Dans Les Traducteurs (disponible en VOD) de Régis Roinsard, un éditeur (incarné par Lambert Wilson) enferme 9 traducteurs dans un bunker durant 2 mois (sans smartphone, sans connexion Internet et sans contact possible avec le monde extérieur) afin qu'ils traduisent simultanément le dernier tome d'un des plus grands succès de la littérature mondiale. Dans le long-métrage les premières pages du roman se retrouvent en ligne, une chasse aux sorcières s'organise donc au sein du bunker.
La réalité inspire la fiction
Le metteur en scène explique avoir eu l'idée de départ de ce film après la lecture d'articles de journaux concernant la sortie du roman de Dan Brown, Inferno. "Je suis tombé sur plusieurs articles autour de la traduction du livre de Dan Brown, Inferno. Douze traducteurs internationaux avaient été enfermés dans un bunker en Italie pour traduire son dernier roman. Ce qui m’a interpellé et fasciné, c'est qu’un produit culturel nécessite qu’on le protège comme s’il s'agissait de pierres précieuses. À partir de là m’est venu le célèbre « Et si… », propre à la genèse de toute fiction: « Et si le livre était volé, piraté malgré toutes les précautions prises ? Et si on demandait une rançon pour ne pas le publier sur le Net ? » J'avais mon sujet !"
Quatrième roman de la série « Robert Langdon » mettant en scène le professeur de symbologie, Inferno a été publié en mai 2013 (et son adaptation est sortie au cinéma en novembre 2016). Le roman a été traduit de l'anglais dans un bunker situé à Milan (où se situe le siège de Mondadori) et sous haute surveillance. Dans une interview accordée au Nouvel Obs, les traducteurs français Dominique Defert et Carole Delporte expliquent : "A Milan, notre lieu de travail est un bunker, une salle souterraine de 200 mètres carrés, où nous avons travaillé tous les jours, dimanche compris, du 15 février au 5 avril, pour traduire le roman. (...) Dans ce bunker, il y a six équipes de traducteurs: la France, l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne, la Catalogne et le Brésil."
Dans la suite de l'article, Dominique Defert révèle les détails de cette surveillance. Des faits qui ont grandement inspiré Régis Roinsard pour l'écriture de son scénario (surveillance constante par des vigiles, pas de connexion Internet, pas de smartphone...). Une pratique apparement assez courante pour les succès littéraires puisque l'article nous apprend que le traducteur français de Harry Potter a traduit le texte de J.K. Rowling «enfermé» à Londres dans un bureau de la maison d’édition.