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    Notre-Dame brûle : vraies flammes ou images de synthèse ? Comment l'incendie a été reconstitué ?
    Vincent Formica
    Vincent Formica
    -Journaliste cinéma
    Bercé dès son plus jeune âge par le cinéma du Nouvel Hollywood, Vincent découvre très tôt les œuvres de Martin Scorsese, Coppola, De Palma ou Steven Spielberg. Grâce à ces parrains du cinéma, il va apprendre à aimer profondément le 7ème art, se forgeant une cinéphilie éclectique.

    Notre-Dame brûle, sorti en salles le 16 mars, met en scène le dramatique et spectaculaire incendie de l'édifice, survenu le 15 avril 2019. Comment le réalisateur a-t-il pu réaliser une entreprise aussi réaliste ? On décrypte.

    Notre-Dame brûle, mis en scène par Jean-Jacques Annaud, reconstitue heure par heure l’invraisemblable réalité des évènements du 15 avril 2019.

    Ce jour-là, la cathédrale subissait le plus important sinistre de son histoire. Pour sauver le monument, des femmes et des hommes vont mettre leurs vies en péril dans un sauvetage rocambolesque et héroïque.

    Pour parvenir à mettre en boîte cette histoire de la manière la réaliste possible, Jean-Jacques Annaud et son équipe ont effectué un travail monumental.

    Réalisé avec l'ambition d'une fresque spectaculaire, Notre-Dame brûle place le célèbre édifice en tant que rôle principal. Ainsi, Jean-Jacques Annaud pu tourner quelques scènes à l’intérieur mais il a surtout fallu reconstruire à l’identique une partie de la cathédrale en studio.

    Notre-Dame brûle
    Notre-Dame brûle
    Sortie : 16 mars 2022 | 1h 50min
    De Jean-Jacques Annaud
    Avec Samuel Labarthe, Jean-Paul Bordes, Mikaël Chirinian
    Presse
    3,5
    Spectateurs
    3,8
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    D'après le cinéaste, le bâtiment restait inaccessible par l’omniprésence de plomb et des risques d’effondrement. "Mais de toute façon, il fallait noyer l’édifice dans la fumée, recouvrir le sol de cendres et de poussière, y faire chuter des tonnes de poutres enflammées, inonder le dallage", explique-t-il dans le dossier de presse.

    L'équipe a tout reconstruit à l’identique. Elle a ensuite mis le feu aux décors avec des centaines de tuyères.

    "Nous avons reconstruit en studio à l’échelle 1, une grande partie de la nef, les escaliers en colimaçon, les coursives extérieures et la charpente du transept Nord, et l’intérieur du colossal beffroi des cloches de la scène finale. Bref tous ces lieux emblématiques de Notre-Dame qui ont été au coeur de la catastrophe et qu’il fallait absolument montrer avant et pendant l’incendie", confie Jean-Jacques Annaud.

    LA SÉQUENCE LA PLUS DIFFICILE À TOURNER

    Une des scènes les plus compliquées à tourner pour le réalisateur a été l'effondrement de la voûte sous le poids de la flèche qui bascule. "C'est vraiment un moment tout à fait dangereux parce qu'on a quand même une surface de je ne sais pas combien de centaines de mètres carrés qui tombent en flammes. Et ça bouffe tout l'oxygène du plateau", souligne le cinéaste.

    Vous pouvez avoir un aperçu de cette séquence dans la vidéo ci-dessus, dans laquelle Jean-Jacques Annaud évoque les difficultés inhérentes au tournage de ce genre de séquence périlleuse et très coûteuse.

    "Ceux qui restent sur le plateau sont obligés d'avoir un scaphandre quasiment. C'est des scènes qu'on a beaucoup répétées et ça s'est très bien passé. On a évidemment dû la faire en une prise. Si j'avais eu à en faire une autre, je prenais une semaine dans les dents", précise le metteur en scène.

    Pour le papa de L'Ours, ce genre de prise est magique : "Au moment de dire action, de donner le top départ à tous les effets spéciaux, ce décor, qui semblait tout simple, sur un ciel calme, se transforme en brasier avec des flammes gigantesques. D'un seul coup il y a une magie et une force sur le plateau", affirme-t-il.

    Le réalisateur souligne qu'il s’agissait d’une reconstitution totale puisqu’aucune caméra de surveillance, inexistantes à Notre- Dame, n’a enregistré ce moment. "Les pompiers eux-mêmes, en sous-effectif de leur service audiovisuel ce jour-là, n’ont aucune image de cette scène capitale", révèle-t-il.

    Dans la réalité, la voûte est tombée d’une hauteur de 40 mètres, déversant 500 tonnes de poutres enflammées, de mortier et de pierres sur le dallage de la cathédrale. "Cette séquence dure environ 1 minute 30 à l’écran mais elle nous a demandé des semaines de préparation !"

