L'envolée sauvage
Après la mort de sa mère, Amy, 13 ans, part vivre avec son père dans une ferme au Canada. Un jour, elle sauve d'une mort certaine une vingtaine d'oeufs d'oies sauvages. Amy devient la mère adoptive de ces oisons et la vie s'organise autour de ces drôles de pensionnaires. Mais vient le moment où les petites protégées d'Amy doivent apprendre à voler...
Auréolé du Prix spécial du Jury au Festival du film de l'environnement en 1997, L'Envolée sauvage est un magnifique et très émouvant film, injustement boudé dans les salles à sa sortie. A peine plus de 200.000 spectateurs en France, et un échec au box office international.
Il y a pourtant urgence à réévaluer ou découvrir cette oeuvre. Signée par le vétéran Carroll Ballard, cinéaste peu prolifique à qui l'on doit notamment L'étalon noir, L'Envolée sauvage est porté haut par la jeune Anna Paquin, qui avait (presque) l'âge de son rôle, et par Jeff Daniels, formidable dans son rôle de père inventeur excentrique. Un film qui soit-dit en passant est pas mal occulté dans sa filmographie très riche.
Tiré d'une histoire vraie mais aussi s'inspirant librement d'expériences sur les oiseaux migrateurs menées par William Lishman, ainsi que les travaux menés par l'immense éthologiste Konrad Lorenz qui avait observé le phénomène d'empreinte ou "imprégnation" chez les oies cendrées dès 1935, L'Envolée sauvage est une oeuvre parée de vertus apaisantes, sublimée aussi par la sompteuse photographie signée Caleb Deschanel, cité à l'Oscar pour ce film. On vous met au défi de ne pas écraser une larme en contemplant les images qui défileront sous vos yeux, bercées par le très beau chant 10.000 Miles de Mary Chapin Carpenter...
Uranus
Printemps 1945. Une petite ville de province est détruite par les bombardements. Tout le monde devrait se réjouir que la guerre soit enfin terminée mais entre les communistes et les « collabos » la paix a bien du mal à s’installer. La tension monte lorsque la communauté apprend que Maxime Loin, auteur d’articles pro-hitlériens pendant l’Occupation, est revenu et se cache quelque part dans la ville…
Brillantissime adaptation par Claude Berri d'un féroce roman paru en 1948 et écrit par Marcel Aymé qui y trempait sa plume dans l'acide, Uranus décrit les règlements de compte qui ont suivi la Libération de la France, et les petits arrangements avec les consciences des citoyens de tous bords politiques. Entre vrais résistants et pseudo résistants de la dernière heure, militants du Parti Communiste tout puissant, ou ceux et celles qui avaient largement profité de l'Occupation pour faire fortune et y développer des affaires véreuses et florissantes.
Ciselé par de fabuleux dialogues, le film de Claude Berri bénéficie en outre d'une extraordinaire distribution, rassemblant un véritable Who's Who du cinéma français comme on n'est pas prêt d'en revoir. Gérard Depardieu, qui venait de trompher avec Cyrano de Bergerac y incarne Léopold, cafetier rustre qui se découvre une passion soudaine et dévorante pour Jean Racine et notamment pour Andromaque.
Il est épaulé par de glorieux aînés : Jean-Pierre Marielle et Philippe Noiret, des comédiens rohmériens (Fabrice Luchini et Florence Darel), un humoriste dans un génial contre-emploi (Daniel Prévost), un grand acteur de théâtre (Gerard Desarthe). Sans oublier un Michel Blanc en militant communiste et père de famille brûlant d'une passion secrète pour sa voisine, et un ignoble Michel Galabru en affairiste sans scrupule. En clair : la crème de la crème du cinéma français.
Le film déboule au catalogue Netflix ce 1er février. Si vous n'avez jamais vu ce petit chef-d'oeuvre, la séance de rattrapage s'impose de toute urgence !
Undercover
C'est en 2014 que Yann Demange signe un premier long métrage impressionnant, magistral de maîtrise et de tension, qui a pour toile de fond les années de plomb irlandaise et la guerre civile opposant l'IRA au gouvernement britannique : '71.
Le film retraçait l'histoire d'un soldat britannique accidentellement abandonné par son unité en pleine période des "Troubles" dans les rues de Belfast en Irlande. ’71 a valu à Yann Demange d’être nommé à deux BAFTA Awards et de remporter le British Independent Film Award du meilleur réalisateur.
Avec ce joli pedigree, c'est dire qu'on attendait avec une certaine impatience son second film : Undercover - une histoire vraie. L'histoire d'un père d’origine très modeste, Richard Wershe, et de son fils, Rick Jr., surnommé "Rick le p'tit blanc" ("White Boy Rick" en VO, qui est aussi le titre original du film), un adolescent qui fut informateur pour le compte du FBI, avant de devenir lui-même trafiquant de drogue, et qui, abandonné par ceux qui l’avaient utilisé, fut condamné à finir ses jours en prison.
Porté par un toujours impeccable Matthew McConaughey dans le rôle du père, mais plus encore par un impressionnant Richie Merritt – qui n'est pourtant pas un acteur professionnel –, jouant son fils, Undercover plante son intrigue à Détroit, dans les années 80, au plus fort de la guerre contre l’épidémie de crack, alors que la ville est ravagée par la pauvreté et la violence. Le film, puissant et touchant drame familial avant d'être l'histoire d'un criminel, a la vigueur d'un uppercut.
