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    Agressions sexuelles : ces séries qui traitent avec justesse de la parole des victimes
    Mégane Choquet
    Mégane Choquet
    -Journaliste
    Journaliste spécialisée dans l'offre ciné et séries sur les plateformes quel que soit le genre. Ce qui ne l'empêche pas de rester fidèle à la petite lucarne et au grand écran.

    De plus en plus de séries contemporaines ont traité du processus de reconstruction des victimes d'agressions sexuelles. Parmi elles, on trouve I May Destroy You, Unbelievable, The Morning Show, Big Little Lies ou Mr Robot.

    HBO / Netflix

    Attention, spoilers. Les paragraphes suivants contiennent des spoilers sur les séries citées. Si vous ne voulez rien savoir, ne lisez pas ce qui suit.

    I May Destroy You

    Après Chewing-GumMichaela Coel revient avec une série très personnelle inspirée de sa propre expérience. I May Destroy You raconte le chemin de croix d'Arabella, une écrivaine en vogue, pour trouver l'identité de son agresseur qui l'a violée lors d'une soirée en boîte de nuit. La série, brillante et criante de vérité, décortique son cheminement aussi cruel que tendre pour faire face à ses traumatismes et c'est à travers une introspection douloureuse mais nécessaire que la jeune femme pourra se reconstruire. Quelques instants humoristiques viennent contrebalancer les aspects très violents de ses questionnements envers elle-même, ses proches, son corps et sa sexualité. I May Destroy You aborde tous les sujets, du consentement au viol, en passant par la déposition à la police et les applications de rencontres. Très bien écrite et parfaitement incarnée, la série britannique bouleverse par sa sincérité déconcertante mais essentielle, sublimée par une photographie léchée.

    Unbelievable

    Mini-série coup de poing de l'année 2019, Unbelievable, disponible sur Netflix, est inspirée d'une histoire vraie : celle de Marie (le nom a été changé), jeune adolescente américaine victime de viol dont le témoignage a été remis en cause. Son histoire bouleversante a fait l'objet d'un article, lauréat d'un Pulitzer et écrit par T. Christian Miller et Ken Armstrong. Comme personne n'avait cru à son histoire, Marie s'est rétractée et a été accusée par la police d'avoir menti, ce qui lui a valu d'être poursuivie par la justice. Mais le travail d'autres enquêteurs a permis de retrouver son violeur multi-récidiviste deux ans plus tard. Unbelievable a rencontré un franc succès critique et public grâce à la justesse de son propos. Ni moralisatrice, ni grossière, la série viscérale s'est attachée à mettre en lumière les traumatismes que peuvent traverser une victime, surtout lorsqu'elle est mal prise en charge, et peut compter sur les prestations magistrales de ses actrices Kaitlyn Dever, Toni Collette et Merritt Wever.

    Big Little Lies saison 2

    Dans la saison 2 de Big Little Lies, nous avons pu suivre en parallèle les douloureuses reconstructions de Celeste (Nicole Kidman) et Jane (Shailene Woodley), toutes deux victimes de Perry (Alexander Skarsgård), le conjoint abusif et toxique de Celeste, mort dans l'épisode final de la première saison. Malgré son décès, Perry hante toujours les deux femmes qui ont du mal à chasser leurs démons. Jane peine à refaire confiance aux hommes et aborde difficilement une nouvelle relation avec Corey car elle ne supporte plus d'être touchée. De son côté, Celeste suit une thérapie et a du mal à se défaire de l'emprise qu'a eu Perry sur elle surtout que sa belle-mère Mary Louise (Meryl Streep) l'empêche d'aller mieux en défendant son fils. Tout son parcours de reconstruction est un cri du cœur pour les femmes victimes de violences conjugales et la performance impeccable et poignante de Nicole Kidman prend aux tripes.

    The Morning Show

    Série Apple TV+, The Morning Show décortique les coulisses nauséabondes d'une émission matinale après la chute de son présentateur vedette, Mitch (Steve Carell), accusé de harcèlement sexuel. En plus de son emprise sur ses collègues, c'est aussi toute l'industrie qui est critiquée dans cette série avec des patrons qui fermaient les yeux sur une situation critique et dangereuse pour les employées. L'arrivée d'une nouvelle présentatrice, Bradley (Reese Witherspoon), aux côtés de la star Alex (Jennifer Aniston), permet de faire éclater au grand jour toutes les manipulations des hommes de l'entreprise. La série narre à travers des flashbacks ce que l'entre-soi masculin et les comportements abusifs ont eu comme conséquences, souvent dramatiques, sur les victimes qui n'osent pas en parler par peur dans un milieu d'autant plus problématique.

    The End of The F***ing World saison 2

    Cette deuxième saison de The End of The F***ing World est inattendue mais se justifie tant elle explore plus en profondeur la psychologie de ses personnages. Une attention particulière est apportée à Alyssa (Jessica Barden), qui a subi une agression dans la première saison par Clive Koch (Jonathan Aris). En retrouvant James (Alex Lawther), la jeune femme est confrontée à son passé et de douloureux souvenirs remontent à la surface. Mais c'est surtout sa rencontre avec Bonnie (Naomi Ackie), l'ancienne amante perturbée de Clive, qui l'amène à se rendre compte de ses traumatismes. Cette prise de conscience commune sur la masculinité toxique et le statut de victime, avec des flashbacks terrifiants, est un des arcs les plus intéressants de cette deuxième saison.

    Mr. Robot saison 4

    L'ultime saison de Mr. Robot a permis à Sam Esmail d'abattre ses dernières cartes afin de nous raconter la triste vérité qui nous a été cachée depuis le début de la série. On apprend en effet que le Elliot (Rami Malek) qui nous racontait son histoire en tant que justicier hacker n'était qu'une illusion, une personnalité créée pour protéger le véritable Elliot, dont on apprend les sévices sexuels qu'il a subis par son père dans son enfance. Son passé douloureux a enclenché un trouble dissociatif de l'identité chez Elliot qui s'est créé plusieurs personnalités pour se protéger et les derniers épisodes magistraux montrent à quel point se sortir de cette torpeur et s'extraire de son statut de victime est un parcours du combattant.

    The Handmaid's Tale saison 3

    Bien que décevante sur plusieurs aspects, notamment l'omniprésence de June (Elisabeth Moss), la saison 3 de The Handmaid's Tale creuse un peu plus les autres personnages et met en avant un esprit puissant de sororité. Chaque personnage féminin, qu'importe son statut dans le régime ultra patriarcal et dangereux de Gilead, se reconstruit et passe à l'action pour sauver les enfants voués à être soumis. Mais le personnage le plus touchant de cette saison reste Emily (Alexis Bledel) qui a réussi à atteindre le Canada et qui doit réapprendre à vivre avec les traumatismes de sa vie à Gilead, des viols subis à l'excision, la jeune femme se réapproprie son coeur peu à peu et tente de renouer des liens avec son ex-femme et son fils.

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