De quoi ca parle ?
Une mystérieuse épidémie transforme Moscou en ville fantôme. Il n’y a plus d’électricité, l’argent n’a plus aucune valeur, et les rares personnes qui n’ont pas été contaminées par le virus se battent désespérément pour trouver de la nourriture et de l’essence...
Pandémie chez Tolstoï
Un virus mortel laissant ses porteurs le regard vitreux, hagard et injecté de sang, avant de les achever en deux-trois jours; une pandémie qui se répand à une vitesse effrayante, piégeant et confinant une population de près de 30 millions de personnes, contrainte aussi de porter -au minimum- un masque pour tenter d'échapper à ce fléau et à l'apocalypse, qui ne tarde d'ailleurs pas à s'abattre alors que se multiplient les pillages et les exactions dans une ville en proie au chaos... Les Autorités quant à elles, et comme souvent (pour ne pas dire toujours dans les fictions catastrophes de cette nature), se révèlent rapidement totalement dépassées par la situation...
Il y a quelques choses d'étrange à découvrir cette série russe qu'est To The Lake, au moment même où la planète est très durement touchée justement par une pandémie mondiale et mortelle, dont on ne sait quand est-ce que l'on en sortira. A vrai dire, cette série de huit épisodes tournée par Pavel Kostomarov préfigurait, en un sens, la pandémie du covid-19; même si elle a été tournée et diffusée en Russie en 2019. Mais la visibilité internationale de celle-ci est largement boostée depuis son atterrisage sur la plateforme Netflix. Selon le journal russophone Kommersant, la firme de Redmond aurait déboursé 1,5 millions de dollars pour acheter la série et la mettre à son catalogue; un record pour une série russe.
Une série qui suit donc l'odyssée (et le calvaire soit-dit en passant...) d'un groupe de moscovites, lancé dans un périple pour atteindre un lieu refuge situé près d'un lac en Carélie, une région voisine de la Finlande et très sauvage. Portée notamment par deux excellentes têtes d'affiche, le comédien Kirill Käro et l'actrice Maryana Spivak qui s'exporte (on a pu la voir dans Yesterday de Danny Boyle et Le Bureau des légendes), To The Lake est une adaptation de Vongozero, un livre - et premier roman- écrit par Yana Vagner publié en Russie en 2010 (et chez nous en 2014).
"Je voulais imaginer la fin du monde – pas le spectacle pittoresque qu’on voit en général au cinéma ou dans les livres –, mais quelque chose de réaliste, sans monstres ni superhéros. Le genre d’aventures qui peuvent arriver à des gens ordinaires qui nous ressemblent : des citadins habitués au confort et à la sécurité" expliquait l'auteure dans une interview accordée en 2014 au site lelitteraire.com. "J’ai repris le scénario apocalyptique classique – une pandémie universelle – et j’ai essayé d’y entrer moi-même, telle que je suis, avec ma famille et mes amis, ma maison, et des milliers de petits détails de la vie de tous les jours qui semblent si importants, mais ne signifient rien. Je voulais rendre cette histoire personnelle. Que ferais-je si le monde qui m’entoure s’écroulait tout d’un coup? Que ressentirais-je? Où irais-je? Ça a été un voyage aussi terrifiant que fascinant pour moi".
Un pari en tout cas réussi à l'écran, qui bénéficie au passage de la bénédiction d'un certain Stephen King, qui postait ceci sur son compte Twitter. A vous désormais de vous laisser tenter pour découvrir cette pandémie version russe. Une thématique qui est, soit-dit en passant, largement cannibalisée par les fictions américaines depuis des années. Ca change...