Sorti ce mercredi 24 août sur nos écrans, Beast orchestre l'affrontement entre Idris Elba et un lion mangeur d'homme en Afrique, où le personnage principal se rend avec ses filles après le décès de leur mère. Une histoire de survie, thème fétiche du réalisateur islandais Baltasar Kormákur (à qui l'on doit Everest ou Survivre), dont le principal défi n'était pas tant le tournage sur les lieux de l'action. Mais bien son autre star.
Car Idris Elba n'a jamais fait face à un vrai lion sur le plateau : des images d'archives ont en effet été utilisées pour illustrer certaines scènes, et l'animal principal que le héros affronte est le fruit de trucages numériques. Ce qui n'était pas sans difficulté pour l'acteur sur le tournage, car le défi était aussi bien physique qu'émotionnel.
"Le plus dur a été de modérer mon degré de réaction et d’émotion suivant telle ou telle scène", nous répond-il en interview à ce sujet. "Au début [mon personnage] est quelqu’un qui a peur et j’ai donc dû exprimer ce sentiment. Mais à la fin du film, il trouve la force et le courage en lui. Mon expression change et je dois ainsi afficher une force intérieure que je n’avais pas avant."
"Ce n’est pas simple de réagir de cette manière quand vous n’avez pas quelqu’un de vivant en face de vous. Ne pas me battre avec quelqu’un qui est vraiment face à moi était inédit. La scène la plus difficile émotionnellement fut celle ou je donne un crochet au lion. Pour que ce soit crédible il m'a fallu doser le bon niveau de rage pour réaliser un geste aussi insensé."
Ne pas me battre avec quelqu’un qui est vraiment face à moi était inédit
L'acteur ne s'est cependant pas battu dans le vide. Pas tout le temps. Afin de mieux imaginer la présence physique de l'animal, et ainsi avoir une référence de jeu visuelle, un cascadeur habillé en gris "incarnait" le lion pendant les répétitions.
Avec une chorégraphie très précise et un couvre-chef de la taille de la tête de l'animal, afin que l'équipe puisse avoir un aperçu très précis de ce qu'il pouvait faire. La scène était ensuite tournée sans lui, pour faciliter l'insertion de la créature numérique.
Ce qui n'a pas non plus été de tout repos, puisque le but de Baltasar Kormákur et ses équipes était de faire en sorte que le lion ne soit pas un simple effet spécial : "Nous avons travaillé sans relâche pour que ce lion en images de synthèse devienne vraiment un personnage, aussi vivant que les acteurs qu’il affronte", nous dit le réalisateur.
"Nous avons effectué beaucoup de recherches sur la vie de ces grands mammifères, afin que tout soit le plus crédible possible. De plus, je ne voulais pas que le lion qui s’attaque à cette famille soit le méchant typique, mais que l’on comprenne bien son passé et son traumatisme.
Nous avons eu une équipe fantastique qui nous a permis, après des mois de travail, d’arriver à un résultat qui devrait vous couper le souffle." Et vous pouvez en juger dès maintenant sur grand écran.
Propos des interviews recueillis par Emmanuel Itier à Los Angeles le 8 août 2022