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    It's a Sin sur CANAL+ : que vaut cette série incontournable sur les années sida à Londres ?
    Thomas Desroches
    Thomas Desroches
    -Journaliste
    Les yeux rivés sur l’écran et la tête dans les magazines, Thomas Desroches se nourrit de films en tout genre dès son plus jeune âge. Il aime le cinéma engagé, extrême, horrifique, les documentaires et partage sa passion sur le podcast d'AlloCiné.

    Le Britannique Russell T. Davies livre son projet le plus personnel avec "It's a Sin" qui revient sur l'apparition et la propagation du sida à Londres. La série, disponible sur myCANAL, est diffusée ces 22 et 29 mars 2021 sur Canal+. Coup de cœur.

    De quoi ça parle ?

    Ritchie, Roscoe et Colin débarquent à Londres en 1981. Les jeunes hommes vont commencer leur vie d'adulte avec un virus nouveau qui se propage dans la communauté gay. C’est l’histoire de leurs amis, de leurs amants et de leurs familles.

    It's a Sin, une série créée par Russell T. Davies et réalisée par Peter Hoar.

    It's a Sin
    It's a Sin
    Sortie : 2021-01-22 | 60 min
    Série : It's a Sin
    Avec Olly Alexander, Omari Douglas, Callum Scott Howells
    Presse
    4,1
    Spectateurs
    4,4
    Voir sur france.tv

    Diffusée le 22 mars 2021 (3 épisodes) et le 29 mars 2021 (2 épisodes) sur CANAL+.

    Disponible sur myCANAL.

    C'est avec qui ?

    Pour It's A Sin, Russell T. Davies s'entoure d'Olly Alexander, ancien leader du groupe Years & Years, qui incarne le rôle principal, Ritchie. L'artiste donne la réplique à Lydia WestOmari DouglasCallum Scott Howells et Nathaniel Curtis. Ensemble, ils campent la bande d'amis, noyau de la série, et s'imposent comme de véritables révélations. Du côté des personnages secondaires, les téléspectateurs reconnaîtront Keeley Hawes, actrice très célèbre de la télévision britannique, Stephen Fry, mais aussi Neil Patrick Harris - seul Américain de la distribution - qui apparaît dans le premier épisode.

    Ça vaut le coup d'oeil ?

    Nombreuses ont été les œuvres à aborder l'épidémie du sida. En France, il y a eu, entre autres, le film autobiographique de Cyril Collard, Les Nuits fauves, et le militant 120 Battements par minute de Robin Campillo, lauréat du Grand Prix au Festival de Cannes. Deux grands succès. Aux États-Unis, impossible de ne pas mentionner l'Oscarisé Philadelphia de Jonathan Demme, qui a largement démocratisé le sujet. Mais aussi les adaptations des pièces de théâtre Angels in America et The Normal Heart, toutes les deux diffusées sur la chaîne HBO. Parmi la longue liste des films et séries sur ce thème, aucun n'avait encore raconté l'éruption du virus d'un point de vue britannique. Grâce à It's a Sin, Russell T. Davies rectifie cette erreur et change la donne.

    Le scénariste, bien connu pour son travail sur Doctor Who et Years and Years, est l'une des figures de la représentation LGBT+ à l'écran. En 1999, il crée la série culte Queer as Folk - adaptée par la suite en Amérique - et écrit, en 2015, la moins connue Cucumber. Avec It's a Sin, qui emprunte son titre au morceau des Pet Shop Boys, il se plonge dans les années sida, un thème qu'il a longtemps et sciemment mis de côté dans sa carrière. Il retrace le destin d'un groupe d'amis installé à Londres sur une décennie, de 1981 à 1991.

    Sida : la maladie abordée pour la première fois à l'écran, c'était quand ?

    Célébration de la force et du courage de ceux qui ont lutté, la série ne tombe jamais dans les écueils du pathétique et du morbide grossier. C'est dans ses moments de joie intense que la bande embarque le public pour mieux le séduire. "Je ne vois pas l'intérêt de se souvenir des gens qu'à travers la mort. Il faut se rémorer la vie et la célébrer", lance Russell T. Davies à l'occasion d'une table ronde au milieu d'une poignée de journalistes. En 1981, il avait le même âge que ses personnages et découvrait, lui aussi, l'arrivée du "cancer gay" (terme prêté au sida dans les premières années, NDLR).

    Nécessaire pour ne pas oublier

    It's a Sin n'est pas un programme de niche. Il s'adresse, au contraire, à tous types de téléspectateurs et à toutes les générations. Celles qui ont connu l'apparition de l'épidémie, mais aussi celles qui découvrent l'ampleur des dégats des annnées plus tard. "Parfois, il suffit de regarder en arrière pour apprendre", glisse le créateur. En ce sens, raconter cette histoire aujourd'hui est indispensable pour resituer l'ostracisme, les stigmatisations et la honte dont ont été victimes ces hommes qui rentraient chez leurs parents pour mourir loin des regards.

    Rythmée par une bande originale composée des titres emblématiques de l'époque, la série reconstitue l'Angleterre des années 80 avec des costumes et des décors somptueux, sans parler de l'excellente photographie signée David Katz Nelson. Sa puissance, It's a Sin la doit également à sa distribution de jeunes acteurs, d'Olly Alexander à Callum Scott Howells, mais aussi Lydia West, seule fille du groupe. Elle incarne Jill, une alliée qui se tient au chevet des malades. Son personnage est inspiré d'une vraie militante, Jill Nalder, qui joue sa mère à l'écran.

    Il avait impressionné avec son récit dystopique et politique Years and Years, Russell T. Davies frappe encore plus fort avec It's a Sin, une série essentielle, juste et romanesque. Le créateur donne vie à des personnages vaillants, attachants et rend le plus bel hommage qui soit aux victimes et aux survivants. Indispensable.

    Écoutez la bande originale de "It's a Sin" :

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