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    Le Tigre et le Président : l'histoire vraie et rocambolesque d'un homme politique totalement oublié
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 13 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    Le Tigre et le président : la folle histoire d'un président (presque) totalement oublié. Où est le vrai du faux dans le film ? Beaucoup de fiction ou un film basé sur des faits réels uniquement ?

    1920, les années folles. Georges Clemenceau vient de perdre l’élection présidentielle face à l'inconnu Paul Deschanel, un idéaliste qui veut changer le pays. Mais un soir ce dernier tombe d'un train et se volatilise. Au petit matin, la France cherche son président, une occasion en or pour le Tigre Clemenceau...

    Voici le pitch de la comédie Le Tigre et le président, sortie au cinéma ce mercredi. Ce film historique se base sur des faits réels, autour de deux personnalités de la IIIe République, Georges Clemenceau (le Tigre) et Paul Deschanel (le président). Mais est-ce que ce film se base essentiellement sur des faits avérés ou plutôt librement inspirés de faits historiques ? Éléments de réponse !

    Trois biographies ont été consacrées à Paul Deschanel. Pour préparer le film, le réalisateur et scénariste s’est appuyé principalement sur celle de Thierry Billard, écrite dans les années 80 car "elle le valorisait, contrairement à celle des années 30 qui le fustigeait." Le réalisateur s'est également procuré l’intégrale de ses discours, qui font près de six mille pages, et a écouté à la BNF les enregistrements numérisés de ses discours. Un vaste travail de documentation a donc d'abord été établi.

    La majorité des faits rapportés dans le film sont vrais et avérés

    Néanmoins, dès les premières images du film, le spectateur est prévenu que le film prend une part de liberté. Comme l'indique le réalisateur Jean-Marc Peyrefitte, dont c'est le premier long métrage, "nous avons écrit, dès la phrase en exergue, que nous nous sommes « inspirés de faits réels », et que nous en avons même inventés (« imaginés ») certains. C’est dire à quel point nous assumons le fait qu’il s’agisse d’une fiction…"

    "La majorité des faits rapportés dans le film sont vrais et avérés, et ce sont les idées de Paul Deschanel, qui paraissent rêvées mais qui sont toutes authentiques, qui nous ont inspirées", poursuit-il dans le dossier de presse du film.

    Le Tigre et le Président
    Le Tigre et le Président
    Sortie : 7 septembre 2022 | 1h 38min
    De Jean-Marc Peyrefitte
    Avec Jacques Gamblin, André Dussollier, Christian Hecq
    Presse
    3,1
    Spectateurs
    3,3
    louer ou acheter

    Alors, où se cache la part de fiction du film ? "Nous avons apporté des éléments de fiction dans cette histoire, notamment pour renforcer la rivalité entre les deux personnages. D’un côté, Deschanel n’a pas connu à proprement parler « d’état de grâce » : il a, presque immédiatement après son élection, sombré dans les angoisses, et les médicaments. Ainsi, la scène de conseil des ministres où il congédie avec autorité un membre de son gouvernement, et fait plier Millerand est purement fictive. De l’autre côté, la scène où Clemenceau conseille le Veronal à Germaine Deschanel est totalement inventée, Clemenceau n’a pas accusé les « Bolcheviks » d’avoir enlevé Deschanel (même s’il les accusait de tous les maux de la terre), et il est parti aux Etats Unis bien après l’élection de Millerand."

    Laisser place à la comédie

    Le personnage incarné par Anna Mouglalis est quant à lui inventé. "Il se trouve que Deschanel et Clemenceau fréquentaient le même salon, ce qui nous a permis de créer le personnage d’Ariane, la prostituée jouée par Anna Mouglalis, devenue la confidente sur l’oreiller des tourments des deux personnages, comme un oracle qui connaît le peuple et que les deux hommes viennent consulter dans leur quête commune d’opinion publique".

    Afin de faire la part belle à la comédie et au divertissement, les scénaristes n'ont pas hésité à souligner la part fantasque de certains faits : "Je me suis appuyé sur une thèse du psychiatre Gérard Milleret qui soutient ce qu’aucune biographie n’a jamais suggéré sur Paul Deschanel : il aurait pris du Véronal, première molécule de barbiturique, qu’on lui a conseillé après son élection, mais qui a été interdit six mois plus tard. D’après le Dr. Milleret, le médicament lui procurait des « réveils confuso-oniriques » – autrement dit somnambuliques – et il aurait donc été dans un état de somnambulisme avancé lorsqu’il s’est éjecté du train. D’autres parlent d’un accident, voire d’une tentative de suicide. Plus je cherchais, plus je découvrais un foisonnement d’hypothèses, ce qui me confirmait qu’il fallait avoir un rapport un peu ésotérique à ce personnage", apprend-on de la part du réalisateur.

    Le film prend le parti de raconter la vie du président avec du rocambolesque et le côté extraordinaire de certains épisodes de sa vie. Inspiré de faits réels donc, mais avec du romanesque et de la fantaisie.

    Le Tigre et le président, coécrit par Jean-Marc Peyrefitte et Marc Syrigas, est le premier long métrage de Jean-Marc Peyrefitte, actuellement au cinéma.

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