du devoir. Le troisième épisode de la saison 3 se concentre sur la catastrophe d'Aberfan – l'effondrement d'une mine de charbon en 1966 qui a tué 116 enfants et 28 adultes – et l'impact qu'il a eu sur la Reine.

    Dans la vraie vie, la monarque s'est rendue sur le site de la catastrophe un jour après le retrait du dernier corps, soit une semaine entière après la tragédie. Sa réponse apparemment tardive a suscité des critiques, un moment qui se répétera des décennies plus tard après la mort de la princesse Diana.

    Dans The Crown, la reine est montrée se retirant dans sa chambre après les funérailles, pour finalement tomber le masque et pleurer seule en privé. En procédant ainsi et ce que Peter Morgan comprend implicitement, c'est que les téléspectateurs de The Crown veulent qu'on leur montre la possibilité que – derrière la façade – se trouve une souveraine très différente de celle qu'on nous montre en public depuis des décennies.

    Nul ne sait si la Reine a versé une larme après cette catastrophe, mais Peter Morgan prend la liberté de l’imaginer. Une réaction qui semble juste évidente. Mais il est indéniable que notre perception d’Elizabeth II change après le visionnage de cet épisode, et d’autres, qui la rendent tout simplement humaine. Et de la manière la plus crédible.

    Ollie Upton/Netflix

    Un succès jamais démenti

    The Crown a connu un succès croissant à chaque saison, avec 21 millions de foyers regardant la troisième saison au cours de son premier mois – une augmentation de 40% par rapport à la saison précédente, ont révélé les données de Netflix. Sa popularité est de bon augure pour la famille royale, en particulier auprès du jeune public.

    Giselle Bastin, professeure agrégée d'anglais à l'Université Flinders en Australie, témoigne de l’impact de la série sur ses étudiants auprès d’ABC News : "Je sais, d'après ma propre expérience au cours des 20 dernières années, que beaucoup de jeunes Australiens n'étaient pas intéressés par la famille royale, mais qu'ils s'y sont soudainement intéressés.

    La reine a certainement gagné en popularité auprès des plus jeunes au Royaume-Uni et dans tout le Commonwealth ces dernières années et je pense que la série de Peter Morgan en est en partie responsable."

    Même dans la mort, l'héritage de la reine continuera de vivre comme un pilier de l'air du temps culturel alors que le public continue de se passionner pour les défis et les triomphes de son règne de plusieurs décennies.

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