Troisième long-métrage d'Hervé Mimran, à qui l'on doit les comédies Tout ce qui brille et Nous York, co-réalisées avec Géraldine Nakache, Un homme pressé suit Alain, un homme d’affaires respecté et orateur brillant qui court après le temps. Dans sa vie, il n'y a aucune place pour les loisirs ou la famille.
Un jour, il est victime d'un accident cérébral qui le stoppe dans sa course et entraîne chez lui de profonds troubles de la parole et de la mémoire. Sa rééducation est prise en charge par Jeanne, une jeune orthophoniste. À force de travail et de patience, Jeanne et Alain vont apprendre à se connaître et chacun, à sa manière, va enfin tenter de se reconstruire et prendre le temps de vivre.
Porté par Fabrice Luchini, Leïla Bekhti, Rebecca Marder et Igor Gotesman le film est adapté du roman J'étais un homme pressé (paru en 2014 aux éditions du Cherche midi) de Christian Streiff, l'ancien PDG de PSA Peugeot Citroën. Un roman inspiré de sa propre expérience.
Né en septembre 1954 en Moselle, Christian Streiff commence sa carrière chez Saint-Gobain comme ingénieur et cadre dirigeant et monte les échelons jusqu'à devenir Directeur Général délégué. En juillet 2006, il est nommé membre du comité exécutif d'EADS et devient Président exécutif d'Airbus mais démissionne au bout de 3 mois en octobre 2006.
En février 2007, il est nommé Président du directoire du groupe automobile PSA Peugeot Citroën et dirige Peugeot Citroën, la Banque PSA finances, Faurecia et Gefco. Mais en mai 2008, un accident vasculaire cérébral le contraint à quitter ses fonctions. Le récit de son combat est relaté dans son livre et dans le film Un homme pressé.
A la suite de son AVC, son corps est intact, mais une partie de sa mémoire s’en est allée. Épaulé par le corps médical, Christian Streiff se bat durant 3 ans afin de se libérer de son handicap. Celui qui fut l’un des plus importants patrons de France ne renoncera jamais à se projeter dans l’avenir, avec pour seule ambition l'accomplissement de ses rêves : parcourir le monde à pied, traverser le Pacifique à la voile, découvrir la nature en solitaire.
Une histoire sur la perte d'une partie de soi et la nécessité de se reconstruire. Aujourd'hui Christian Streiff a retrouvé l'usage de la parole et sa vie quotidienne, et se construit une nouvelle carrière. Mais il laisse désormais "du temps au temps" pour nourrir la part intime de lui-même.
De la réalité au film
Le réalisateur Hervé Mimran et le producteur Matthieu Tarot se voyaient régulièrement pour échanger des idées et parler de leurs envies, jusqu’au jour où ils ont évoqué un article du Monde, daté du 7 février 2013 : le portrait de Christian Streiff, un ancien grand patron victime d’un AVC en 2008 et qui avait dû cacher sa maladie pendant plusieurs mois avant de se faire licencier en moins de deux heures.
Le réalisateur se souvient : "Il y avait là le début parfait d’une histoire. Matthieu et moi avons rencontré Christian pour essayer de le convaincre que son récit pouvait faire l'objet d'un film. On s’est vu plusieurs fois. Je l’ai convaincu que je ne raconterai pas sa vie mais une histoire inspirée de sa vie. Quand il a enfin accepté, on a passé plusieurs après-midi ensemble pour que je puisse récolter le maximum d’infos concernant sa maladie et le monde de l’entreprise.
Raconter le destin d’un homme d’influence qui a fait les beaux jours du CAC40 ne m’intéressait pas plus que ça, à priori. Mais lorsque Christian m’a confié qu’à 20 ans, son désir profond était d’être acteur mais que ses parents l’en avaient empêché, l’être humain derrière le grand patron s’est révélé.
C’est une brèche passionnante à creuser quand on est scénariste, rendre attachant quelqu’un qui à priori ne l’est pas. J’ai quand même réalisé le rêve de Christian, je lui ai donné un petit rôle dans le film dans la séquence du Pôle Emploi !"
Hervé Mimran ne souhaitait pas faire de ce film un drame sur les conséquences d’un AVC. Lorsque Christian Strieff lui a expliqué qu’il disait n’importe quoi en croyant être intelligible, le cinéaste a tout de suite su qu'il tenait la clé de cette histoire.
Néanmoins, le metteur en sècne a fait beaucoup de recherches sur le sujet et a rencontré un neurologue spécialiste de l’AVC ainsi que les orthophonistes qui s’étaient occupés de Christian Strieff. Il explique : "Même si on ne colle pas à la réalité, il ne faut pas raconter n’importe quoi. Avec Leïla, nous sommes même allés discuter avec des patients atteints à des stades différents. Chaque cas était particulier.
J’ai parlé avec un homme de 60 ans, brillant, ancré dans son discours jusqu’à ce qu’on lui demande d’énumérer en deux minutes tous les sports qui commencent par la lettre « S ». Autant lui demander de réciter Proust dans le texte. Une autre patiente, âgée de 80 ans, s’exprimait comme Alain dans le film : de façon incompréhensible mais animée d’une intention et d’une lucidité absolues."