Ecrit en un week-end, tourné en six jours pour 25000 dollars dont 1200 pour son interprète principale, Gorge profonde (Deepthroat en anglais) est un film pornographique devenu un véritable phénomène de société. Sa sortie en pleine révolution sexuelle a fait de ce film d'une heure destiné à un public limité, un succès grand public.
Le documentaire Gorge profonde : quand le porno est sorti du ghetto, disponible gratuitement sur le site d'Arte et sur Youtube, revient en détail sur la façon dont l'interdiction du film lui a finalement permis de rassembler plus de public qu'il n'aurait jamais pu l'espérer. Malgré tout, Gorge profonde est tristement célèbre pour une autre raison, car l'actrice principale du film, Linda Lovelace, a été contrainte à faire le film contre sa volonté.
Pour rappel, Gorge profonde possède un scénario complètement farfelu : une femme découvre que son clitoris se trouve au fond de sa gorge. Cependant, à l'époque de sa sortie (1972), parler du clitoris comme source du plaisir féminin est loin d'être une évidence, et par sa grande popularité, Gorge profonde permet de lancer des conversations à ce propos.
Linda Lovelace est immédiatement propulsée star de ce nouveau genre cinématographique (les films pornographiques sortent alors au cinéma) et ne tarde pas à tourner Deep Throat Part II (1974) puis Linda Lovelace for President (1975). Après cette dernière expérience, elle met fin à sa carrière et son histoire aurait pu s'arrêter là.
Sauf qu'en 1980, à la stupéfaction générale, Lovelace révèle dans son autobiographie intitulée Ordeal (Supplice) que durant son mariage avec Chuck Traynor, qui était également son manager, elle était victime de violences, de viols, prostituée et forcée à tourner des films pornographiques, dont Gorge profonde.
Des années plus tard, le réalisateur de ce dernier, Gerard Damiano, a déclaré qu'il n'avait rien constaté de tel sur le plateau de son film et que Lovelace, engagée dans le mouvement féminin antipornographie, était peut-être manipulée pour écrire cela.
Traynor, a quant à lui, nié ces allégations mais est cité dans le livre de Gloria Steinem (amie de Lovelace) Outrageous Acts and Everyday Rebellions comme étant le "créateur" de Linda Lovelace. Lorsqu'il l'a connue, celle qui s'appelait encore Linda Boreman aurait été en outre "très timide" et "choquée d'être vue nue par un homme".
Le documentaire Inside Deep Throat sorti en France en 2005 donnera raison à Lovelace, avec notamment le témoignage d'un technicien racontant qu'il pouvait entendre les coups reçus par la comédienne à travers les murs de l'hôtel.
Gorge profonde : quand le porno est sorti du ghetto montre enfin Lovelace sur les plateaux de télévision en train de défendre son témoignage face à un public qui ne la croit pas et lui reproche de ne pas s'être enfuie pour contrer l'emprise de Traynor. Elle a également dû passer au détecteur de mensonges avant d'être publiée.
Pour en savoir plus, découvrez gratuitement le documentaire ci-dessous, sur le site d'Arte ou sur Youtube :
A noter que les recettes de Deepthroat contribuèrent à créer la société Bryanston Distributing, qui sortira en salles aux Etats-Unis d'autres films pornographiques, mais aussi Massacre à la tronçonneuse et La Fureur du dragon avec Bruce Lee.