De quoi ça parle ?
1920, les années folles. Georges Clemenceau vient de perdre l’élection présidentielle face à l'inconnu Paul Deschanel, un idéaliste qui veut changer le pays. Mais un soir ce dernier tombe d'un train et se volatilise. Au petit matin, la France cherche son président, une occasion en or pour le Tigre Clemenceau...
La folle histoire d'un président méconnu !
Plutôt rares sont les films récents à s'être intéressés pleinement à la IIIe République (1870 - 1940), et plus rares encore sont les films à avoir jeté leur dévolu sur la figure de Paul Deschanel, considéré comme l'un des présidents de la République les moins connus de l'Histoire de France. Ce président qui n'a présidé que 7 mois et 3 jours a néanmoins marqué l'Histoire... pour des faits plus ou moins véridiques, en tout cas incroyablement romanesques !
C'est avec ce parti pris que le réalisateur Jean-Marc Peyrefitte, son coscénariste Marc Syrigas, et les producteurs du Tigre et le président ont eu envie de raconter cette histoire qui semble tellement incroyable qu'elle pourrait être inventée. Certes, le film romance beaucoup et prend un certain nombre de libertés avec la réalité. Mais la matière première reste authentique : celle d'un président au mandat le plus court de toute l'Histoire de France.
Dans la lignée d'Amadeus
"Nous nous inscrivons dans la grande tradition du « roman historique », qui, selon sa définition, « prend pour toile de fond un épisode (parfois majeur) de l’Histoire, auquel il mêle généralement des événements et des personnages réels et fictifs », détaille Jean-Marc Peyrefitte dans le dossier de presse du Tigre et du président. Le meilleur exemple au cinéma est sans aucun doute l’Amadeus de Milos Forman qui s’appuie sur une rivalité fictive entre Mozart et Salieri, puisque le second, admiratif du premier, a vraisemblablement plutôt cherché à le soutenir, n’a jamais commandé le Requiem, et ne l’a pas assassiné en le surmenant. Mais la fiction est parfois plus facile et délicieuse à croire que la réalité…"
Une comédie politique sur le pouvoir
Pour décrire les intentions de ce film, le scénariste parle d'une "comédie politique sur le pouvoir", qui trouve d'ailleurs un certain écho avec des sujets actuels (la place des femmes, des médias...). Grâce à son tempo de comédie, et ses acteurs qui assument pleinement ce registre allant presque jusqu'à la farce, Le Tigre et le président a pour ambition d'intéresser les spectateurs de divertissement pur, peut être plus que les puristes d'Histoire, attachés aux faits réels. Le film affiche une certaine fantaisie et veut dresser le portrait de "perdants magnifiques", "des antihéros", quitte à prendre des libertés avec les faits. Certains sont purement inventés.
J’aime que l’Histoire avec un grand « H » fasse un léger pas de côté
"J’aimais cette notion de perdant magnifique et j’avais envie de confronter cet être évanescent, insaisissable, en avance sur son temps et un peu fragile, à Clemenceau, homme viril et fort, qui, lui, a marqué l’Histoire. Je pressentais que dans cette confrontation, il y avait moyen de faire du cinéma, indique le réalisateur. J’aime que l’Histoire avec un grand « H » fasse un léger pas de côté et offre la possibilité de raconter la petite histoire, à hauteur d’homme, au sein de la grande Histoire. C’est ce qui m’intéressait chez ces deux personnages et j’ai eu la chance d’avoir deux grands acteurs pour incarner les contradictions de l’être humain face au pouvoir."
Pour camper les rôles principaux, Jean-Marc Peyrefitte a fait appel à Jacques Gamblin et André Dussollier. Tous deux se retrouvent presque 25 ans après Les Enfants du marais de Jean Becker, sorti en 1999. Tous deux s'étaient déjà illustrés dans le genre du biopic, mais dans des registres assez différents : André Dussollier dans le costume de Staline pour Une Exécution ordinaire de Marc Dugain (2010), et Jacques Gamblin en Facteur Cheval, dans L'Incroyable histoire du Facteur Cheval (2019).
Le Tigre et le président est actuellement au cinéma.