Mis en ligne en juin dernier sur Netflix, le film érotique polonais 365 Dni (365 Jours), adapté du premier tome de la trilogie littéraire de Blanka Lipińska, a rapidement fait polémique, accusé par les internautes de "glamouriser" le kidnapping et les abus sexuels à travers son intrigue qui suit "l'histoire d'amour" entre un membre de la mafia sicilienne et une jeune femme qu'il a enlevée et à qui il laisse 365 jours pour qu'elle tombe amoureuse de lui.
Une séquence de viol a particulièrement choqué une partie des abonnées de la plateforme de streaming et a poussé la chanteuse Duffy, qui a elle-même été violée, droguée et séquestrée pendant plusieurs jours, à demander le retrait pur et simple du film dans une lettre ouverte adressée à Reed Hastings, le PDG de Netflix. "Cela me peine que Netflix puisse offrir une telle couverture à ce genre de ‘cinéma’, qui érotise l’enlèvement et biaise la réalité de la violence sexuelle et du trafic, en le traitant comme un film ‘sexy’", déclare la chanteuse galloise, dont le point de vue a été également soutenu par une pétition lancée sur internet. "Je ne peux tout simplement pas imaginer comment Netflix pourrait ignorer l’insensibilité et la dangerosité du film. Cela a même incité certaines jeunes femmes à demander jovialement à Michele Morrone, l’acteur principal du film, de les kidnapper. Nous savons tous que Netflix ne diffuserait pas de contenus pédophiles, racistes, homophobes, à caractère haineux ou glorifiant les crimes contre l’humanité".
Une demande de retrait qui n'a pas trouvé de réponse favorable de la part de Netflix puisque la plateforme s'est contentée de déclarer par la suite dans un communiqué repris par The Guardian : "Nos abonnés choisissent ce qu'ils veulent regarder ou non en définissant des filtres de maturité et en enlevant des titres pour se protéger de contenus qu'ils jugent trop matures". L'équipe du film, elle, était restée silencieuse face à cette polémique. Jusqu'à cette semaine tout du moins, puisque Michele Morrone, l'interprète de Massimo dans 365 Dni, s'est finalement exprimé à ce sujet dans une interview accordée à E! News et a répondu aux critiques. "Il est important de se rappeler que le film est adapté d'une oeuvre de fiction", explique le comédien italien de 29 ans. "365 Dni a tout d'abord été un livre à succès en Pologne avant d'être adapté en film. Quand le public regarde un film, il sait que ce qu'il voit à l'écran n'est pas réel, mais mon travail en tant qu'acteur est de rendre cela réel. (...) Je fais confiance au public pour savoir reconnaître que le film est un fantasme. Parfois on regarde un film et on se prend à soutenir le "méchant", mais on sait très bien qu'il n'est pas quelqu'un de bien et que ce qu'il fait est mal. Et bien sûr, ce comportement est totalement inacceptable dans la vraie vie".
Si Michele Morrone cherche avant tout à rappeler que tout cela n'est que de la fiction, il avoue tout de même comprendre la polémique et apprécier qu'un tel film puisse permettre de sensibiliser aux violences faites aux femmes et aux abus sexuels. "Je comprends la controverse et je suis heureux que l'on en parle. Mais je pense que nous devons toutefois faire attention à ne pas limiter la création artistique. Je ne dirais pas qu'il faudrait interdire à un film de fiction comme celui-ci d'exister, parce que sinon, qu’en est-il des films sur la guerre, les crimes, les meurtres et sur la mafia ? Ce film n'est pas destiné à minimiser la réalité des violences sexuelles dans le monde. Je ne veux pas que les gens pensent que ce comportement est acceptable. Ce n'est pas le cas. Mais je trouve ça bien que le film puisse amener les gens à parler de ces problèmes. Afin que nous puissions éveiller davantage les consciences à ce sujet".
La bande-annonce de 365 Dni :