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    Star Wars : l'influence de Brian de Palma sur la saga de George Lucas
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Il est notoirement connu que George Lucas a pioché dans de nombreuses références, japonaises notamment, pour créer Star Wars. Mais il est aussi une influence moins souvent citée, celle de son vieux copain Brian de Palma, pourtant essentielle...

    Lucasfilm Ltd.

    Si vous êtes fan de la saga créée par George Lucas, vous savez très certainement que l'intéressé s'est largement inspiré d'oeuvres d'Akira Kurosawa, en particulier La Forteresse cachée, pour créer ses personnages. Mais aussi, beaucoup plus largement, inspiré par la culture japonaise, comme le théâtre du Kabuki, en passant bien entendu par le design de certains costumes. Nous avions d'ailleurs consacré un article spécifique à ce sujet.

    Lucas s'est aussi largement nourri de ses lectures de jeunesse, Flash Gordon par exemple, pour lequel il a un temps carressé l'espoir d'adapter les aventures sur grand écran. Même l'oeuvre de Frank Herbert, Dune, l'a influencé pour créer son univers, ce que l'auteur n'avait d'ailleurs pas franchement apprécié, au point même d'envisager de porter plainte contre Lucas, tellement il estimait que le papa de la Guerre des étoiles avait abondamment pillé son oeuvre...

    "Tu n'as jamais fait un film commercial de toute ta vie !"

    Dans ce registre des emprunts et des influences, il en est une moins commentée que les autres : la contribution de Brian de Palma à l'univers de George Lucas. Membre de la bande de copains aux côtés de Steven Spielberg et Francis Ford Coppola, de Palma fut une des premières personnes à découvrir le tout premier montage de Star Wars, aux côtés de Spielberg, Jay Cocks, Willard HuyckHal Barwood et Matthew Robbins.

    La suite, c'est Spielberg lui-même qui la raconte : "Quand nous sommes sortis dîner après, Brian a commencé à crier à George : "Je ne comprends pas ton histoire ! Il n'y a pas de contexte ! C'est quoi cet espace ? Qu'est-ce qu'on en a à foutre ? Je suis largué !" Et George a commencé à crier après Brian, en disant : "Tu n'as jamais fait un seul film commercial de toute ta vie ! De quoi est-ce que tu parles ?" Et Brian lui a répondu : "Ca ne marchera pas. Personne ne va rien comprendre. C'est juste un truc vide avec des étoiles et des vaisseaux idiots qui se déplacent".

    Et c'est là que Brian lui suggéra une idée de génie : "Pourquoi tu ne commences pas le film avec une sorte de légende ? Tu n'arrêtes pas de dire que tu veux faire de ce film une sorte de série spatiale, alors pourquoi tu ne fais pas une légende comme autrefois, un truc remontant l'écran et racontant toute l'histoire ?" Ainsi naquit le pré-générique le plus célèbre de l'Histoire du cinéma.

    Non seulement Lucas a retenu la suggestion de son copain, mais de Palma est même allé jusqu'à réécrire le texte lui-même, aux côtés du scénariste Jay Cocks, pour faire une version plus concise; celle que nous connaissons aujourd'hui.

    Dark Vador / Winslow Leach : même combat !

    Il existe une autre influence au moins aussi importante de Brian de Palma sur Star Wars : celle de son film Phantom of the Paradise, sorti en 1974 et qui fut malheureusement un échec commercial.

    A l'époque du tournage de Phantom of the Paradise, George Lucas errait, après avoir fini American Graffiti, à la recherche d'idées pouvant nourrir le scénario de Star Wars Episode IV : un nouvel espoir. Venant voir son copain sur le tournage de Phantom of the Paradise, le costume du fantôme en question, joué par l'inoubliable William Finley, lui fit très forte impression, entre le masque et la cape du personnage, sa voix complètement déformée et reconstituée à l'aide d'un appareil qu'il porte sur la poitrine; le côté electro high tech du personnage... Certes, le casque de Dark Vador rappelle davantage le kabuto porté par les samouraïs; il n'empêche...

    Jugez plutôt...

    Et pour le souvenir, revoici la magnifique séquence où Swan reconstitue la voix de Winslow Leach...

    Cette influence a d'ailleurs été confirmée, bien des années après, en 2005, par William Finley et le monteur Paul Hirsch, qui se trouvait être le monteur du film de George Lucas et celui de Brian de Palma. Si de Palma demanda quelques explications sur cet emprunt, pour ne pas dire ce pillage en règle, à Lucas, il n'en a pas gardé ombrage pour autant à son copain. Pas comme Frank Herbert en tout cas...

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