De quoi ça parle ?
Darius, vif, passionné, un brin magouilleur, est le boss des « Invisibles », une brigade à la marge qui gère des enquêtes sur les corps sans identité, sans histoire, sans passé... Son obsession ? Leur redonner une dignité, une humanité afin que les familles puissent faire leur deuil.
Son équipe ? Marijo, gouailleuse au grand coeur, toujours à râler ; Ben, ancien champion de boxe, gros nounours aux poings sensibles ; Duchesse, petite bourgeoise de 25 ans, brillante mais peu habituée au terrain et Angie qui reconstitue les corps avec un peps malicieux.
Leur mission ? Identifier les corps avant qu'ils ne finissent à la fosse commune. Un corps calciné, une mariée emportée par les flots, des morceaux de corps à travers la ville… Ils sont mandatés pour reconstituer une vie, une destinée et rendre la justice.
6 X 52 minutes - chaque mercredi à 21h05 sur France 2
C'est avec qui ?
Créée par Olivier Norek, auteur de polars et scénariste, en collaboration avec Patrick Tringale et Christian Mouchart (R.I.S. Police scientifique), Les Invisibles met en scène Guillaume Cramoisan (La Dernière Vague, Crime dans l'Hérault) dans le rôle du Commandant Darius, à la tête d'une équipe d'enquêteurs hors pair.
Parmi eux, Marie-Joëlle, dit Marijo, la doyenne du groupe soupe-au-lait, est interprétée par Nathalie Cerda (Irresponsable). Face à elle, "Duchesse", jeune première issue d'un milieu bourgeois (Déborah Krey, vue dans Quadras), Ben, ancien boxeur au coeur tendre incarné par Quentin Faure (Engrenages) et enfin Angie, une médecin-légiste au sens de la répartie imparable jouée par Cécile Rebboah (Plan B).
Ça vaut le coup d'oeil ?
Chaque semaine à l'heure du prime time sur les chaînes de télévision françaises, une série policière en chasse une autre. Enquêtes bouclées, relation d'amour/haine entre collègues, chef de groupe aux méthodes borderline, médecin-légiste un brin loufoque : sur le papier, Les Invisibles semble cocher toutes les cases de la série procédurale ultra-balisée.
Et pourtant, quelque chose de différent émerge au fil des épisodes. Tout d'abord, le principe de prendre l'enquête à rebours en partant d'une victime anonyme dont il faut retrouver l'identité pour comprendre ce qui lui est arrivé, rappelant forcément le concept de la série Cold Case : affaires classées (dans laquelle une inspectrice résolvait d'anciennes affaires de meurtres non élucidées) change un peu la donne.
Pour ce faire, cette brigade particulière, dont les membres sont eux-mêmes traités comme des marginaux au sein de la police, ne dispose que de sept jours pour associer une identité aux corps retrouvés : dans le cas contraire, les victimes non identifiés sont envoyés à la fosse commune, dans le carré des indigents comme le veut la loi. Par conséquent, la brigade de Darius joue contre la montre.
Cette urgence est d'emblée contrée par le fait que les suspects pouvant avoir un lien potentiel avec le corps sont d'emblée révélés au spectateur, dans une intrigue parallèle à l'enquête qui n'a de prime abord aucun lien évident avec la victime.
Une structure qui a pour effet d'impliquer le spectateur dès les premières minutes en lui faisant se creuser les méninges sur la mécanique de résolution de l'enquête. Pour tout bon amateur de séries policières, rien de plus normal; mais Les Invisibles sait composer avec le genre pour mieux nous surprendre, et nous impliquer d'autant plus sur le plan émotionnel.
Côté décor, exit la capitale puisque la série est située au coeur de Lille, qui a décidément le vent en poupe dans les séries judiciaires du moment (HPI, Le Code prochainement sur France 2). L'atmosphère dégagée par la ville, avec ses rues pavées aux reflets cuivrés et une photographie sombre et pluvieuse, rajoute un cachet particulier aux enquêtes.
La série prend également des aspects de thriller social dans les différentes thématiques abordées au fil des épisodes : précarité, lutte des classes ou encre violences faites aux femmes, chaque victime est reliée à sujet sociétal fort, qui achève de donner une crédibilité aux enquêtes. Mais la force des Invisibles réside indéniablement dans son équipe d'enquêteurs, qui forment une famille aussi disfonctionnelle que soudée.
Menée par Guillaume Cramoisan dans le rôle de Darius, commandant chevronné mais désabusé à force d'avoir été mis de côté par sa hiérarchie, cette brigade aux méthodes si particulières fonctionne grâce à l'alchimie quasi-immédiate qui se dégage entre ses quatres comédiens principaux.
Nathalie Cerda, hilarante en maman-poule dans la série Irresponsable, se révèle très touchante dans le rôle de Marie-Jo, enquêtrice irascible brisée par un drame personnel. Quentin Faure et Déborah krey, quant à eux, font preuve d'un solide talent d'interprétation dans les rôles de Ben et Duchesse, jeunes recrues issues de milieux sociaux très différents, tous deux brillants mais entravés par les sentiments refoulés qu'ils se portent.
A l'issue de ces six épisodes très réussis, on regrette que cette proposition plutôt rafraîchissante en matière de série procédurale ne dure pas plus longtemps afin de fidéliser son public, et on croise les doigts pour une future saison 2.