The Time Traveler’s Wife sous le feu des critiques ! Adaptée d’un roman publié en 2003, la série créée par Steven Moffat (Sherlock, Doctor Who) raconte la romance entre Henry (Theo James), qui voyage dans le temps sans le vouloir, et Claire (Rose Leslie), qui l’a rencontré alors qu’elle n’avait que 6 ans avant de l’épouser bien plus tard.
Une relation qui soulève une question de taille : s’agit-il d’une belle histoire d’amour à l’épreuve du temps ou bien d’une romance malsaine ?
Une intrigue décriée
S’intéresser aux voyages dans le temps, c’est souvent ouvrir la porte à tout un tas d’incohérences ou de questionnements moraux. Dans le cas de The Time Traveler’s Wife, plusieurs critiques ont souligné le fait que voir un trentenaire rendre régulièrement visite à une enfant puis une adolescente qu’il sait être sa future compagne est problématique.
"Un homme de plus de 30 ans qui élève pratiquement sa future femme, dès l'âge de 6 ans, pour en faire sa partenaire idéale, a des connotations encore plus gênantes aujourd'hui qu'en 2003", peut-on ainsi lire dans le Time. "Le duo noue ce que la série aimerait appeler une amitié, mais je préfère voir ça comme de la prédation sexuelle", écrit, de son côté, une journaliste du site rogerebert.com.
Le San Francisco Chronicle va même plus loin en déclarant : "Le sentiment d'exploitation omniprésent de cette série culmine dans la représentation effrayante de la relation entre Henry, adulte, et Claire, enfant. Henry remonte dans le temps pour se lier d'amitié avec la jeune fille et, selon toute apparence, la forcer à tomber amoureuse de lui.
Ce point de l'intrigue pourrait avoir un rapport avec le maintien de la chronologie. Mais on le ressent comme un narcissisme accentué par de fortes suggestions de prédation.
Cette prémisse était dégoûtante en 2003 lorsque Niffenegger a écrit le livre. En 2022, après #MeToo et les scandales de Jeffrey Epstein et Woody Allen, alors que tout le monde est au courant, une série reposant sur la rencontre d'un adulte avec une enfant en secret dans les bois (...) n'aurait pas dû être réalisée."
Qui a conditionné qui ?
Notons que le terme “grooming”, que l’on peut traduire par “prédation sexuelle” en français, soit quand un adulte se lie d’amitié avec un enfant et gagne sa confiance dans le but d’avoir une relation sexuelle, est utilisé par les personnages eux-mêmes. Mais la série présente la situation plutôt comme un “conditionnement à l’amour” qu’un “conditionnement sexuel”.
En effet, quand, à 18 ans, Claire cherche à avoir une relation sexuelle avec un Henry âgé de 41 ans, celui-ci commence par refuser, réalisant qu’il a quasiment éduqué sa future épouse, la conditionnant à l’aimer. Mais cette dernière répond qu’il s’agit du contraire, que c’est elle qui a conditionné Henry à être l’homme de ses rêves.
La réponse du créateur de la série
Interrogé par TVLine à propos de ces accusations de prédation, Steven Moffat, qui est un grand fan du roman d’Audrey Niffenegger dont il reprend la trame et qu’il considère comme "parfait", a répondu :
"Ce n'est pas ce qui se passe dans le livre, le film ou la série. Il est marié avec elle. Il la rencontre à l'âge adulte, il tombe amoureux d'elle, il se marie avec elle, puis il est projeté dans le passé, sans que ce soit de sa faute, et il est confronté à la version enfantine de la femme qu'il aime déjà. Plus encore dans la version série, il lui fait clairement comprendre qu'il n'est qu'un ami."
Et d’ajouter que la version âgée de Henry qui rend visite Claire est "un homme responsable qui a donc des règles très strictes à propos de [leurs échanges]". Puis de conclure : "Si l’un des deux a changé l’autre, c’est Claire qui a changé Henry. Claire est exactement la même personne quand elle était petite fille que lorsqu'on la voit à 70 ans. Henry coule autour de Claire comme une rivière autour d'un rocher. Il devient l'homme qu'elle veut qu'il soit parce qu'il l'aime."
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