Pose (2018 - )
Pose, la flamboyante production de Ryan Murphy, met enfin la lumière sur la Ball Culture et le voguing, longtemps restés dans l’ombre. Ses héroïnes sont en majorité des femmes trans noires ou latinas et ses héros des hommes noirs homosexuels. Evoluant sur la scène queer underground de New York à la fin des années 1980, ils et elles irradient dans les ballrooms. Une manière de compenser leur mise au ban de la société. A cette époque, fatalement l’épidémie de sida commence à faire des ravages au sein de la communauté LGBT+. Pray Tell, incarné par Billy Porter, voit mourir ses amis et ses amants peu avant d’apprendre qu’il est lui-même séropositif. Cela ne l’empêche pas d’être un pilier de la communauté et de s’engager activement dans le militantisme. Blanca, jouée par Mj Rodriguez, apprend elle aussi sa séropositivité. C’est cette nouvelle qui la pousse à prendre son destin en main et à fonder sa propre maison et ainsi devenir une "mother" avec la Maison Evangelista. Elle crée ainsi sa propre famille dans le but de laisser un héritage après sa mort. La force de Pose tient à ce concept très simple de ne pas définir les personnages selon leur statut viral. Ils vivent, existent, exultent et aiment comme n’importe quels autres personnages de séries télé.
Murder (2014 – 2020)
Dans Murder, une production de Shonda Rhimes, Annalise Keating (Viola Davis) et ses élèves n’ont de cesse de faire face à de multiples obstacles qui menacent à chaque fois de ruiner leur destin voire leur vie. Victime collatérale de ces retournements de situation constants, Oliver – joué par Conrad Ricamora – voit sa vie bouleversée en rencontrant et en tombant amoureux de Connor (Jack Falahee). Il faut saluer le travail des scénaristes sur l’arc narratif concernant Oliver et sa séropositivité dont l’annonce survient au cours de la saison 2. Connor emménage chez Oliver juste après et décide d’entamer une relation sérieuse avec lui. Malgré toute la noirceur qui parcourt la série, Oliver reste le seul personnage positif et porteur d’espoir. Son couple avec Connor connaît des hauts et des bas mais reste solide. Ils vont même jusqu’à se marier. Un couple qui tient sur toute la durée de la série.
Looking (2014 – 2016)
Durant deux saisons et un film, la sensible comédie dramatique Looking a suivi les histoires de cœur d’un groupe de garçons gays à San Francisco. Au cours des différentes rencontres de Patrick (Jonathan Groff), Agustin (Frankie J. Alvarez), Dom (Murray Bartlett), Ricardo (Raúl Castillo) et Kevin (Russell Tovey), on fait la connaissance d’un personnage secondaire : Eddie, interprété par Daniel Franzese (remarqué dans Mean Girls). Appartenant à la culture Bear de la communauté gay, c’est-à-dire reprenant des codes virils et portant une barbe bien fournie, Eddie travaille dans un refuge pour jeunes trans. Il est séropositif et se décrit comme "Saint Eddie, la mère poilue de la Mission". On suit sa relation avec Agustin, le quotidien avec le traitement, les mesures de précaution pour les relations sexuelles. Sans misérabilisme, la série dépeint la vie d’Eddie avec ses contraintes mais aussi tout simplement la vie qui continue.
Brothers & Sisters (2006 – 2011)
Dans Brothers & Sisters, la famille Walker connaît bien des épreuves après la mort du patriarche. Et même si les personnalités des uns et des autres créent souvent des étincelles, les Walker forment un bloc soudé dans les épreuves. Sur la photo de famille, Saul Holden joué par Ron Rifkin, est le frère de Nora (Sally Field) et plus généralement l’oncle bienveillant. Au cours de la saison 4, le destin de Saul bascule lorsqu’il apprend qu’un ancien amant, Jonathan (joué par Richard Chamberlain) est séropositif. Il se fait tester juste après mais garde le résultat secret. Jusqu’à un accident de voiture où il est obligé de révéler son statut. Lors de la dernière saison, Saul tombe amoureux d’un autre homme qui fuit dès qu’il apprend sa séropositivité. Saul finit par retrouver Jonathan et le pardonne de l’avoir contaminé. Jonathan demande à Saul de l'épouser dans l’épisode final de la série, et Saul accepte.
Angels in America (2003)
Le chef d’œuvre de Tony Kushner a donné lieu à une magnifique mini-série réalisée par Mike Nichols avec un casting de rêve. A l’affiche de cette adaptation de la pièce de théâtre éponyme, on peut voir Meryl Streep, Al Pacino, Emma Thompson, Mary-Louise Parker, Patrick Wilson, Justin Kirk ou encore Jeffrey Wright. Ce qui distingue Angels in America, surtout à son époque, c'est que la série se concentre moins sur des histoires individuelles que sur un collectif injustement stigmatisé. Avec une distribution de personnages tentaculaire, qui va de Roy Cohn l’avocat le plus célèbre du pays à une ancienne drag queen reconvertie en infirmier en passant par l’Ange de l’Amérique, l'adaptation de Mike Nichols fait partie d'une nouvelle vague télévisuelle qui a mis au cœur de son récit des réseaux d’entraide et des familles reconstituées qui sont devenus de véritables repères pour de nombreuses personnes queers.
Urgences (1994 – 2009)
Sacrée comme LA série médicale de référence, Urgences a révolutionné la télévision à plus d’un titre. Mais elle a aussi bousculé les représentations des personnes séropositives. Dans la série, Jeanie Boulet – jouée par Gloria Reuben – est un médecin assistant. Lorsque son mariage bat de l’aile, elle a une aventure avec Benton. Son mari, lui aussi, a une relation extra-conjugale. Un couple qui dysfonctionne comme beaucoup. Sauf que son époux est infecté en allant voir ailleurs et contamine Jeanie. Combative, Jeanie a continué à travailler à l'hôpital après son diagnostic, malgré les injonctions contre elle de Benton, et a été l'un des premiers personnages séropositifs à ne jamais être tués dans une série télé… Au lieu de cela, elle a quitté son poste à l'hôpital lorsqu'elle a adopté un bébé séropositif pour passer plus de temps avec sa famille. Jeanie Boulet a permis de sensibiliser les femmes afro-américaines au VIH, en particulier, en donnant la parole à une communauté généralement négligée par les médias jusque-là.