En 2019, Poupée russe – une création de Natasha Lyonne, Leslye Headland et Amy Poehler – a débarqué sur Netflix en toute discrétion mais a tout de suite su trouver son audience. Portée à l’écran par Natasha Lyonne elle-même – l’inoubliable Nicky de Orange Is the New Black – Poupée russe est une dramédie à l’humour noir et avec un vrai thème existentialiste en trame de fond.
Après avoir trouvé la mort des centaines voire des milliers de fois le soir de son 36ème anniversaire, car prisonnière d’une boucle temporelle, Nadia Vulvokov n’en a apparemment pas fini avec les espaces temps. En prenant le métro new-yorkais, elle se retrouve soudainement et sans aucune explication logique propulsée en 1982.
Retour vers les années 1980
Pas de panique, cette information ne constitue pas un spoiler puisque l’intrigue se met en route dès les 10 premières minutes du premier épisode. Très vite, Nadia se rend compte qu’elle est cette fois dans le corps de sa mère (Chloë Sevigny), enceinte à ce moment-là de Nadia… Et elle doit résoudre une énigme familiale qui a marqué aussi bien sa mère que sa grand-mère. On ne vous en dit pas plus…
Alors que la saison 1 faisait clairement écho à Un jour sans fin, avec sa fameuse boucle temporelle, cette fois-ci la saison 2 lorgne plutôt du côté de Retour vers le futur. Avec cette idée du fameux "Et si…" Nadia pouvait changer (peut-être réparer ?) un élément du passé de sa mère, cela résoudrait les problèmes de la famille.
Des Kruggerands, l’ex de sa mère et Alan
La saison 1 de Poupée russe nous a habitués à une certaine folie dans sa narration et la nouvelle saison ne fait pas exception. Il est question d’un héritage digne d’un trésor mythique qui a mystérieusement disparu : la grand-mère de Nadia, juive ashkénaze, a fui la Hongrie et les nazis avec 150 Kruggerands, des pièces d’or d’Afrique du Sud, pour assurer son avenir et celui de sa descendance. Mais le magot aurait disparu. Volé ? Envolé ? Nadia entend faire la lumière là-dessus.
En plus d’être "enfermée" dans le corps de sa mère Lenora quand elle voyage en 1982, Nadia fait une rencontre pour le moins déstabilisante : celle de Chez Carrera, joué par Sharlto Copley (District 9), un ancien amant de Lenora, qui est aussi un escroc. Quant à Alan (Charlie Barnett), son co-prisonnier de la boucle temporelle mortelle de la saison 1, il est lui aussi de retour mais le développement de son arc narratif intervient plus tard dans la saison.
Le WTF comme marque de fabrique
Poupée russe ne s’est jamais embarrassée à tenter la moindre explication sur ses voyages temporels et poursuit ce désengagement total avec la même constance. Car on l’a bien compris, cet artéfact scénaristique sert surtout de catharsis aux personnages. Pari réussi puisque, côté spectateur, on se soucie davantage des situations improbables dans lesquelles Nadia se retrouve que de la façon dont elle y est arrivée.
Sous cette carapace dure en apparence et derrière cette gouaille irrésistible, Nadia cache des traumatismes qu’elle-même peine à reconnaître. Et ils sont essentiellement liés à sa mère et la maladie dont cette dernière souffrait, la schizophrénie. Cette peur, Nadia la cache habilement derrière son excentricité, qu’elle porte comme un costume. Mais à mesure qu’elle l’explore, on découvre un peu plus – comme dans la saison 1 – la profondeur émotionnelle de ce personnage décidément iconoclaste.
Poupée russe, une série créée par Natasha Lyonne, Leslye Headland et Amy Poehler. Episodes vus : 3 sur 7. Disponible sur Netflix.