De quoi ça parle ?
Désignée pour être jurée dans un procès criminel, Inès, une infirmière de 40 ans, contribue à faire condamner l’accusé, un homme au passé violent. A l’issue du procès elle est prise d’un terrible doute : et si elle venait d’envoyer un innocent derrière les barreaux ?
Mardi 7 décembre à 21h05 sur M6, et d'ores et déjà disponible sur Salto
Un thriller judiciaire efficace avec Ophélia Kolb, Stanley Weber, et Frédéric Diefenthal
Écrite par Fanny Robert et Sophie Lebarbier, le duo de scénaristes à qui l'on doit la série à succès de TF1 Profilage, et réalisée par Laure de Butler (La Promesse), L'homme que j'ai condamné plonge Ophélia Kolb dans un engrenage fatal riche en suspense, loin des rôles plus lumineux qu'elle a tenus dans On va s'aimer un peu beaucoup ou Dix pour cent. Aux côtés d'une jolie distribution notamment composée de Stanley Weber, Frédéric Diefenthal (Ici tout commence), Robinson Stévenin, Raphaël Ferret et Alexandra Roth.
Tout commence lorsqu'Inès, 40 ans, est désignée comme jurée d’assises dans le procès pour meurtre de Jimmy Breyer (Stanley Weber), un homme énigmatique accusé d'avoir tué sa voisine. Tous les membres du jury votent la culpabilité de Breyer, mais une fois le verdict rendu, Inès croise le regard du fils de l'accusé.
Et, dès lors, toutes ses certitudes se mettent à vaciller. Et si elle venait d’envoyer un innocent derrière les barreaux ? Si elle venait de séparer injustement un père de son fils de 8 ans, qu’il ne verra pas grandir ?
Avec l’aide de Charlie (Lucile Marquis), une détective privée au caractère bien trempé, Inès va alors démarrer sa propre contre-enquête, qui la mènera bien plus loin qu’elle ne le pense. Quitte à prendre tous les risques ? Pour elle et sa propre famille ?
"Je n'ai jamais été jurée, et je pense que je chercherais des solutions pour ne pas y aller si ça devait m'arriver (rires)", avoue amusée Ophélia Kolb lorsqu'on lui demande ce qui lui a plu dans le scénario de L'homme que j'ai condamné.
"Mais ça m'a plu justement de m'en approcher par le biais de la fiction. Et puis, dans la vie, je suis pleine de doutes, tout le temps, pour n’importe quel sujet. Et pour Inès, c'est encore plus que ça, puisque ses doutes sont carrément son moteur".
"C'est un personnage qui ne s'arrête jamais, qui ne se contente pas d'une seule réponse. Elle creuse toujours plus, toujours plus loin. J'ai trouvé ça très beau. Et puis j'ai adoré tous les personnages autour. Et notamment le duo avec la détective privée, qui est génial.
Ce sont deux femmes qui s’opposent mais se complètent aussi. Charlie est pétillante, très solaire, pleine d’énergie, et elle pousse Inès à trouver des solutions. Elle la bouscule complètement et la fait avancer".
Incarnée par la révélation Lucile Marquis, qui fait des étincelles tout au long des quatre épisodes de cette mini-série, Charlie est l'une des bonnes surprises de L'homme que j'ai condamné, qui devrait ravir les amateurs de thrillers télévisuels haletants, malgré quelques grosses ficelles et une fin un peu décevante.
Il faudra cependant veiller assez tard pour découvrir le dénouement de toute cette histoire puisque M6 a décidé de proposer l'intégralité des quatre épisodes de la série au cours d'une seule et même soirée. Une décision surprenante mais qui s'explique probablement par les récents échecs d'audience rencontrés par la chaîne en matière de séries françaises, avec Ils étaient dix et Sauver Lisa.
La nouvelle obsession des créatrices de Profilage
Tournée il y a plus de deux ans et demi, au printemps 2019, dans la région de Sète et de Montpellier, L'homme que j'ai condamné a germé dans la tête de ses deux scénaristes suite à une expérience bien particulière vécue par Sophie Lebarbier : sa première participation à une cour d'assises.
"Fanny et moi, on écrit ensemble depuis 15 ans. Et il se trouve que j’ai été appelée il y a quelque temps pour être jurée. Et c’est une expérience qui m’a profondément marquée.
Alors j'en ai évidemment parlé avec Fanny, à qui je raconte tout depuis des années. Et l’impact que cela a eu sur moi a logiquement donné naissance à l’envie d’en faire une fiction et d’essayer de tirer un fil dramatique", nous explique Sophie Lebarbier.
"Alors qu’on mène une vie assez protégée de scénariste et qu'on raconte des histoires policières depuis des années, on se retrouve devant de vrais policiers, dans un vrai tribunal, avec un vrai accusé, qui va vraiment aller en prison.
Et sur la simple base que vous soyez citoyen français, on vous demande de prendre une part active dans la décision concernant la sentence de cet accusé. C’est l’irruption du réel dans une vie qui en était assez protégée jusqu’à présent. Ça nous a beaucoup interpellé que ça me tombe dessus. Et à partir de là, on a commencé à imaginer une histoire qui puisse faire écho à tout ça".
D'où cette intrigue, entre thriller et polar judiciaire, qui voit une femme ordinaire se lancer dans une quête de vérité qui va complètement faire exploser sa vie et la confronter à des dangers qu'elle ne soupçonne même pas. "On est parti de ce point de départ : ça peut arriver à n’importe qui", poursuit Fanny Robert, l'autre tête pensante de L'homme que j'ai condamné.
"Et on a donc imaginé cette femme qui a son bagage de vie, qui a l’impression d’être maîtresse des choses. On avait besoin de quelqu’un avec une certaine humanité, pour que les téléspectateurs s’identifient. Et on voulait montrer que n’importe qui peut tomber dans un engrenage qui le dépasse totalement.
L'idée était que l’engrenage du procès allait appuyer sur des choses très profondément enfouies dans l'inconscient d'Inès et que ça allait générer pas mal de surrpises dans sa vie. Jusqu’à tout faire exploser".
Si Sophie Lebarbier et Fanny Robert délaissent quelque peu le polar pur (et procédural) qui a fait le succès de Profilage pour s'aventurer davantage ici dans le genre du thriller, avec cette héroïne qui est aussi la propre victime de l'histoire, les deux scénaristes continuent d'explorer l'un de leurs thèmes de prédilection, l'inconscient. En effet, la rencontre d'Inès avec le fils de Breyer va faire remonter des souvenirs d'enfance chez le personnage d'Ophélia Kolb.
"L’inconscient, c’est notre obsession. On écrira dessus toute notre vie", admet Sophie Lebarbier. Et il devrait encore en être question dans la prochaine série policière du duo, Vise le coeur, qui devrait être diffusée au cours du premier semestre 2022 sur TF1.
Avec Claire Keim et Lannick Gautry dans les rôles principaux de deux flics qui s'aiment et se déchirent depuis des décennies. Et explorent, entre passé et présent, les terreurs enfantines, les cauchemars des adultes, et les monstres qui ne sont pas toujours ceux que l'on croit. Tout un programme.