Nous sommes au début du Retour du Jedi, épisode VI de la saga Star Wars sorti en 1983. Luke Skywalker, tout de noir vêtu et désormais Jedi accompli, s'avance face au visqueux Jabba le Hutt, qui détient prisonnier son ami Han Solo. Soudain, le sol se dérobe sous ses pieds, et le jeune héros se retrouve jeté au fond d'un lugubre cachot, face à une monstrueuse créature qui s'apprête à le dévorer.
Le célèbre Rancor (sorte de croisement entre un T-Rex et un bouledogue) fait désormais partie des bestioles incontournables qui composent la faune de la galaxie Star Wars. Mais contrairement au tyranosaure de Jurassic Park (qui est un mélange d'animatronique et d'images de synthèse), ce monstre-là a été réalisé "à l'ancienne", sans l'aide des ordinateurs.
Il s'agit en effet d'une marionnette particulièrement sophistiquée, et actionnée par le bras de Phil Tippett, légendaire concepteur d'effets visuels. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle dans le film, vous ne verrez jamais la tête du Rancor en même temps que ses jambes.
"Il y a le bras de quelqu'un dedans, et la main contrôle la tête grâce à une certaine mécanique interne", explique ainsi le célèbre créateur d'effets spéciaux Dennis Muren dans le commentaire audio du film.
"[Il] faisait probablement 40 à 41 centimètres de haut. Les bras sont contrôlés intérieurement. Ils sortent directement des coudes, à l'arrière, qu'on a gardés complètement dans l'obscurité. Les yeux, qui étaient très importants, sont en fait des roulements à billes. La seule façon de vraiment voir qu'il était vivant, c'était de regarder ses yeux, et les yeux qu'on avait faits ne se voyaient pas, alors on a pris les yeux les plus brillants qu'on a trouvés pour qu'il ait l'air vivant."
Au lieu d'opter pour la technique du stop motion (c'est-à-dire de l'animation image par image, comme pour les AT-AT de L'Empire contre-attaque ou bien les monstres du Choc des Titans), les équipes du Retour du Jedi ont donc décidé de faire du Rancor une énorme marionnette pour limiter les frais.
Le choix de cette technique leur a d'ailleurs permis de tourner la séquence en deux semaines seulement, ajoutant par la suite les effets de fumée et d'éclairage, et intégrant le personnage de Luke à l'intérieur des plans. La seule limite à cet exercice étant - ainsi que nous le précisions plus tôt - qu'il leur était impossible de filmer l'intégralité du monstre dans un seul et même plan :
"On a tout fait pour s'éloigner de l'aspect Muppet qu'on est habitués à voir", raconte Dennis Muren. "Mais le problème est qu'on ne pouvait jamais vraiment faire un plan large, parce qu'il n'y avait pas vraiment de jambes à voir. On a fait des plans des jambes, mais on ne les montrait pas en même temps que le corps, parce que sinon, on aurait vu le coude de Phil [Tippett] ou de quelqu'un d'autre en bas."
Une description qui rend tout de suite le Rancor beaucoup moins effrayant. Surtout quand on sait que pour créer le rugissement de la bête, l'ingénieur du son Ben Burtt a utilisé... les aboiements d'un petit teckel.
(Re)découvrez les détails cachés du "Retour du Jedi"...