De quoi ça parle ?
Paris, 1899. Le président Félix Faure vient de mourir. La République, épuisée par l’affaire Dreyfus, prise en étau entre les ligues nationalistes et antisémites et la menace anarchiste, n’a jamais paru si faible. Alors que le préfet Lépine est rappelé pour maintenir l’ordre dans Paris, le cadavre d’une inconnue retrouvé dans la Seine entraîne Antoine Jouin, inspecteur ambitieux de la criminelle, et Jeanne Chauvin, une jeune avocate, au cœur d’une enquête complexe. Cette affaire intéresse aussi Joseph Fiersi, inspecteur corrompu qui engage comme moucharde la courtisane Meg Steinheil. Ces personnages que tout oppose devront s’unir pour affronter un coup d'État.
Tous les lundis soirs à 21h05 à partir du 8 février. 8 épisodes vus sur 8.
C’est avec qui ?
Paris Police 1900 a été créée et écrite par Fabien Nury, qui a déjà fait équipe avec Canal+ pour la série Guyane. Cet auteur de BD prolifique est surtout connu pour ses récits historiques comme Il était une fois en France qui a reçu en 2011 le prix de la meilleure série au Festival international de la BD d'Angoulême. Concernant la réalisation, Julien Despaux (Zone Blanche) et Frédéric Balekdjian (Kaboul Kitchen) se sont occupés respectivement des épisodes 1 à 4 et 5 à 7, tandis que le dernier épisode a été mis en scène par Fabien Nury en personne.
Niveau distribution, cette fiction historique repose sur une multitude d’acteurs, notamment Jérémie Laheurte, un comédien découvert dans La Vie d’Adèle qui se glisse dans la peau d’Antoine Jouin. L’actrice canadienne Évelyne Brochu (Orphan Black, Thanksgiving) campe la courtisane Meg Steinheil, Marc Barbé (Crossing Lines) est le préfet Lépine, et Thibaut Evrard (Borgia) incarne l’ours au grand coeur Fiersi. Valérie Dashwood, Hubert Delattre et Eugénie Dérouand viennent compléter ce casting.
Ça vaut le coup d'œil ?
C’est par la mort, plus que cocasse, de Félix Faure que débute Paris Police 1900. “Il voulait être César, il ne fut que Pompée”... Dès les premières minutes, les prémices de la série sont posées. Nous sommes en 1899. La France, en plein dans l’affaire Dreyfus, est plus que jamais affaiblie. Les ligues nationalistes et antisémites prennent de l’importance et menacent le pouvoir. C’est dans ce contexte que le corps d’une jeune femme est retrouvé découpé dans une valise. Débute alors une enquête de police qui va toucher toutes les strates de la société parisienne de l’époque, de la bourgeoisie aux bouchers de La Villette, en passant par la police…
Le résultat : une série historique fidèle, reposant sur une galerie de personnages réels et fictifs, qui nous offre une vision sur une partie de notre histoire de France souvent oubliée qui fait pourtant étrangement écho à la société actuelle. En jouant constamment sur notre doute entre la réalité et la fiction, Fabien Nury, qui a passé plus d’un an à se documenter sur cette époque, nous livre une histoire qu’on croirait tout droit sortie d’un manuel scolaire. La série brille d'ailleurs par sa reconstitution historique et son souci du détail, en nous montrant une facette de la Belle Époque, tiraillée entre tradition et modernité.
Comme pour toute série historique, Paris Police 1900 avait besoin d’avoir un univers visuel fort, les costumes et les décors occupant une place centrale de l’intrigue. Afin d’offrir une dimension cinématographique à cette fiction, les costumes ont été réalisés par Anais Romand, qui a notamment reçu 3 Césars pour son travail sur L'Apollonide : Souvenirs de la maison close en 2012, Saint Laurent en 2015 et La Danseuse en 2017. Pour le décor, c’est Pierre Quefféléan, également césarisé pour son travail sur Au revoir Là-haut, qui eut la lourde tâche de recréer les rues de Paris, les bureaux de la préfecture et tous les lieux emblématiques de la capitale. Paris Police 1900 est définitivement un projet ambitieux pour Canal+ puisque chaque épisode a coûté pas moins de 2 millions d’euros à produire. Et cet investissement se ressent.
Comme tout polar qui se respecte, Paris Police 1900 repose sur une galerie de personnages interconnectés, et c’est là que réside son plus gros défaut. Son trop grand nombre de protagonistes, à l’image de séries comme Game of Thrones, fait que nous avons parfois du mal à savoir qui est qui, cette difficulté étant renforcée par le fait que les hommes de l’époque sont tous habillés en noir… Les costumiers ont donc joué sur les accessoires afin d’aider les téléspectateurs à se repérer, mais cela prend tout de même deux-trois épisodes avant de s'y retrouver. C’est un peu embêtant quand une partie de l’intrigue repose sur les alliances et les trahisons entre les différents personnages… Côté casting, même si tous les acteurs sont remarquables, on retiendra particulièrement Thibaut Evrard, alias Fiersi, qui réussit à nous faire aimer ce personnage complexe tout en contradictions, à la fois père de famille aimant et policier violent (la scène d’interrogatoire à la fin de l’épisode 4 est particulièrement marquante).
En somme, avec son humour noir et ses jeux de mots bien placés, Paris Police 1900 parvient à mêler récit historique, enquête policière et thriller politique. Même si l’intrigue met quelques épisodes à se mettre en place, une fois lancée, la série parvient à nous captiver jusqu’au dernier épisode. Une fois de plus, Canal+ nous prouve que ses créations originales n’ont rien à envier aux plus grands films.