Après la prise de parole d'Adèle Haenel, début novembre, très nombreux ont été les témoignages de soutien dans le milieu du cinéma, parfois simplement par l'intermédiaire d'une photo ou d'un mot, ou parfois même d'une tribune.
En promotion pour son nouveau film Revenir, nous souhaitions entendre le sentiment d'une de ses anciennes partenaires de jeu, en l'occurrence Adèle Exarchopoulos. Toutes deux ont partagé l'affiche d'un même film, Orpheline, en 2016 (sans s'y donner la réplique, puisqu'elles y jouaient le même personnage à différents âges). Toutes deux incarnent la nouvelle génération du cinéma français par leurs engagements et leurs prises de paroles fortes.
Voici la réponse d'Adèle Exarchopoulos : "Je n'avais pas fait une tribune ou un texte. Je n'estime pas forcément avoir ce talent ou cette place. Mais j'avais posté une photo d'elle et moi. C'était plus pour afficher mon soutien. Je ne pense pas qu'Adèle soit forcément réseaux sociaux et que ce soit à travers ça qu'elle ait eu besoin de soutien. Je pense qu'elle a eu le courage d'elle même. Ce n'est même pas une question de force.
C'est un féminisme qui me parle
J'ai trouvé ça extrêmement courageux, et la manière dont elle l'a fait, la manière dont elle en a parlé. J'ai trouvé qu'elle brillait d'intelligence, et que c'était vraiment un acte pour tout le monde, sans condamner les hommes. C'est un féminisme qui me parle. Et puis d'arriver avec ce passif, de le transmettre, en parler, c'est compliqué. Et je trouve qu'elle l'a fait d'une manière assez honorable, élégante et courageuse."
Les Films Hatari - Les Films d'Ici
Est-ce que depuis qu'elle a parlé, les langues se délient davantage ? Est-ce qu'on sent un changement ?
"Moi c'est plus avec les hommes que j'en parle. J'étais en tournage il y a pas longtemps et je demandais à des garçons : mais, en vrai, ça change des choses pour vous, et il me disent, bien sûr. Il y a une proximité qui s'efface, parce que peur des interprétations. Il y a des blagues qu'on aurait pu faire à l'époque qu'on n'oserait pas faire, qu'on aurait peur de vexer, blesser. Donc il y a quand même un truc un peu plus contrôlé, etc. Après, c'est sain. Même s'il y a des limites au contrôle.
Je pense qu'il y a une solidarité entre hommes et femmes qui est en train d'exister sur ce débat
Mais c'est comme la question de l'humour. Tout dépend avec qui tu en rigoles. Il ne faut pas rentrer dans une dictature, ce n'est pas ça le but. Donc j'en parle plus avec les hommes qu'avec les femmes. Mais je pense qu'il y a une solidarité entre hommes et femmes qui est en train d'exister sur ce débat. C'est ça le plus important, et c'est ça qui m'a le plus percuté après avoir raconté ce qu'elle a traversé. Ce qu'a voulu défendre Adèle, c'est à dire qu'elle ne condamne pas les hommes, et que c'est nous, nos frères, nos fils, à travers cette société, ont ce devoir de transmission, que ce soit de la vigilance, du partage, de l'équité."
Fun Facts : Adèle Exarchopoulos
Propos recueillis à Paris, le 21 janvier 2020
