Voyager dans le passé et rencontrer les plus grandes figures de notre Histoire est un fantasme que beaucoup ont, un jour, imaginé. Caroline Vigneaux, elle, en a fait un film. Dans Flashback. l’humoriste raconte les aventures de Charlie, une brillante avocate peu soucieuse des droits des femmes, qui se retrouve propulsée dans le temps pour croiser le chemin de celles qui ont tout changé. Jeanne d’Arc, Marie Curie, Gisèle Halimi, George Sand… Toutes sont ressuscitées le temps de cette comédie qui honore l’importance de leurs combats.
“L’humour est un vecteur merveilleux pour transmettre des choses, lance Caroline Vigneaux à AlloCiné, le temps d’un entretien en plein milieu de sa tournée. J’ai écrit ce film pour que les enfants puissent le voir, je voulais en faire une expérience familiale.” Cette ancienne avocate devenue humoriste passe pour la première fois derrière la caméra. Également scénariste et actrice, elle s’inspire des engagements féministes qui nourrissent ses spectacles pour relever ce défi.
De l'humour et de la pédagogie
“L’idée de Flashback vient d’un de mes sketchs dans lequel je reviens, pendant 15 minutes, sur l’Histoire des droits des femmes, explique-t-elle. Souvent, des spectateurs et des spectatrices me remercient pour me dire qu’ils ont appris des choses. J’ai eu envie de prendre une dimension plus large et audiovisuelle pour entrer plus facilement dans les foyers.” Pour justifier ce voyage dans le temps, Caroline Vigneaux s’est basée sur un fait survenu en 2018, en Irlande. Afin de défendre son client accusé de viol, une avocate avait brandi le string de la victime de 17 ans pour prouver son consentement.
Prime Video
Bouleversée, la réalisatrice et actrice a même rejoué cette scène pour les besoins de son film. “J’aime l’idée que les gens croient que c’est moi qui ai inventé l’histoire du string, que j’ai été un peu loin, alors que ce n’est que la réalité, rappelle-t-elle. Il ne faut pas oublier d’où on vient pour aller où on va. Il y a eu de vrais combats, des femmes en ont payé le prix. Je voulais leur rendre hommage à mon niveau.”
Pour créer le fil de ce voyage dans le temps, Caroline Vigneaux s’est plongée dans de nombreuses recherches historiques. Au cours des 17 versions de son scénario, elle a également dû déconstruire ses propres connaissances. Quand Jeanne d’Arc est présentée pour la majorité comme une cheffe de guerre, Caroline Vigneaux a dû revenir sur sa propre éducation : “J’ai eu une éducation catholique et j’avais cette image d’une femme innocente, d’une pucelle, comme si c’était très important qu’elle soit vierge."
On a appris une histoire de France écrite par des hommes.
Flashback est aussi pour la réalisatrice l’occasion de remettre en lumière des figures souvent mises de côté. C’est le cas avec Olympes de Gouges. “Elle ne fait pas partie des personnages historiques qu’on étudie. On a appris une histoire de France écrite par des hommes. Ils font la part belle aux hommes et oublient les femmes. Les femmes qui sont entrées en résistance, il y en a énormément, mais on en connaît que deux ou trois.”
Un casting costumé
Autour d’elle, Caroline Vigneaux a convié une distribution électrique : Sophia Aram incarne Gisèle Halimi - et rejoue sa plaidoirie mot pour mot -; Sylvie Testud est Olympes de Gouges; Lison Daniel interprète Jeanne d'Arc; Florent Peyre devient Napoléon et Gad Elmaleh, lui, Robespierre. “Avant d’accepter, il m’a dit : ‘Il y aura de la perruque ? Du collant ? Alors je le fais !’”, raconte-t-elle d’un air amusé. Pour George Sand, la réalisatrice a réalisé un rêve : faire jouer Suzanne Clément. “J’avais émis mon souhait pendant la production, tout le monde riait et on m’a répondu : 'Demande aussi à Marion Cotillard !', mais on a le même agent, donc j’ai osé et elle a dit oui.”
Prime Video
Sur le plateau, tout le monde s’en est donné à cœur joie. Caroline Vigneaux l’admet : “Passer du XXIe siècle au XVe pour repartir dans les années soixante, c’était à la fois merveilleux et angoissant. Dans la même journée, on jouait deux époques !” Pour créer l’illusion, la réalisatrice s’est entourée de plusieurs pointures, comme le chef décorateur Pierre Quéfféléan, césarisé pour Au revoir là-haut en 2018.
Avec Flashback, l’humoriste s’est découvert une nouvelle passion : la réalisation. Elle rêve que les élèves voient son film pour apprendre tout en s’amusant, mais espère surtout mettre en scène un second long métrage. “Quant au concept de Flashback, pourquoi pas le reprendre pour d’autres pays ?, propose-t-elle. J’avoue que l’histoire des femmes en Allemagne, ça m’intéresse.”
Flashback est disponible sur Amazon Prime Video.
Propos recueillis par Thomas Desroches, le 25 octobre 2021.
