De quoi ça parle ?
Années 1980, sur la côte californienne. Une femme au foyer dépressive retrouve l'énergie physique comme mentale grâce à la pratique en vogue de l'aérobic !
Physical, une série créée par Annie Weisman avec Rose Byrne, Rory Scovel, Paul Sparks, Geoffrey Arend… sur Apple TV+
Femme des années 80
Avec son pitch plutôt inattendu, on pourrait croire que Physical est une comédie décalée qui ferait de l’aérobic le nouveau yoga, un art de vivre sain qui règle tous les problèmes. C’est un peu vrai, mais avec une bonne dose d’humour noir au préalable.
Rose Byrne joue Sheila, une femme qui n’est pas très épanouie dans son couple ou dans son rôle de mère de famille. Bien qu’elle vive en bord de mer en Californie où le soleil brille chaque jour de l’année, dans une maison entièrement décorée selon la mode des années 60 et avec un professeur d’université, sa vie est morne, sans surprises et remplie de contraintes.
Au travers d’une voix off – pour une fois, parfaitement bien écrite – Sheila partage avec le spectateur ses états d’âme mais surtout ses pensées inavouables. Un peu dans la même veine que Fleabag mais avec la rancœur en plus : elle dézingue tout le monde à tout va, à commencer par son mari !
Et même si ces confidences ont le but inavoué de la rendre exécrable, on ne peut que compatir. Atteinte de troubles alimentaires, victime de l’injonction faite aux femmes d’être parfaitement minces et désirables selon des critères obsolètes et mariée à un homme qui ne rêve que de triolisme… elle n’est pas dans les meilleures dispositions pour être une femme épanouie.
L’aérobic, c’est la vie !
De manière fortuite, c’est l’aérobic qui va peut-être l’aider à sortir de ce cauchemar. Alors qu’elle découvre cette nouvelle activité dans un de ces centres commerciaux désincarnés, Sheila a le sentiment de vivre une épiphanie. L’exercice physique, la musique, les mouvements chorégraphiés… voilà ce qui la fait se sentir à nouveau puissante !
On pourrait en rire et la série ne se prive pas de le faire en montrant Sheila dans des séquences complètement fantasmées où elle se vit comme une reine de l’aérobic. Le plus drôle, c’est qu’on devine que l’aérobic va la transformer, mais pas pour en faire une personne meilleure.
Elle a trouvé là le moyen de devenir enfin celle qu’elle rêve d’être, mais rien de tout cela ne la rendra plus aimable ou plus humaine. C’est la scène d’ouverture qui nous l’indique. Elle se passe dans un futur non précisé, mais on comprend au bout d’une bonne minute que Sheila est une Véronique ou Davina américaine, qui a sa propre émission télévisée et qui ne répond pas aux questions de ses assistants.
C’est, en résumé, l’anti-rêve américain tel qu’il a pullulé sur les écrans durant toutes les années 80 et 90. La série s’amuse à casser ce mythe à coups de bulldozer. Rien ni personne n’est épargné. Sheila est la peste en cheffe, mais autour d’elle gravite une galerie de personnages secondaires formidablement campés et chacun assez fascinant dans sa médiocrité.
Physical, une petite pépite à découvrir dès aujourd’hui sur Apple TV+.