Ce dimanche 17 janvier, ne manquez pas (ou revoyez-le !) la diffusion sur Arte à 20h55 de Master & Commander. Récit des (més)aventures du capitaine Jack Aubrey, commandant du navire H.M.S. Surprise, soudainement attaqué au large des côtes du Brésil par une frégate française insaisissable et presque indestructible, en pleine époque des guerres napoléoniennes. Voyant son navire gravement endommagé, et ayant perdu une bonne partie de son équipage, Aubrey est tiraillé entre sa soif de vengeance et fuir un ennemi dont la puissance de feu le surclasse. Il décide alors de se lancer dans une poursuite infernale traversant les océans, afin de capturer son adversaire. Cette mission peut lui apporter la gloire et le succès ou le détruire, lui et son équipage…
Adapté d'un roman de la brillante série fleuve écrite par le regretté Patrick O'Brian, Peter Weir a signé avec ce film un chef-d'oeuvre. Un extraordinaire film d'aventure maritime, à la fois spectaculaire et intimiste, à la mise en scène exemplaire et visuellement sublime (Oscar à la clé), porté par deux fabuleux comédiens dans les rôles principaux : Russell Crowe, qui trouve sans doute ici son meilleur rôle, et un magnifique Paul Bettany, sous les traits de son ami d'enfance et chirurgien du navire, humaniste et naturaliste, le docteur Stephen Maturin. De mémoire, nous n'avions pas / plus vu de combats navals aussi fous depuis la grande époque des films de corsaires et pirates.
Douloureux échec
Sorti dans une indifférence polie et totale -c'est un euphémisme- le 31 décembre 2003 chez nous, torpillant de facto sa carrière en salle, lourd échec au Box Office mondial avec à peine plus de 211 millions $ au compteur sur un budget de 150 millions $, c'est peu dire que Master & Commander mérite plus que largement une sérieuse réévaluation.
Un échec dont Peter Weir mettra plusieurs années à se remettre. Son film suivant, Les Chemins de la liberté, ne sortira chez nous qu'en 2011... Quoi qu'il en soit, grâce au bouche à oreille, à l'essor du DVD et des supports suivants, l'aura de Master & Commander n'a cessé de grandir, et ce n'est que justice. Et, depuis plus d'une dizaine d'années maintenant, après être sorti de l'enfer du purgatoire, les fans réclament une suite.
En 2017, un sondage demandant à la twittosphère quelle suite devait voir le jour dans les salles obscures, le titre Master & Commander a souvent été cité. Le capitaine Aubrey en personne s'était alors activé sur son compte Twitter, pour le plus grands bonheur des fans :
"A tous les amoureux d’Aubrey / Maturin, j’ai en effet entendu chuchoter qu’un deuxième voyage serait peut-être potentiellement pré-envisagé comme possible. Alors, coutumiers et aficionados d’O’Brian, faites savoir votre enthousiasme à @20thcenturyfox." écrivait-il. Le livre choisi dans la série en vingt tomes écrite par Patrick O'Brian était semble-t-il le onzième, "Le Revers de la Médaille". Un choix rassurant pour le studio, puisqu’une bonne partie de l’action se déroule dans un Palais de Justice et non en mer. Les tournages sur l’eau font souvent exploser le budget des productions hollywoodienne; ce n'est pas la saga des Pirates des Caraïbes qui dira le contraire.
Mais il faut hélas se rendre à l'évidence : les chances de bel et bien voir une suite se sont réduites comme une peau de chagrin, pour au moins deux raisons. La première, c'est que Tom Rothman, qui était le PDG de Fox Film Entertainment à l'époque de la sortie du film, et son plus ardent défenseur, a quitté en 2012 la société, pour aller s'installer dans le fauteuil de PDG de Sony Pictures Motion Picture Group, remplacant Amy Pascal.
La licence est donc évidemment restée dans les cartons de la Fox... Qui s'est faite racheter depuis par Disney. La probabilité de voir Disney donner son feu vert à une suite est très faible, alors même que la firme aux grandes oreilles est toujours en train de réfléchir à la manière de valoriser son nouveau catalogue de films de la Fox, et qu'elle s'est lancée dans une stratégie de développement massif de contenus destinés en priorité à alimenter sa plateforme Disney+. De fait, on voit mal Disney faire un chèque de plus ou moins 150 millions de dollars pour la suite d'un film qui n'a pas marché, là où 120 millions $ suffisent pour faire une saison entière de Mandalorian, à raison d'environ 15 millions $ par épisode. Et avec, in fine, un carton plein d'audience à l'arrivée.