De quoi ça parle ?
Mini-série audacieuse qui revient sur le parcours de Colin Kaepernick à travers les obstacles que constituent la différence de couleur, de classe et de culture pour un jeune garçon noir adopté par une famille blanche.
Colin en noir et blanc, une série créée par Ava DuVernay et Colin Kaepernick avec Colin Kaepernick, Jaden Michael, Mary-Louise Parker, Nick Offerman...
Une fiction coup de poing
Colin en noir et blanc ne fait pas partie de ces biographies classiques qui rejouent un parcours héroïque d’un jeune homme devenu un immense champion. C’est en partie une autobiographie puisque Colin Kaepernick est le co-créateur de la série avec Ava Duvernay. En partie un documentaire puisqu’ils ont souvent recours aux images d’archive. Et c’est aussi le récit d’un homme déchu.
Cet ancien quaterback des 49ers de San Francisco n’a plus trouvé d’équipe pour le recruter au sein de la NFL (la National Football League soit l’équivalent de la ligue 1 en football américain) en 2017 après s’être agenouillé durant l’hymne national à chaque début de match afin de protester contre le racisme et les violences policières.
Devenue la cible de Donald Trump et de ses supporters, Colin Kaepernick est devenu un activiste à plein temps. On comprend via cette mini-série que sa conscience politique a été éveillée dès son plus jeune âge. Adopté par deux parents blancs, interprétés par Mary-Louise Parker et Nick Offerman, le jeune Colin – joué par Jaden Michael – est très vite confronté au racisme.
Il en fait la démonstration en prenant la posture du narrateur de sa propre vie avec quelques exemples édifiants à la clé. Les deux premières minutes de la série donnent le ton alors qu’il compare le recrutement des joueurs de football à l’achat des esclaves. Dans sa démonstration, les athlètes afro-américains continuent d’être traités comme du bétail et à être évalués selon leurs capacités physiques dans l’espoir de rapporter le plus d’argent à leurs riches propriétaires.
Puis la suite de l’épisode tourne autour de la question de sa coiffure. A 14 ans, le jeune Colin rêve de ressembler à son idole de l’époque : le joueur de basket Allen Iverson. Le jeune homme est incontestablement reconnu pour son talent mais sa coiffure fait polémique. Ses cheveux sont tressés et dans l’Amérique des années 2000, ça fait mauvais genre. On le traite même de voyou !
C’est le genre de remarque que subit Colin lorsque lui aussi se fait tresser les cheveux. Il est même obligé de les couper car c’est contraire au règlement de l’équipe de baseball à laquelle il appartient. Et les exemples vont s’enchaîner sans discontinuer. Ava DuVernay et Colin Kaepernick montrent que les règles du jeu sont faussées dès le départ pour les Afro-Américains. L’égalité des chances ne prévaut pas pour eux et les discriminations sont légions.
La démonstration est édifiante et plutôt imparable. Il n’est pas sûr cependant que la série échappe aux critiques et se fasse accuser pour son ton dénonciateur et sans compromis. Colin en noir et blanc ne se présente pas comme une simple série, encore moins un divertissement. C’est plutôt un traité sur le racisme aux Etats-Unis, avec matière à diverses crispations.