Diffusé ce jeudi 22 avril sur TMC, Black Panther vient de fêter son troisième anniversaire et celui de son succès monstre dans le même temps. Porté par des bonnes critiques, des bandes-annonces efficaces et une forte mobilisation de la communauté afro-américaine, le film de Ryan Coogler a débarqué sur grand écran en février 2018 avec une hype indéniable.
Ce qui lui a permis de signer le plus gros démarrage pour une première aventure solo d'un héros du Marvel Cinematic Universe, avec 202 millions de dollars de recettes en un week-end. Puis de s'offrir la douzième place parmi les plus gros succès de tous les temps, avec un cumul mondial s'élevant à 1,347 milliard de billets verts.
Deux ans après des débuts remarqués dans Captain America : Civil War, le regretté Chadwick Boseman, qui nous a quittés le 29 août dernier, a marqué 2018 de son empreinte, dans le film-phénomène de Ryan Coogler, récompensé par trois Oscars (dont celui de la Meilleure Musique remis à Ludwig Göransson) en 2019. Un privilège qui aurait cependant pu revenir à Wesley Snipes au coeur des années 90.
L'acteur s'est en effet confié dans les colonnes du Hollywood Reporter à propos de ce projet qui n'a jamais vu le jour, et sur lequel bon nombre de rumeurs ont circulé au fil des ans. Alors au sommet, grâce aux succès de Demolition Man, Passager 57 ou Les Blancs ne savent pas sauter, le comédien et son manager sont approchés par Marvel. Lequel n'est pas encore le rouleau compresseur que l'on connaît depuis 2008, et cumule les échecs, entre Howard le canard et le Punisher avec Dolph Lundgren. Sans oublier cette version des Quatre Fantastiques jamais sortie en salles, mais qui fait le bonheur des amateurs de nanars.
Pour la Maison des Idées, déclarée en faillite en 1996, la solution passe notamment par l'héritier du Wakanda, créé en 1966 par Stan Lee et Jack Kirby : "Je pense que Black Panther me parlait car il était noble, et l'antithèse des stéréotypes sur les Africains, l'Histoire africaine et les royaumes d'Afrique", explique Wesley Snipes. "Il avait une importance culturelle et sociale. C'est quelque chose que les communautés noire et blanche n'avaient jamais vu auparavant (...) Ça m'a toujours beaucoup, beaucoup attiré. Et j'aimais cette idée de technologie avancée. C'était une pensée très avant-gardiste."
Avec la bénédiction de Stan Lee, qui "supportait le projet Black Panther à l'époque", l'acteur est prêt à se glisser dans la peau de T'Challa. Et ce afin d'aider Marvel à s'opposer aux Batman et autres Superman, qui faisaient le bonheur de la Warner sur grand écran à la même époque. Mais les choses ne mettent pas longtemps à se compliquer.
Lorsqu'il lui faut, pour commencer, préciser que le long métrage sera centré sur le super-héros appelé Black Panther, et non le mouvement révolutionnaire de libération afro-américaine né en octobre 1966 et dont le nom pourrait avoir été inspiré de celui du personnage (même si cela n'a jamais été confirmé) : "[Les producteurs] pensent que tu veux porter un béret et des habits noirs, et que ça fera un film."
QUAND LA POLITIQUE S’EN MÊLE
L'obstacle finit par être franchi quand le studio Columbia décide de prendre le projet sous son aile. Et lance les recherches pour trouver un scénariste et un réalisateur. Ce qui se révèle finalement presque plus compliqué que l'étape précédente : "Nous avons étudié trois versions du scénario et quelques options de réalisateurs - des options très intéressantes à l'époque", explique Wesley Snipes alors que The Hollywood Reporter cite les noms de Mario Van Peebles et John Singleton, tout juste auréolé du succès de Boyz'n the Hood, parmi les cinéastes sur la shortlist.
