Disponible dès à présent sur Disney+, la série documentaire Esquisses revient sur la conception de quelques-uns des plus grands succès des studios Disney, donnant la parole à celles et ceux qui ont directement contribué à la création de personnages emblématiques de la célèbre compagnie.
De l'étape de la simple idée au développement puis à l'animation des personnages, les coulisses des plus gros succès Disney n'auront plus aucun secret pour vous grâce à cette série événement ! Notre correspond américain a pu rencontrer plusieurs personnalités, et même quelques légendes, des studios Disney !
Parlez-nous de la création d’un personnage de dessin animé ?
Samantha Vilfort (animatrice) : C’est une question intéressante. C’est un effort collectif impliquant une armée de personnes aux multiples talents. En général, pour moi qui suis dans le département de l’écriture, je participe à toutes les étapes de développement des films.
La période de développement, avec le ou les réalisateurs, dure environ un ou deux ans. Pour Encanto, nous avions imaginé de nombreux personnages différents avec diverses approches. C’est à partir de cette étape que nous commençons à penser aux acteurs pour interpréter ces personnages. C’est un processus compliqué de déterminer à quoi ressemblera au final un personnage comme Mirabel Madrigal par exemple.
Ensuite ce sont les animateurs qui vont donner vie aux personnages. Tout le monde finit par y mettre du sien et apporte une partie de sa personnalité au projet. Rien que dans mon département nous sommes 10 à 15 personnes. C’est grosso modo la même chose dans les autres département. Donc vous pouvez imaginer le nombre de personnes qui finissent par travailler sur l’élaboration d’un personnage de dessin animé. C’est une entreprise pharaonique.
Mark Henn (animateur) : Effectivement cela prend une armée de personnes passionnées et talentueuses pour créer tout un univers dans chaque dessin animé. Ce n’est vraiment qu’à la fin, quand tout ce beau monde a pu contribuer au projet, que nous nous réalisons qui est vraiment ce personnage que nous avons créé. Des personnages emblématiques comme Mirabel Madrigal ou Simba se révèlent à vous en fin de parcours, prêts à vivre leurs aventures sur le grand écran. C’est un moment vraiment magique.
Jin Kim (animateur et concepteur de personnages) : C’est une question qui me prendra beaucoup de temps à répondre vu, en effet, le nombre de personnes qui travaille sur tout projet d’animation. Parfois cela peut prendre des années. Pour Raiponce nous avons travaillé environ dix ans pour mener jusqu’à son terme cette production. Pour chaque projet c’est environ 400 à 500 personnes qui se retrouvent impliqués dans sa fabrication.
Gabby Capili (scénariste) : Pour ma part je suis une artiste qui se focalise sur les storyboards. Mon travail consiste à transformer un script en une série de séquences visuelles, rapidement élaborées, afin de mieux cerner l’histoire et l’aspect cinématographique de l’œuvre. Nous sommes une dizaine dans mon équipe. Ensuite c’est un long débat qui s’opère avec le ou les réalisateurs responsables du projet dans sa globalité. Comme l’ont souligné mes collègues, c’est vraiment un travail d’équipe qui implique un grand nombre de talents.
Qu’est-ce qui définit un personnage Disney?
Eric Goldberg (animateur) : Je crois que les personnages de Disney ont une personnalité unique au monde. Comme Walt Disney à son époque, nous considérons chaque personnage comme un individu totalement unique, presque à la manière d’un être vivant. Il faut que chaque personnage que nous créons marche ou parle d’une certaine manière, différente des autres personnages, c’est cela selon moi ce qui caractérise un personnage Disney.
Hyun Min Lee (animatrice) : Je pense que le public doit également pouvoir s’identifier à ces personnages. Les gens, surtout les jeunes, ont besoin de s’identifier à des héros de dessin animé. C’est cela aussi le style Walt Disney. Que ce soit un lion ou même une fleur, tout personnage se doit d’être le plus humain possible pour que le public puisse se reconnaître dans l’un ou l’autre. Par exemple dans Aladdin, on nous a souvent dit que le personnage préféré des gens était le tapis volant ! Un tapis qui devient le meilleur ami du public, c’est tout de même incroyable. Mais ce n’est que le résultat de la personnalité forte et singulière que nous lui avons donné. Tout est une question d’émotion, qu’il s’agisse d’un tapis volant, d’un singe ou bien évidemment d’un être humain.
Eric Goldberg : Je me souviens d’un journaliste qui après avoir vu Aladdin confiait à ses lecteurs que le jeu d’acteur du tapis était bien meilleur que celui de la plupart des acteurs d’Hollywood et notamment de Steven Seagal ! (rires) Cela résume bien la force des personnages que nous créons chez Disney.
Selon vous, l’industrie de l’animation a-t-elle beaucoup changé ces dernières années ?
Mark Henn : Absolument ! Au départ nous dessinions tout à la main, avec un crayon et du papier. Maintenant, nous avons évolué vers une approche entièrement digitale. Nous sommes devenus un studio spécialisée dans l’animation par ordinateur. Mais cela nous arrive de temps en temps, pour effectuer un dessin rapidement, de reprendre nos crayons et nos feuilles de papier.
La technologie a changé mais la méthode de travail, les différentes étapes pour faire un film d’animation sont restées les mêmes. Tout ce que nous avons appris dans la passé avec l’animation 2D a été totalement transposé dans l’univers 3D et du digital. Tout commence avec quelques mots sur le papier, décrivant une séquence, puis cela arrive dans le département Samantha qui doit fournir une description plus précise de ce qui se déroule dans la scène. Elle développement l’idée, en apportant un “plus”.
Ensuite les animateurs vont à leur tour rajouter des choses, et fournir un “plus” supplémentaire à cette vision plus précise. Tous ces “plus” aboutissent à une la séquence que nous découvrirons dans le film. C’est cela la tradition Disney.
Eric Goldberg : Ce qui n’a pas changé, c’est qu’il faut nous réinventer à chaque fois que nous voulons créer un nouveau personnage. Avant La Princesse et la grenouille je n’avais jamais animé d’alligator qui joue de la trompette ! Et cela a été un vrai défi. J’ai dû étudier tous les aspects de cet animal pour savoir quelles touches de la trompette il devait jouer, et j’ai également dû faire appel à l’un de nos collègues qui savait en jouer. L’aspect le plus difficile de l’animation est d’obtenir un résultat qui nous semble vraiment réaliste.