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    Mort de Jean-Luc Godard : 7 films incontournables à voir absolument
    Corentin Palanchini
    Passionné par le cinéma hollywoodien des années 10 à 70, il suit avec intérêt l’évolution actuelle de l’industrie du 7e Art, et regarde tout ce qui lui passe devant les yeux : comédie française, polar des années 90, Palme d’or oubliée ou films du moment. Et avec le temps qu’il lui reste, des séries.

    Découvrez avec plusieurs de ses films marquants, en quoi Jean-Luc Godard a participé à dynamiter les codes du cinéma avec ses camarades de la Nouvelle Vague.

    À bout de souffle, créer la nouveauté

    Michel Poiccard (Jean-Paul Belmondo) vole une voiture à Marseille et sur la route, tue un gendarme. En arrivant à Paris, il croise une étudiante américaine nommée Patricia (Jean Seberg) avec qui il va faire des projets de fuite à Rome. Mais lorsque sa photo est publiée dans les journaux et qu'il est pourchassé, son destin va basculer.

    C'est une bonne porte d'entrée car c'est le premier long métrage du réalisateur, écrit sur une idée de François TruffautA bout de souffle propose l’itinéraire d'un jeune délinquant qui, après avoir volé une voiture et tué un policier, est traqué par la police. Ce que fait Godard avec son premier long métrage, c'est montrer qu'on peut partir d'un genre surexploité au cinéma (ici, le film policier) et proposer des formes nouvelles pour le raconter.

    À bout de souffle
    À bout de souffle
    De Jean-Luc Godard
    Avec Jean Seberg, Jean-Paul Belmondo, Daniel Boulanger
    Sortie le 16 mars 1960
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    C'est ce qu'il fait en filmant avec une caméra mouvante, en multipliant les regards caméra, en ajoutant à la narration l'improvisation du réel. Pour le dire autrement, il s'agit de laisser la vie réelle qui se déroule autour du film (dans l'arrière-plan, à côté des acteurs), insuffler de la vie au long métrage.

    Ce faisant, Jean-Luc Godard contribue à construire le mouvement cinématographique de la Nouvelle Vague. Et si À bout de souffle est resté dans les mémoires cinéphiles, c’est parce qu’il porte les germes d’un cinéaste accompli, qui frappe fort dès son coup d’essai.

    Vivre sa vie, la modernité avant tout

    Pour boucler ses fins de mois et lutter contre l'ennui, Nana, vendeuse dans un magasin de disques, décide de vivre sa vie comme elle l'entend. Ce film est une déclaration d'amour de Jean-Luc Godard à sa compagne et muse de l'époque : l'actrice Anna Karina.

    Elle est de tous les plans de Vivre sa vie, film en "douze tableaux" (cf. le sous-titre) qui raconte les déambulations d'une jeune femme libre. Libre de ses choix, de son corps, libre de s'exprimer. Godard montre aussi les carcans subis par Nana et, non sans pessimisme, la façon dont la société tourne autour des hommes et qu'ils peuvent s'avérer destructeurs.

    Vivre sa vie: Film en douze tableaux
    Vivre sa vie: Film en douze tableaux
    Sortie : 20 septembre 1962 | 1h 24min
    De Jean-Luc Godard
    Avec Anna Karina, Sady Rebbot, Andre S. Labarthe
    Presse
    5,0
    Spectateurs
    3,9
    Streaming

    Si d'un point de vue formel, Vivre sa vie est encore moins accessible que Pierrot le fou par exemple (noir et blanc, audaces stylistiques, dialogues littéraires), les thématiques qu'il aborde sont plus que jamais d'actualité pour les spectateurs de 2022.

    Alphaville, de la poésie d'anticipation

    Dans une époque postérieure aux années 1960, les autorités des "pays extérieurs" envoient le célèbre agent secret Lemmy Caution (Eddie Constantine) en mission à Alphaville, une cité désincarnée, éloignée de quelques années-lumière de la Terre. Caution est chargé de neutraliser le professeur von Braun, despote d'Alphaville, qui y a aboli les sentiments humains.

    Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution
    Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution
    Sortie : 5 mai 1965 | 1h 39min
    De Jean-Luc Godard
    Avec Eddie Constantine, Anna Karina, Akim Tamiroff
    Presse
    5,0
    Spectateurs
    3,0
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    Plus de sentiments, plus de communication... Godard s'insurge à sa façon contre ce qui compte le plus pour lui. Comment aimer sans langage ? De quoi parler si ce n'est d'amour ? Un film expérimental d'une époque où le cinéaste n'avait pas rejeté toute idée de narration structurée et qui, s'il a un peu perdu de son aspect novateur sur la forme, demeure un long métrage à voir de son réalisateur.