S'il ne rencontrera jamais le premier, sa discussion avec le second tourne court pour cause de divergence de point de vue. "Je lui ai exposé ma vision, qui est proche de ce que vous voyez maintenant : ce monde d'Afrique qui est une société cachée et technologiquement avancée, protégée par un champ de vision, avec du Vibranium... Et John me dit 'Oh non ! Il possède l'esprit de la Panthère Noire, mais il essaye de pousser son fils à rejoindre l'organisation [de lutte pour les droits civiques]. Et son fils et lui ont un problème, ils se disputent car il veut être politiquement correct là où son fils joue les crétins.'"
L’approche du personnage, de l'action, des enjeux et de tout le reste était formidable
Retour à la case départ pour un Wesley Snipes désireux de montrer "l'Afrique glorieuse et belle. Le joyau Afrique", et dont la vision finit par effrayer Singleton. Mais c'est un mal pour un bien : "J'adore John, mais je suis très heureux que nous ne nous soyons pas aventurés dans cette voie, car ça aurait été la mauvaise chose à faire avec un projet aussi riche." Ce dernier ne trouvera pas de repreneur, malgré "le pitch incroyable" signé Terry Hayes (scénariste de Mad Max 2 et auteur du roman "Je suis Pilgrim") et dont Tom DeFalco, rédacteur en chef de Marvel entre 1987 et 1994, vantait les mérites.
Il y était question d'une bataille au Wakanda dans la scène d'ouverture, avec un T'Challa bébé placé dans un panier qui dérive sur une rivière jusqu'à ce qu'il soit secouru. Des années plus tard, alors qu'il vit ailleurs, il est attaqué dans un ascenseur et c'est à partir de cette séquence à la chorégraphie élaborée, que l'histoire devait se lancer. "Je pouvais voir [la scène] dans mon esprit", raconte DeFalco. "[J'ai pensé] 'Si ça doit être notre film Black Panther, je signe tout de suite !' Son approche du personnage, de l'action, des enjeux et de tout le reste était formidable." De quoi, enfin, lancer le projet ? Hélas non.
Bien au contraire même. "Nous n'avons pas réussi à trouver la bonne combinaison de scénario et de réalisateur et, à l'époque aussi, le mode de pensée n'était pas aussi avancé et la technologie n'était pas disponible pour permettre de recréer ce qui existait déjà dans les comic books." Clap de fin, donc, pour un long métrage dans lequel le costume de Black Panther aurait été "un justaucorps avec des petites oreilles de chat dessus (...) Je n'avais jamais imaginé autre chose qu'un justaucorps à l'époque, ce qui ne me posait pas de problème car j'avais débuté comme danseur."
Plus de deux décennies plus tard, Black Panther a enfin débarqué sur grand écran. Soutenu "à 1000%" par Wesley Snipes, qui y a vu "un catalyseur de changement [capable] d'ouvrir d'autres portes et [offrir] d'autres possibilités." "Nous avons besoin de ce type diversité et d'une saveur différente", poursuivait celui qui a eu une seconde chance super-héroïque quelques années après son échec avec T'Challa : "Je me suis dit, allez, si je ne peux pas faire le roi du Wakanda, du Vibranium et du royaume caché d'Afrique, je n'ai qu'à faire un vampire noir."
Soit Blade, chasseur de vampires aux dents pointues créé en 1973 et qu'il incarne à trois reprises sur grand écran. Et notamment sous la direction de Guillermo del Toro, qui signe le deuxième (et meilleur) opus de la trilogie en 2002. Faute de débarquer sur grand écran pendant les années 90, T'Challa a quant à lui connu une seconde vie sur papier grâce aux comic books de Christopher Priest et Mark Teixera, sortis en 1998.
La même année que le film Blade, qui a rapporté 173 millions de dollars dans le monde, et dont le succès a clairement pavé la voie à Spider-Man et aux X-Men, qui ont lancé la vague des super-héros au cinéma, dont Black Panther est l'un des derniers nés.
Alors que Wesley Snipes ne fermait pas la porte à un retour sous les traits de Blade, c'est finalement Mahershala Ali, lui aussi oscarisé en 2019, qui a hérité du rôle dans le MCU. Mais peut-on quand même l'imaginer dans l'univers aux côtés des Avengers ? Et dans le camp de Black Panther, alors qu'un nouveau film est prévu pour 2022 ? Seul l'avenir nous le dira, mais le symbole serait beau.
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