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    The Vast of Night sur Amazon : la pépite qui rend hommage à Spielberg et La Quatrième Dimension
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Disponible sur Amazon Prime Vidéo, "The Vast of Night" est le premier film d'Andrew Patterson. Mais cette pépite de SF qui renvoie autant à Steven Spielberg qu'à "La Quatrième dimension" impressionne.

    "Vous entrez dans un monde entre clandestinité et oubli", entend-on sur le téléviseur en noir et blanc au cœur du tout premier plan de The Vast of Night. "Un signal entre deux canaux, le musée secret de l'humanité, la bibliothèque privée des ombres où tout se joue sur une scène bâtie sur le mystère et qui n'existe qu'à une fréquence entre logique et mythe. Vous entrez dans Le Cinéma Paradoxe."

    Alors que la caméra se rapproche petit-à-petit de l'écran jusqu'à le traverser, comme pour passer de l'autre côté du miroir, le long métrage joue cartes sur table et reconnaît La Quatrième Dimension comme l'une de ses influences majeures.

    The Vast of Night
    The Vast of Night
    De Andrew Patterson (I)
    Avec Sierra McCormick, Jake Horowitz, Gail Cronauer
    Sortie le 3 juillet 2020
    Voir sur Prime Video

    Entre les premières notes de la musique qui accompagne cette introduction et semblent faire écho au thème de la série, et le choix de situer l'action dans la ville (fictive) de Cayuga, hommage à peine voilé à la société de production de son créateur Rod Serling, cette entrée en matière paraît presque trop référencée pour être honnête. Mais la suite ne met pas longtemps à nous rassurer.

    Tourné en l'espace de dix-sept jours au mois de septembre 2016, avec un budget s'élevant à 700 000 dollars, The Vast of Night est le premier long métrage écrit et réalisé par Andrew Patterson. Ce qui n'est pas si évident que cela tant il fait preuve de maîtrise dans la narration et la mise en scène, et c'est aussi en cela qu'il s'inscrit dans la lignée de La Quatrième Dimension, en ayant davantage confiance dans son récit que dans d'éventuels effets.

    Nous voici donc dans la ville de Cayuga, située au Nouveau-Mexique comme Roswell et la légendaire Zone 51, ce qui n'est en aucun cas un hasard. Car il est bien question d'extra-terrestres dans The Vast of Night. Ou plutôt c'est ce que pensent Fay (Sierra McCormick) et son ami Everett (Jake Horowitz), lorsque l'émission de radio de ce dernier est interrompu par un mystérieux signal audio, que la jeune opératrice téléphonique entend également alors qu'elle reçoit un appel autour d'un étrange phénomène.

    Amazon Prime Video

    Au gré des témoignages qu'ils recueillent et où il est notamment question de lueurs étranges, de maladie qui s'est développée bizarrement ou de complot gouvernemental, leur paranoïa va laisser place à des certitudes. Et ce n'est d'ailleurs pas tant la finalité du récit qui compte que le cheminement pour y parvenir, et où les points de vues occupent une place centrale.

    Par moments, The Vast of Night rappelle Rencontres du troisième type de Steven Spielberg (qui avait réalisé un segment du film La Quatrième dimension, tout se tient) et la célèbre lecture radiophonique de "La Guerre des Mondes" par Orson Welles, qui avait effrayé l'Amérique. Ou encore la suggestion dont M. Night Shyamalan s'est fait l'un des maîtres. Mais Andrew Patterson ne paraît pas écrasé par ces références évidentes, avec une confiance importante qui ne passe jamais pour de la prétention. Convaincu de la simple force de son récit, il ose des longues scènes quasi-statiques, comme celle où Kay passe d'un interlocuteur à l'autre devant sa console, et même un passage sur fond noir qui repose uniquement sur le son, laissant au spectateur le soin de se représenter lui-même les images.

    Biberonné à tout un pan de la SF, le réalisteur et scénariste (et monteur, sous le pseudo de Junius Tully) affiche également une croyance dans les connaissances du public en la matière, ce qui lui permet de se concentrer sur les paroles plus que sur les images et effets. Ce qui ne l'empêche pas de faire preuve de virtuosité, comme lors de ce plan-séquence grâce auquel il passe de Kay à Everett en traversant la ville. Comme les extra-terrestres au cœur de son récit, cet exercice de style malin mais pas vain sort de nulle part, mais il pourrait marquer les esprits. Steven Soderbergh en est d'ailleurs tombé amoureux au festival Slamdance, et on ne peut que souhaiter à Andrew Patterson de connaître la même trajectoire.

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