    Pour ne pas avoir à refaire cette prise capitale, Jean-Jacques Annaud a tourné avec une douzaine de caméras en simultané, sous des angles différents, certaines étant au milieu du brasier, protégées par ce qu'on appelle des crash box, des boîtes en métal ultra résistantes au choc et à la chaleur.

    "Pas une seule de ces caméras ne nous a fait défaut ! En revanche, la puissance du feu a en partie fait cramer le plafond du studio : heureusement nous étions bien assurés", confie le cinéaste.

    CONSTRUIRE LES DÉCORS

    Pour le travail de construction des décors et des lieux de tournage en studio, Jean-Jacques Annaud et son équipe ont dû trouver les lieux adéquats. Ils avaient besoin de plateaux suffisamment vastes pour accueillir des décors de 25 ou 30 mètres de haut, qui seraient en plus pour la plupart totalement brûlés !

    "Nous voulions absolument tourner en France mais le fait est que pas un seul studio n’a les infrastructures nécessaires à ce projet. Deux choix se sont offerts à nous : La cité du Cinéma de Saint-Denis, et Bry-sur- Marne. À Saint-Denis, nous avons tourné en intérieur et à Bry, sur le « back lot » comme on dit, un vaste espace en extérieur", se souvient le réalisateur.

    L'équipe du film a aussi eu besoin d'ateliers de menuiserie, de ferronnerie, de sculpture, de moulage de plâtres, etc. Annaud a réussi à obtenir le minimum d’espace vital pour son film en termes d’infrastructures. À la Cité du Cinéma, il a pu compter sur l’expérience des équipes techniques, qui ont l’habitude de ce genre de productions.

    "J’ai également bénéficié de l’extraordinaire savoir-faire de Jean Rabasse, chef décorateur exceptionnel. Jean a travaillé sur plusieurs films de Jean-Pierre Jeunet mais également pour Bernardo Bertolucci ou Roman Polanski. Nos premières discussions ont été passionnantes et productives. Au-delà de toutes ces difficultés, je gardais en tête l’esprit de ce projet : il fallait le tourner au bon endroit. Là où Notre-Dame a été pensée, sculptée, bâtie. Donc en France", martèle le cinéaste.

    Pour superviser la construction des décors, la team de Jean-Jacques Annaud a installé des bureaux de production à la Cité du Cinéma, sur la surface d’un étage. Dessins, maquettes, modélisations 3D, le cinéaste a demandé que l’on reproduise plusieurs versions réduites de Notre-Dame ou de son beffroi, à la manière de jeux de construction en carton ou en bois.

    UN TRAVAIL DE LONGUE HALEINE

    Chaque objet a demandé plusieurs semaines de travail car ils ont été fabriqués selon les plans des originaux. Cela a permis au réalisateur d’imaginer très en amont les axes de ses caméras, l’emplacement de ses acteurs, les segments à enflammer ou la manière d’acheminer à travers tout cela les dispositifs de sécurité comme l’eau ou même les issues de secours.

    "Et puis, tout ce travail de préparation minutieux nous a fait gagner un temps précieux lorsque j’ai tourné dans les vraies cathédrales ou sur les plateaux des décors. Cela m’a permis également de ne faire construire que ce dont j’avais besoin. En parallèle nos techniciens ont mis au point des caméras spéciales ignifugées, capables de résister à la chaleur des scènes d’incendies", explique-t-il.

    Le metteur en scène a aussi tourné en décors réels, notamment à Sens, la première cathédrale gothique du monde, véritable matrice fondatrice de Notre-Dame de Paris. L'équipe a aussi filmé le monument de Saint-Denis, construite avec le même calcaire.

    Les édifices d'Amiens et Bourges ont aussi été utilisés pour les besoins du tournage. "Je voulais pouvoir poser mes caméras dans des axes présentant de grandes ressemblances à ceux de Notre-Dame et pouvoir ensuite les raccorder à mes décors reconstruits à l’identique en studio", précise Annaud.

    DES ARTISTES PASSIONNÉS

    Tout au long du minutieux travail de pré-production, le réalisateur a été enthousiasmé, en passant d’un atelier à un autre, de constater la joie, la fierté de ces artisans passionnés. Ébénistes, plâtriers, ferronniers, vitriers, peintres, etc.

    "Toutes et tous sont de véritables orfèvres qui n’ont pas souvent l’occasion de construire des colonnes gothiques, des voûtes. J’ai emmené mes équipes décoration à plusieurs reprises en repérage dans les vraies cathédrales pour qu’elles s’inspirent de la patine des murs et des statues par exemple.

    Nous avons également effectué des tests pour trouver la bonne manière de reproduire la fonte du plomb des toitures sur le sol ou les casques des pompiers à cause de la chaleur de l’incendie. Je me suis senti porté par cet enthousiasme collectif", déclare le metteur en scène.

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