Auteur - créateur du personnage et de l'histoire de Rocky, Sylvester Stallone fut cité deux fois à l'Oscar en 1977, aux titres de Meilleur acteur et du Meilleur scénario. Rocky, un personnages depuis largement ancré dans la culture américaine, une icône positive de l'American Struggle for Life, qu'il développera de manière inégale sur six films, jusqu'au solide et touchant Rocky Balboa en 2006.
Pour faire bonne figure, il faut évidemment mentionner le superbe Creed : l'héritage de Rocky Balboa, dans lequel il reprend son rôle fétiche mais vieillissant, et qui lui a valu à la fois une citation à l'Oscar du Meilleur second rôle, mais aussi le Golden Globe du Meilleur second rôle.
Une récompense inattendue, à commencer par l'intéressé; lui qui était depuis des décennies plutôt abonné aux nominations des Razzie Awards. C'est donc un Stallone ému et un peu sonné qui est monté sur scène pour reçevoir son prix.
Dans son discours de remerciements, il cite la presse étrangère, sa famille, son agent, le studio, les producteurs historiques de la saga Rocky, Irwin Winkler et Robert Chartoff, "qui avait carrément hypothéqué sa propre maison pour parier sur un acteur balbutiant, m’offrant la chance de ma vie". Et, peut-être le plus important, il remercie son "ami imaginaire Rocky Balboa" à qui il doit toute sa carrière, et dont le cheminement personnel, moments douloureux inclus, s'est plus d'une fois confondu avec son alter ego cinématographique. Comme Rocky, Sly s'est fait tout seul. Une séquence incroyablement émouvante donc.
Oubli bien malheureux : il ne fait aucune mention de Ryan Coogler, qui lui avait écrit le rôle pour ce Creed : l'héritage de Rocky Balboa, et réalisateur du film. Un oubli qui n'avait pas échappé aux réseaux sociaux qui se sont enflammés, à commencer par les stars afro-américaines comme Samuel L. Jackson ou Ava DuVernay.
"Bon, eh bien je vais remercier Ryan Coogler et Michael B. Jordan puisque personne d’autre le fait. Merci mes frères. Beau travail" avait twitté la réalisatrice.
"#waitwaitwait, Ryan Coogler et Michael B. Jordan, Merci d'avoir joué avec moi !! J’adorais Stallone mais…" avait twitté de son côté Jackson..
De manière assez perfide, le Hollywood Reporter fit un article en titrant "Sylvester Stallone critiqué pour avoir oublié le réalisateur noir de Creed". Avec un tel titre, le magazine laissait entendre que l'oubli de Stallone était dû au fait que le réalisateur était noir.
Vu le degré particulièrement inflammable du sujet aux Etats-Unis, c'est un titre malhonnête, même si le HR précise quand même que Sly corrigera le tir en revenant sur scène durant la coupure publicitaire pour réparer le préjudice moral.
Il est assez inconcevable d'imaginer que Stallone n'ait sciemment pas remercié Coogler en raison de sa couleur de peau. D'autant plus que son film Creed n'aurait jamais pu se faire sans le soutien et la participation de Sly. Une polémique de plus dans la mare hollywoodienne dont elle a toujours le secret...