    Détective, toujours avant-gardiste

    Au cours d'un match de boxe, le meurtre d'un Prince déclenche un étrange ballet entre la mafia et la police. Dans un grand hôtel parisien, près de la gare St-Lazare, deux flics enquêtent sur la mort prématurée du Prince. Dans les couloirs, tel un labyrinthe, des personnages cherchent leur chemin. Et leurs histoires se croisent par instants. Avec Johnny Hallyday, Nathalie Baye, Claude Brasseur et Jean-Pierre Léaud.

    Détective
    Détective
    Sortie : 10 mai 1985 | 1h 35min
    De Jean-Luc Godard
    Avec Claude Brasseur, Nathalie Baye, Johnny Hallyday
    Spectateurs
    1,8
    louer ou acheter

    Même lorsqu'on lui confie un certain budget et un casting de stars, Godard n'est pas où on l'attend. En fait de film policier, il livre un film à la frontière de l'expérimental fait de dialogues-citations, d'une histoire décalée et décousue à la limite du compréhensible pour un parfait exercice de style qui casse les codes du polar. A réserver aux inconditionnels du réalisateur.

    Le Mépris, l'amour fini

    Paul, un scénariste français (Michel Piccoli) et son épouse Camille (Brigitte Bardot) visitent le tournage du nouveau film de Fritz Lang, qui tourne l'histoire d'Ulysse pour un producteur américain (Jack Palance). Très vite, Paul se voit proposer de travailler sur le script du film, tandis que Camille se retrouve un peu trop souvent seule avec le producteur, qui l'intimide. Dès lors, leur couple commence à battre de l'aile...

    Le Mépris
    Le Mépris
    Sortie : 27 décembre 1963 | 1h 45min
    De Jean-Luc Godard
    Avec Brigitte Bardot, Michel Piccoli, Jack Palance
    Spectateurs
    3,5
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    Peut-être le film le plus "froid" du début de carrière de Godard. Le Mépris raconte un couple en cours de destruction, une histoire d'amour triste couplée à la naissance d'un film. Parfois, l'amour disparu peut mener à la création. Les images de Brigitte Bardot et de Michel Piccoli sur le thème de Camille composé par Georges Delerue justifient à elles seules la vision.

    Pierrot le fou, les codes explosés

    Ferdinand (Jean-Paul Belmondo) vient de perdre son emploi. Un soir, alors qu'il vient de passer une soirée désastreuse, il renoue contact avec Marianne (Anna Karina), une amie qui est désormais la babysitter de ses enfants. Avec elle, il quitte sa famille pour se lancer dans un voyage improvisé composé de hauts et de bas.

    Pierrot le Fou
    Pierrot le Fou
    Sortie : 5 novembre 1965 | 1h 55min
    De Jean-Luc Godard
    Avec Jean-Paul Belmondo, Anna Karina, Samuel Fuller
    Spectateurs
    3,6
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    Godard est peut-être plus libre qu'il ne l'a jamais été et part dans un film qui est à la fois une ode à l'amour qu'il éprouve à l'époque pour Anna Karina, un film qui fait voler en éclat les récits structurés et dégage un parfum d'anarchie certains, sur la forme comme sur le fond.

    Il est aussi le reflet d'un cinéaste en quête d'un absolu, d'une pureté, qui n'est peut-être possible que dans la mort. Pierrot le fou n'est pas un film accessible, mais il mérite, aussi pour la liberté qu'il dégage, qu'on lui donne sa chance.

    Week-end, la rébellion

    Roland et Corinne quittent la grande ville pour aller passer le week-end à la campagne. Mais de rencontre inattendue en embouteillages monstrueux, leur escapade va virer au cauchemar. Un an avant les événements de mai 68, Jean-Luc Godard oppose le monde de la bourgeoisie gaulliste (représenté par Roland/Jean Yanne et Corinne/Mireille Darc) au reste du monde moderne.

    Week-end
    Week-end
    Sortie : 29 décembre 1967 | 1h 45min
    De Jean-Luc Godard
    Avec Mireille Darc, Jean Yanne, Jean-Pierre Léaud
    Spectateurs
    2,9
    Streaming

    Ces deux personnages vont traverser les embûches avec une indifférence totale et une cruauté certaine. Week-end est divisé en chapitres sans véritable fil rouge autre que ce couple de consommateurs, qui va montrer une herméticité complète à l'imaginaire (le passage avec Lewis Carroll), un penchant pour la violence et le voyeurisme, et un détachement qui frôle la perversion.

    Godard ne fait donc pas dans la finesse du propos, mais montre plus de délicatesse dans la mise en scène, qui opte pour un travelling formidable (l'embouteillage) ou des plans séquences souvent très "crus". Une curiosité qui montre toute l'insaisissabilité du réalisateur.

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