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    Les Invisibles sur France 2 : "Darius est quelqu'un qui dérange" pour Guillaume Cramoisan
    Julia Fernandez
    Julia Fernandez
    -Journaliste Séries TV
    Elevée à « La Trilogie du samedi », accro aux séries HBO, aux sitcoms et aux dramas britanniques, elle suit avec curiosité et enthousiasme l’évolution des séries françaises. Peu importe le genre et le format, tant que les fictions sortent des sentiers battus et aident la société à se raconter.

    Dans la nouvelle série policière de France 2 lancée ce soir à 21h05, Guillaume Cramoisan ("PJ", "Profilage") incarne Darius, commandant à la tête d'une brigade spéciale qui enquête sur des corps anonymes et tente de redonner une dignité aux victimes.

    En découvrant le scénario des Invisibles, quelles aspérités du personnage de Darius vous ont plu ?

    Guillaume Cramoisan : Déjà, le fait de commencer un nouveau projet, c'est toujours un petit peu excitant parce qu'il y a ce qu'on peut lire, et en fonction de ce qu'on lit, il y a ce qu'on peut imaginer et pouvoir amener, ce qu'on peut éventuellement saupoudrer des choses qu'on voudrait voir apparaître. 

    Chez Darius, ce n'était pas forcément écrit mais je l'ai vu comme un type à la croisée des chemins, entre ce qu'il avait pu être autrefois et, du fait de son âge, ce qu'il allait peut être décider d'être pour la suite de sa vie. Et par rapport à ce qu'il traverse aussi professionnellement, le fait d'avoir été un peu recadré, mis sur la touche, il est un peu, lui aussi, du côté des "invisibles". 

    On les désigne ainsi parce que ce sont des gens dont personne ne demande ce qui leur est arrivé, mais il se trouve que les flics qui s'occupent de ces gens-là sont aussi considérés comme des invisibles. Tous ces aspects-là je les entendais à la lecture, comme une espèce de grand mystère autour de ce personnage, dont on ne sait pas grand chose pour l'instant.

    Justement, qu'est ce qui, selon vous, a poussé Darius à rejoindre cette brigade si particulière ?

    Ce que je me suis raconté, c'est qu'on l'a mis de côté. Il a été mis de côté parce que c'est quelqu'un qui dérange, qui a des réseaux dérangeants, une manière de faire, une énergie dérangeante, et on l'a fait plus ou moins disparaître. Je pense que le fait d'être mis sur la touche et de s'occuper de ces oubliés lui apprend à se réparer, en donnant ce qu'il peut donner à ces victimes. 

    On sent en effet une certaine lassitude de la part de Darius face au manque de moyens dont il dispose pour diriger son équipe et ses enquêtes...  

    Oui, il y a une fatigue chez ce type-là. Après, je pense que c'est aussi une fatigue qui vient d'un comportement qu'il a généré : c'est quelqu'un qui n'a pas fait comme tout le monde, qui a des réseaux qui sont un peu louches... Il peut sembler très bon, très en lumière, mais il travaille aussi avec une part d'obscurité.

    Les séries policières sont nombreuses en France ; il peut sembler périlleux de proposer des choses différentes chaque année et de renouveler le genre. Qu'est-ce qui, selon vous, fait la différence et la spécificité des Invisibles ?

    Je pense que l'approche de Chris Briant (réalisateur des trois premiers épisodes, ndlr) y est pour beaucoup, car il a réussi à manœuvrer de manière intelligente. Ce n'est pas évident de mettre une série au point, de faire en sorte que les gens soient au diapason tout de suite parce qu'on n'a pas le temps, parce qu'il faut tout de suite répondre présent en terme de jeu. Je trouve que la façon dont il a placé son échiquier était à la fois intéressante et rassurante pour nous. 

    Les Invisibles
    Les Invisibles
    Sortie : 2021-09-08 | 52 min
    Série : Les Invisibles
    Avec Guillaume Cramoisan, Nathalie Cerda, Déborah Krey
    Presse
    3,2
    Spectateurs
    3,7
    Voir sur france.tv

    C'était très agréable de travailler avec lui, et après ça a été une vraie rencontre avec les trois autres, Quentin Faure (Ben), Déborah Krey (Duchesse) et Nathalie Cerda (Marie-Joëlle). C'est assez rare, mais quand on a commencé à jouer ensemble, ça a matché tout de suite. Souvent, il y en a un ou deux avec qui ça marche bien, et d'autres avec qui ça ne colle pas trop, mais là c'était assez jouissif, et pour ma part très rare d'avoir un truc aussi homogène en termes de jeu. C'est un joli coup de bol de casting.

    Ce sont aussi des personnages qui sortent un peu des sentiers battus : Darius sembler porter un lourd passif sous ses airs débonnaires ; Marie-Joëlle, la doyenne du groupe, a été brisée par un drame personnel ; et puis, il y a cette romance larvée entre Ben et Duchesse...

    C'est vrai, une famille bancale mais touchante. Ce sont des gens qui font quelque chose de particulier : ils le font avec de tout petits moyens, mais ils y mettent tout ce qu'ils peuvent.

    Outre Chris Briant, Axelle Laffont vous a également dirigé à la réalisation. A-t-elle eu une approche différente en termes de mise en scène?

    Oui, elle a réalisé les trois derniers. C'est très compliqué car on termine trois épisodes avec un réalisateur et on en recommence trois autres avec une autre personne aux commandes. En termes d'image, de mouvements de caméra, elle a opté pour des directions différentes. Je pense qu'elle a apporté un autre truc, une vivacité peut-être, mais il y a autre chose qui se dégage dans les trois épisodes suivants. Ce n'était pas forcément évident, mais très intéressant d'être basculés dans un autre univers et de s'accrocher tous ensemble.  

    Parmi les enquêtes menés par Darius et son équipe, beaucoup concernent une forme de réalisme social, de sujets touchants parfois à la lutte des classes, à la précarité... Est-ce forcément le cas quand on enquête sur des personnes anonymes, des "oubliés" que personne ne réclame ?

    Je ne sais pas si c'était intentionnel, mais en tout cas c'était effectivement intéressant de débattre de ça et de se retrouver mêlés à ce genre de problématiques. C'est de toute façon d'actualité, et ça le sera de plus en plus. Ce sont des choses qui nous concernent tous. 

    Certaines victimes vont particulièrement toucher les enquêteurs, du fait de leurs histoires respectives, notamment celle de l'épisode 2 qui a une résonnance particulière pour Duchesse. Ce principe permettra-t-il d'en savoir plus sur les différents protagonistes au fil des épisodes ?

    Oui, je l'espère, car la série est construite là-dessus. Ca permet de comprendre pourquoi ces personnages-là sont touchés les uns après les autres, pourquoi ils subissent et reçoivent toute la peine et les difficultés de ces victimes, et pourquoi ils ont du mal à se défaire de ces enquêtes finalement. Donc oui, j'espère que ça va être alimenté et qu'on aura plein de choses à ressentir avec ces enquêtes-là. 

    Les Invisibles, chaque mercredi à 21h05 sur France 2 et en avant-première sur SALTO

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