Réalisé par Sydney Pollack en 1985, Out of Africa a raflé 7 Oscars en 1986, dont Meilleur film et Meilleur réalisateur. En France, le film sera un véritable triomphe, réunissant 4,8 millions de spectateurs. Depuis, le long-métrage est devenu un grand classique, contribuant à faire de Robert Redford et Meryl Streep des légendes du cinéma.
Pour rappel, Out of Africa suit la jeune Danoise Karen Blixen, campée par Meryl Streep. Après une déception amoureuse, elle décide de se marier et de s'embarquer pour l'Afrique. Vite délaissée par un mari volage, elle se consacre à la culture des caféiers et fait figure de pionnière. Son amitié pour l'aventurier Denys se transformera en amour mais elle ne saura pas retenir cet homme épris de liberté.
À l'occasion de la diffusion de ce chef-d'oeuvre sur Arte, retour sur 5 anecdotes autour du film.
UN SCÉNARIO BASÉ SUR PLUSIEURS LIVRES
Le personnage de Meryl Streep est inspiré de la baronne Karen von Blixen-Finecke, femme de lettres danoise décédée en 1962. Cette dernière a écrit un roman autobiographique, La Ferme africaine, publié en 1937. Out of Africa, écrit par le scénariste Kurt Luedtke, est en partie tiré de cet ouvrage. L'oeuvre se base aussi sur The Life of a Storyteller de Judith Thurman, biographie de Karen Blixen, et Silence Will Speak d'Errol Trzebinski, biographie de Denys Finch Hatton (le personnage incarné par Robert Redford dans le film).
MERYL STREEP PRO JUSQU'AU BOUT
Pour travailler son personnage, Meryl Streep est allé jusqu'à prendre l'accent danois, travaillant d'arrache-pied pour y parvenir. Pour cela, elle écoutait notamment des archives audio de Karen Blixen en train de lire ses livres. La comédienne est aussi une championne pour gérer le stress et assurer ses scènes avec aplomb. Durant le tournage d'une séquence où l'on présente Karen à ses domestiques, Meryl Streep sent un insecte ramper sur son corps. L'actrice ne se démonte pas et termine sa scène avant de se débarrasser de l'indésirable nuisible. L'artiste est également entrée en conflit avec Sydney Pollack en raison d'un désaccord sur une ligne de dialogue de son personnage. Pendant une dispute avec Denys, joué par Redford, Karen doit lui répliquer un "Je vous l'interdis !" Streep trouvait cette phrase ridicule et souhaitait la changer. Le cinéaste a réussi à la convaincre que le désespoir de son personnage à ce moment de l'histoire la poussait dans ses retranchements.
10.000 ACTEURS
Out of Africa, tourné en grande partie au Kenya, a été une gigantesque entreprise. En tout, près de 10.000 comédiens ont participé au film, pour la plupart des figurants. La production a notamment trouvé ces personnes dans les tribus Maasai et Kikuyu. Certains des membres de ces groupes étaient des descendants directs d'africains ayant officié sur la plantation de café qui appartenait à la baronne Karen Blixen. Un scandale avait d'ailleurs éclaté à l'époque car les figurants africains étaient moins bien payés que les européens. Sous la pression, l'équipe de production a été forcée de pallier à cette injustice. À noter aussi que le comédien Stephen Kinyanjui, interprète du chef Kinyanjui, est le petit-fils du personnage réel auquel il prête ses traits.
UN LION MENACE MERYL
Durant une séquence où Meryl Streep doit chasser un lion en agitant son fouet, le metteur en scène Sydney Pollack lui a joué un vilain tour. Afin d'assurer la sécurité de la comédienne, l'animal avait une patte arrière attachée pour qu'il ne parvienne pas à s'approcher trop près. Le cinéaste estimant que le félin n'était pas assez vif pour la scène, a décidé de le détacher pour une dernière prise, sans prévenir l'actrice. Résultat : le lion s'est excité d'un coup et s'est approché assez près de Meryl Streep pour vraiment l'effrayer. Pollack a ainsi obtenu une réelle authenticité, la peur se lisant très bien sur le visage de la comédienne. "Ils l'ont détaché et il est devenu fou ! C'est une des grandes scènes du film mais c'était un coup bas de la part de Sydney Pollack", confiait Meryl Streep lors de la promo du long-métrage. "Je suis contente de pouvoir raconter ça à mes enfants, Dieu merci je suis encore là pour en parler, c’était effrayant", ajoute l'artiste, qui a eu la peur de sa vie. À noter que le gouvernement du Kenya interdisait l'utilisation d'animaux sauvages dans un long-métrage, obligeant la production à faire venir des lions dressés de Californie.
UNE PREMIÈRE VERSION DE 3H40
Après avoir bouclé un premier montage de 3 heures et 40 minutes, Sydney Pollack, insatisfait, a décidé de tout reprendre à zéro. Ce dernier pensait que cette durée rebuterait totalement les spectateurs et que personne ne donnerait un centime pour aller voir un film de presque 4 heures. Le metteur en scène et son son chef-monteur, Fredric Steinkamp, ont finalement livré une nouvelle version de 2 heures et 41 minutes. Au final, Out of Africa a triomphé dans le monde entier, raflant 7 Oscars (Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur scénario adapté, Meilleure photo, Meilleurs décors, Meilleur son, Meilleure musique).